1.2. L'eau :
Que les spécialistes appellent actuellement «
l'or bleu » et qui pourrait être au centre
des prochains conflits mondiaux, la RDC en dispose pleinement grâce
à son fleuve avec un débit stable alimenté par des cours
d'eaux et une saison de pluies », qui constitue, de ce fait un facteur
économique important au service du développement de la
sous-région étant donné que cette partie de l'Afrique
caractérisée par la sécheresse consécutive à
la présence du désert de Kalahari, a fondamentalement besoin
d'eau douce dont la RDC gaspille 420000 m3 par second dans
l'océan Atlantique.
En sus, l'hydrographie du Congo présente d'immense
richesse. Le bassin du Congo est le seul d'Afrique à posséder une
grande capacité en eau douce. Le système fluvial qui traverse la
forêt équatoriale est le plus puissant du monde avec un
débit régulier de 42000 mètres cube par seconde, qui ne
varie que du simple au double ; le fleuve Congo et ses affluents ainsi que
d'autres rivières et Lacs regorgent 700 espèces de poissons, qui
jusqu'alors ne connaissent pas encore de menace126. Les rapides du
fleuve Congo sont synonymes d'un extraordinaire gisement de puissance
hydro-électronique.
En cela, l'insertion des projets de l'exploitation rationnelle
ne serait-ce que d'eau douce de la RDC dans le cadre global de la SADC
contribuerait au
126 KABENGELE, D. G., La géographie
économique, éd. M.E.S, Kinshasa, 2006, p.197
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
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développement de la région bien sûr et
remporterait, certes, des devises à la RDC, et la région
constitue, de facto, un marché d'une énorme importance dans
lequel la RDC peut vendre son eau aux Etats dépourvus en eau douce et
gagner des dividendes.
1.3. L'énergie hydroélectrique :
La R.D. Congo possède, en outre les fabuleuses
richesses naturelles, un réseau hydrographique incomparable et
impressionnante. Près de 45% de l'immense potentiel
hydroélectrique économiquement exploitable, estimé
à plus de 100 000 mégawatts sont localisés au site d'Inga,
faisant de la RDC la plus grande concentration d'énergie au monde,
devant la Chine127.
La valeur des cours d'eau et des fleuves en
potentialité d'électricités est
énumérée de la manière suivante : En RDC, 44
pourcent de l'énergie électrique est concentrée et
provient du site d'Inga, et 56 pourcent provient des différents
centrales hydroélectriques disséminées sur l'ensemble du
territoire national. Et jusque là d'autres chutes naturelles et barrages
qui pourraient inonder le marché africain avec du courent ne sont pas
encore exploités.
Le site d'Inga, qui est loin de tourner en pleine
capacité est déjà relié au réseau
interconnecté d'Afrique Australe. Premièrement, il s'agit de la
Zambie, Zimbabwe, Afrique du sud. Dans la même sous-région de la
SADC, certaines études s'attachent à projeter les axes de
connexion supplémentaires. Dans ce cas, Inga pourrait être, en
outre, reliée en Angola, à la Namibie, à l'Afrique du sud
tandis que de l'autre côté de l'Afrique de l'ouest, le site
alimente déjà Brazzaville et pourrait, delà,
approvisionner d'autres Etats comme le Cameroun, le Gabon et le Niger.
L'Afrique du nord rêve à son tour d'un
gigantesque projet qui relierait la RDC à l'Egypte en passant par la
République Centrafricaine, le Tchad et le Soudan128. De par
son potentiel, Inga a la possibilité de quoi alimenter toute l'Afrique
et une partie du Moyen-Orient et de l'Europe par son énergie
électrique. De quoi ne pas parler de la renaissance africaine, un projet
qui s'était relancée sous le nom de NEPAD et qui se fonde, lui
aussi, sur le développement des infrastructures et l'exploitation de
produits miniers. Rappelons aussi que ces projets fondées sur
l'idée de renaissance africaine avaient pour ambition de mieux
intégrer le continent aux circuits économiques mondiaux, et par
la, la RDC a été considérée comme un maillon
essentiel à la réussite de cette ambition129.
