II.5. DE LA RECUPERATION POLITIQUE DES DATES DITES
SYMBOLIQUES
Ces dates commémorent certaines journées
qui rappellent un événement ou un fait qui avait touché
profondément la mémoire collective (fête de
l'indépendance, mort des héros,....) ou une date instituée
par le pouvoir public ou la communauté internationale (journée
mondiale de la femme, journée de l'enseignement,...).
A cet effet, des manifestations sont organisées
où prennent part les agents de services publics et la
société civile et quelque fois des forces de l'ordre. Pendant ce
temps, la presse publique transmet en directes ces
activités.
Les monuments sont visités s'il s'agit de la
commémoration d'un personnage célèbre dans le pays. Les
partis d'une manière inhabituelle participaient à
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toutes ces cérémonies par l'entremise
des ses militants. C'est une occasion de s'identifier devant les
électeurs.
Les militants habillés aux couleurs et aux
symboles de leurs partis respectifs brandissent dans la foule leurs calicots
où ils transmettent leur message. Souvent, les discours des
autorités reflétaient un caractère de mobilisation
électorale. Certains de ces événements sont rassembleurs
et participe à la construction consensuelle de la nation.
Il s'agit par exemple de la date du 30 Juin
commémorant l'indépendance nationale, la date du 17 Janvier
commémorant la mort de P. E. LUMUMBA comme Héros national.
D'autres par ailleurs, demeurent la source des controverses entre les acteurs
politiques congolais. C'est le cas par exemple de la date du 07 Mai
célébrant la fin du système autocratique de MOBUTU, celle
du 16 Mai à l'occasion de l'anniversaire de la mort de Mzee Laurent
Désiré KABILA consacré Héros national.
A titre illustratif, nous présentons certaines
dates :
a. Le 04 Janvier
Cette date rappelle les martyrs de
l'indépendance tombaient le 04 Janvier 1959 à Léopoldville
actuelle Kinshasa.
A la base de cet incident se trouvait un projet de
meeting annulé en dernière minute par le pouvoir colonial.
Après le grand succès remporté par le MNC, le 28
Décembre 1958, l'ABAKO devrait se manifester pour ne pas laisser
devancer dans la compétition qui s'instaurait. La section ABAKO-KALAMU
écrivit au premier Bourgmestre TORDEUR dès le Mardi 30
Décembre 1958 pour l'informer de cette réunion.
La réponse ne vint que le Samedi 03 Janvier 1959
et elle est négative80. L'ABAKO décidant alors de
reporter ces manifestations au 18 Janvier 1959, le premier Dimanche
après le jour prévu par la déclaration
gouvernementale.
Comment informer la foule de ce changement intervenu
à la dernière minute ?81
80 NDAYWEL è Nziène., Op .cit, p.
538.
81 RURIHO K.F, Notes d'Histoire Politique du
Congo, FSSA, UNIGOM, 2005.
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Dès le premier jour de la journée du 04
Janvier, le foyer protestant de l'YMCA fut pris d'assaut par les militants et
les sympathisants de l'ABAKO. La nouvelle du report de la manifestation ne
réussit pas à les dispenser malgré l'appel au calme
lancé par le Président de l'ABAKO Joseph KASAVUBU. La bagarre
dégénéra un jeu des pierres, de voitures
brûlées, des coups de feux tirés sur les
manifestants,...
On estimait le nombre des victimes africaines entre
300 et 500 morts. Ces événements créèrent une
surprise en Belgique et amenant les autorités belges à penser
déjà à l'indépendance du Congo.
Dans la ville de Goma, cette date est
célébrée en parfait discernement. C'est une date
acceptée comme telle par tous les compétiteurs politiques. Les
acteurs politiques y recourent pour exprimer le courage des martyrs et vouloir
s'approcher idéologiquement d'eux, voilà ce qui amène
cette date symbolique à faire l'objet d'une récupération
politique par le candidat AMP.
b. Le 16 Janvier
Le 16 Janvier 2001, le Président congolais L.
D. KABILA fut abattu à bout portant par un de ses gardes du corps. Si
dans le territoire sous contrôle du Gouvernement, Cette journée
était jusqu'à un certain moment fériée, au
Nord-Kivu, et à Goma, capitale du RCD et dans tous territoires alors
sous contrôle des rebelles.
C'était la joie des autorités rebelles
alors que pour la population c'est la consternation, le désespoir. Le
gouvernement congolais consacra KABILA en héros national après sa
mort. Ainsi, la date du 16 Janvier est fériée, mais divise la
classe politique. Si le parti au sein de l'AMP jugeaient et jugent cette
journée pertinente, d'autres comme le RCD, le MLC, l'UDPS,..... ne
veulent pas entendre parler de cette date, pour des raisons qui sont le
leurs.
