CHAPITRE II : LES FORMULES DE SALUTATION
Ce deuxième chapitre commence par une
présentation de la langue chez les Dioula à travers les
systèmes de transcription et de traduction. Ensuite, nous aborderons la
définition de la salutation et les raisons qui justifient la salutation.
Enfin, nous présenterons les formules de salutation. Elles le seront en
deux catégories : les formules de salutation en fonction du temps de la
journée et les salutations en fonction des événements.
II -1. La langue chez les Dioula
Les Dioula constituent un groupe ethnique et linguistique
assez vaste. La langue jùla s'est répandue dans toute l'Afrique
de l'ouest compte tenu du fait que les dioulas sont un peuple marchand et
commerçant.
Le jùla d'une manière générale est
classé dans le groupe linguistique mandé. On le parle à
l'Est de la Gambie, à Odjenné, de Bobo Dioulasso à Kong,
en Guinée, au Sénégal, au Mali... Cette langue s'est
étendue dans toute la sous-région Ouest africaine. Elle est
devenue une langue nationale dans bien de pays et elle est enseignée
à l'école dans la plupart des Etats. Cependant, elle demeure la
langue d'un peuple qu'on appelle les Dioula.
Mais il convient de faire la part des choses quand on parle du
jùla en tant que langue. Nous pouvons noter plusieurs types de parler
jùla qui existent et qu'il ne faut pas confondre : le jùla de
Kong, »kpónka jùla», en Côte d'Ivoire et
celui des bambaras, » bámana kán». Les
bambaras étaient considérés comme des païens, des non
musulmans, des infidèles.
Le jùla de Kong (jk), parlé dans le village de
Darsalamy a ses particularités et son intonation qui le diffèrent
du jùla véhiculaire (jv). C'est le véritable jùla
qui disparaît au profit du jùla véhiculaire car, ceux qui
le parlent au Burkina
40
sont à Darsalamy et quelques- uns à Bobo dans le
quartier Kongbougou32. Cette disparition du jùla original est
évoquée par le Dr Marc A. NEBIE en ces termes : « Et si
le vrai jùla disparaît au profit du jùla
véhiculaire, c'est parce que tout simplement les vrais connaisseurs de
la langue disparaissent (...) C'est ce qu'on te met dans la bouche que tu
connais »33. Par ce `'vrai jùla», il
entendait, sans doute possible, le jùla parlé comme langue
maternelle dans une trentaine de villages des Hauts Bassins et de la
Comoé.
II-1-1 Les généralités sur les
systèmes de transcription.
L'analyse du corpus des énoncés de salutation
s'inspire des travaux de transcription réalisés par Marc A.
NEBIE. C'est la méthode de transcription fixée par la
décision n°367/ENC/CNU du 27 juillet 1973 du Ministère de
l'éducation Nationale34.
Nous n'allons pas inventer une nouvelle théorie. A
partir des études réalisées, nous allons mener la
nôtre. Notre système de transcription s'applique au jùla de
Kong. Nous passerons ici en revue les voyelles, les consonnes, la
tonalité et les pronoms qui nous aideront dans notre transcription.
- Le tableau des voyelles.
Les voyelles orales sont au nombre de 7. On les retrouve selon
les degrés d'aperture.
32 Kongbougou est un quartier de Bobo où
vivaient les Dioula originaires de Kong avant d'aller s'installer à
Darsalamy. Dans ce quartier sont restés beaucoup de Dioula. Mais, ils
ont subi l'influence du jùla véhiculaire de Bobo.
33 Marc A. NEBIE, thèse de doctorat, P. 12.
34 Marc A. NEBIE, thèse de doctorat, p 73.
41
1er degré d'aperture (fermé)
|
i
|
u
|
2èdegré d'aperture (mi
fermé)
|
e
|
o
|
3èdegré d'aperture (mi
ouvert)
|
C
|
]
|
4è degré d'aperture (ouvert)
|
a
|
|
Nous avons également les voyelles nasales. Elles
s'obtiennent par l'adjonction de la consonne nasale » n» à la
voyelle.
Nous avons les voyelles nasales suivantes : in, un, en, on,
Cn, ]n, an.
- Les consonnes
|
labiales
|
dentales
|
palatales
|
vélaires
|
Labio-vélaires
|
sourd
|
sonore
|
sourd
|
sonore
|
sourd
|
sonore
|
sourd
|
sonore
|
sourd
|
sonore
|
occlusives
|
p
|
b
|
t
|
d
|
c
|
j
|
k
|
g
|
kp
|
gb
|
nasales
|
|
m
|
|
n
|
%
|
|
|
#
|
|
|
continues
|
f
|
|
s
|
|
y
|
|
|
|
|
w
|
liquides
|
|
|
h/r
|
|
|
|
|
|
|
|
Dans la transcription, nous nous referons à la
transcription des sons en jùla qui correspondent dans la plupart des cas
aux symboles de l'Alphabet National dérivé de l'Alphabet
Phonétique international (API).
- la tonalité
Le jùla est une langue à tons(2) : le ton haut et
le ton bas. En effet, le ton haut est marqué par l'accent aigu ( ') et
le ton bas par l'accent grave Ç).
Exemple :
'' faní » qui signifie » habit '' '' sò
» qui signifie » cheval »
On note également que lorsqu'un mot ne comporte que des
tons hauts, seule la première syllabe portera la marque du ton haut
'' ábada » qui signifie » jamais ».
Lorsqu'il s'agit d'un nom défini, le ton haut sera
placé sur la dernière syllabe pour marquer un ton complexe qui a
en même temps un ton haut suivi d'un ton bas.
Quand la voyelle est longue, elle se matérialise par le
redoublement de la voyelle concernée :
'' báará » qui signifie » travail ''
Quand nous avons des tons bas suivis de tons hauts, seul le
premier ton haut
sera marqué
Exemple : » sanbará », qui signifie »
chaussure ''
Par ailleurs, nous notons que lorsque tous les tons sont bas, le
mot ne portera
aucun ton. C'est le cas dans : » saba », qui signifie
» trois ».
Pour tous les autres mots, les tons seront marqués.
Exemple : » tìléf* » qui signifie
»fin de la journée»
42
La consonne » n» succédant à une voyelle
est la marque de la nasalisation
43
Exemple dans » bálan », qui signifie le
»balafon».
Pour chaque son, nous utiliserons toujours le même symbole
et au même
symbole correspond toujours le même son.
- Le pluriel
Le » w » est la marque du pluriel et se prononce
»Ci » à la fin des noms,
adjectifs et certains pronoms emphatiques. Par exemple nous
l'aurons dans :
'' dénmis&nw » qui signifie »les
enfants»
'' fànIw » : »les habits»
On retrouve la forme pluriel suivante dans le contexte nasal du
(j.k) à la différence du (jv) : » -ri » ou »
-rù » pour indiquer le pluriel :
» m>g>w » (j.v.) - » m>g>ri »
(j.k.) »personnes»
- Les pronoms personnels
j.k
1ère pers. n (né, nI ) correspond à
»je»
2è pers I ( é ) correspond à
»tu»
3è pers. a correspond à »il ou elle»
1è pers. Plur. án, ánnu correspond à
»nous»
2è pers. Plur. á, árì, ár
correspond à »vous»
3ème pers. plur. òrù correspond à
» ils ou elles»
Dans le jùla de Kong, nous avons des phonèmes
emphatiques à la 1ère et 2ème personnes du
pluriel : » ánnòrù » et » álori
''
44
|