127 TUMBA B., Le développement de la RDC :Promesses,
faillites et défis, éd. De Calmec,
Kinshasa, 2006, pp.32-44
128 BRACMAN C., L'enjeu congolais, l'Afrique centrale
après MOBUTU, éd. Fayard, Bruxelles, p.184
129 idem
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
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Cependant, il est vrai qu'entant que plaque tournante de la
région, la RDC rien que avec son énergie hydroélectrique
peut constituer un facteur détonateur d'une intégration
réelle de la SADC. Sur ce plan, la SADC arriverait à actionner
l'intégration des économiques de ses membres. Car, une fois
l'énergie électrique suffisamment distribuée dans la
sous-région, cela inciterait le développement du milieu rural, en
favorisant le développement des industries agricoles et
manufacturières qui, à la longue, pourraient permettre la
performance dans plusieurs Etats de la région. En incitant les
investissements étrangers qui pourraient, dans le cadre de
libre-échange, apporter une technologie de pointe. En sus,
l'exploitation efficiente intra-régionale du courant électrique
peut avoir des effets d'entrainement sur tout le continent africain, favorisant
un surplus de balance de paiement particulièrement pour la RDC.
Avec le projet Westcor par la SADC incluant le barrage d'Inga,
notamment la réhabilitation d'Inga 2 et d'Inga 3 qui alimenterait le
Corridor Ouest, dont une ligne en passant par l'Angola, la Namibie, le Botswana
et l'Afrique du Sud. Pour ce projet, il faudrait 40.000 mégawats et sa
mise en oeuvre coûterait 4.000.000.000 dollars américain, ce qui
rapporterait, selon les estimations, 360.000.000 Dollars US chaque
année. Il faudra signaler ici également d'autres projets d'une
ligne d'Inga qui partira de Lusaka vers Dar-Es=Salam, d'une capacité de
100 mégawats qui pourrait apporter au pays 1.000.000 Dollars US chaque
mois130.
Et fort malheureusement, lors du conseil des ministres de
Kinshasa, tenu en février 2010, la décision est tombée :
Westcor doit être liquidé ! Très clairement, la SADC a
décidé «de mettre fin au projet Westcor et procéder
à la liquidation de la société Westcor d'ici fin juin 2010
; ...». Elle (la SADC) entend explorer d'autres sources à partir
des barrages hydro montés sur les «petits» fleuves. Dans le
lot : le Zambèze qui arrose la Zambie et le Zimbabwe, l'Intombi le
Mozambique, le Kwanza en Angola (6.000 MW) et le Kunene en Namibie (1 600
MW).
Toutes ces bonnes intentions cachent les récriminations
contre la RDC, d'autant plus qu'au rendez-vous d'avril 2010, la RDC aurait
déjà évolué avec BHP Billiton sur le même
projet. Cette firme du «top ten» mondial compte installer une
exploitation d'aluminium dans le Bas-Congo, nécessitant une puissance
électrique de près de 2.000 mégawatts. L'Afrique du Sud,
l'Angola, la Namibie et le Botswana s'étaient partagé avec la RDC
la production projetée de 4.500 Mw. La clé de répartition
était déclinée de manière à ce que 2.500 MW
reviennent à la RSA, dont le besoin en énergie électrique
est de plus en plus croissant. La RDC devrait se contenter de 1.000 MW alors
que l'Angola, la Namibie et le Botswana se seraient partagé les
130 TUMBA B., Op.cit, p.66
MBO KOMANGO Guy La SADC et l'intégration des
économies. Enjeux et défis congolais
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1.000 MW restants. Toutes ces projections sont ainsi devenues
caduques du fait de l'arrêt du projet131.
En cela, nous émettions les voeux de voir ce projet
ressusciter au grand jour en raison notamment de l'importance des
opportunités que présente ce projet dans la SADC pour la RDC dont
la rentabilité dépend de la rationalisation de son exploitation
et de sa gestion par les autorités congolaises. Car la
réalisation de ce projet permettra à la RDC de peser de son
poids, grâce à son potentiel hydroélectrique, sur
l'ensemble de la sous-région et bénéficier, de ce fait,
d'un certain prestige et estime politique dans la SADC. Le pire à
craindre ou le risque qu'il faut à tout prix éviter dans ce
projet est celui de faire engager la RDC pour des raisons politiques, et de
prestige et pour des besoins mesquins qui ne servent à rien
d'intérêt commun.
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