Dans la ville de Goma, cette journée rappelle
les qualités de l'ancien président dans la mémoire
historique des ses populations. C'est une raison qui fait que l'AMP n'a pas
trouvé assez des difficultés pour se légitimer lors de la
campagne électorale.
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c. Le 17 Janvier (1961)
Les congolais célèbrent la mort de P.
E. LUMUMBA le 17 Janvier, celui que les congolais considèrent comme
héros national, fut le tout premier, ler ministre du Ier gouvernement
congolais, il fut tué avec MPOLO Ministre de la Jeunesse et Sport et
OKITA vice président du sénat du salut publique. Au Congo, cette
mort crée la désolation dans tout le pays car LUMUMBA a
milité pour l'indépendance du Congo.
Dans tout les pays, le 17 Janvier est une
journée de méditation sur les actes de LUMUMBA qui se veut
être le modèle type du nationalisme congolais de la période
coloniale. Tous les acteurs politiques se mettent d'accord sur les
qualités de ce héros national car il a su conduire le Congo, dans
l'unité nationale, vers l'indépendance. C'est un symbole qui a
été récupéré par toutes les tendances
politiques.
d. Le 30 Juin
Le jeudi 30 Juin 1960, le Congo devient
indépendant, trois allocutions furent prononcées au palais de la
Nation, alors que l'on n'en avait prévu que deux. Baudouin ler, le Roi
Belge, arrive à la veille, rendit hommage à l'oeuvre coloniale et
invitant les nouveaux dirigeants à parfaire l'oeuvre
accomplie.
Le président KASAVUBU manifesta sa
reconnaissance à l'égard de l'ancienne
métropole.
Après le deux discours protocolaires, LUMUMBA,
ler ministre pris la parole mais se propos s'écarta de ce qui avait
été apparemment convenus, il fit le contre bilan de la
colonisation, dénonça ses revers, à savoir : les
injustice, les inégalités, l'exploitation, les
mépris....82
Au cours de déjeuner qui suivit la
cérémonie, on tenta réparer cette maladresse qui reste
pourtant dans les mémoires zaïroises et Belge. Il apparut alors que
la sérénité de la cérémonie n'était
qu'apparente même si la déclaration d'indépendance de la
RDC était de toute évidence un cas à part, un
phénomène d'imprévu, longuement réprimé par
le colonisateur avant d'être en définitive précité
par ce dernier aux premier pays des nouveaux amis et ainsi sauver ce qu'il
pouvait opté pour cette stratégie en désespoir
en
82 INDAYWELL è Nzième., Op cit, P.
563.
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sachant qu'un rebord de conquête nouvelle de la
RDC est possible du fait que les congolais étaient
inexpérimentés.
Cette journée est toujours
fériée, à la télévision comme à la
radio, les émissions en rapport avec cette journée son
animées.
Dans la ville de Goma, comme dans tout le pays cette
journée rappelle la sortie des congolais du joug colonial. Pendant la
campagne électorale, plusieurs partis de toutes les tendances prenaient
part aux manifestations et reconnaissaient la pertinence de cette
journée.
D'autres dates comme celles du 08 Mars ou celle du 17
Mai (1997) on fait également parler d'elles pendant cette période
de campagne, le 08 Mars qui est une datte instituée par les Nations
Unies comme étant la journée mondiale de la femme. En RDC, les
manifestations sont organisées pour la promotion de la
personnalité féminine. C'était une occasion propice pour
les femmes de revendiquer leurs droits pendant la campagne électorale,
cette date a été une occasion d'instrumentaliser les
femmes.
Des partis ont infultrés les organisations des
femmes pendant des manifestations organisées par ces
dernières.
Certaines formations politiques, faisaient des
déclarations à l'occasion de cette date, promettaient aux femmes
une bonne condition de vie, les écartant de viols dont elles faisaient
l'objet pendant la période de transition, tout cela dans le but
d'attirer l'électorat féminin.
Quant à la date du 17 Mai qui rappelle la
victoire de l'AFDL sur le régime de MOBUTU, marquant ainsi fin à
l'autocratie et la prise du pouvoir par L. D. KABILA.
Cependant, certains partis surtout ceux
patronné par les fidèles de l'ancien président MOBUTU et
ceux de l'opposition se méfient de cette journée, (UDEMO, MLC,
UDPS,.....) alors que le PPRD et certains de ses alliés en constituent
un cheval de batail pour communiquer avec les citoyens.
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