0. 2. PROBLEMATIQUE
La RDC est un pays dont le parcours politique est on
ne peu plus tumultueux, plusieurs fois théâtres
d'événements malheureux et dont l'issu n'a pas garanti un
lendemain meilleur. Le fondement politique sur lequel s'est fondé ce
pays n'a été à sa honte qu'un fondement fait d'argile, qui
du reste n'a pu faire face de manière responsable à certaines
intempéries. Ce pays a connu à l'aube de son indépendance,
différentes rebellions. Les pillages n'ont faits que
décélérer le rythme de croissance escompté et bien
après, d'instabilités politique. Ce pays dans lequel l'ignorance
a constitué le lit de la dictature, a été
géré de manière paternaliste, où seuls les devoirs
des enfants sont reconnus mais leur droits aliénés par
celui-là même qui devrait garantir leur
bien-être.
La participation politique peut s'effectuer d'une
façon pacifique (le vote, la participation a des activités
officielles,...) ou d'une façon non
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pacifique c'est-à-dire, la violence
(insurrection militaire, rébellion...) dans cet travail, nous nous
sommes proposé d'aborder cette participation politique sous ses aspects
pacifiques à savoir les élections.
En effet, après seize ans de longue
transmission caractérisée par une crise
généralisée (décroissance économique, crise
de légitimité, rébellion successives...), le leadership
congolais sous le poids de la dynamique interne et externe s'est convenu de
résoudre le problème de crise de légitimité par la
remise en Etat du constitutionnalisme en RDC.
A partir de ces résolutions conclues à
sur city en 2002, le pouvoir devrait être remis entre les mains du peuple
qui l'exercerait par l'entremise des ses représentants (les Elus du
peuples.
A cet effet, ce qui importe ce n'est plus la force
(les armes), mais c'est plutôt la persuasion ; la conviction pour se
légitimer. L'instrument important de cette persuasion demeure le
Marketing politique.
Elle ne peut exister ni être efficace si elle ne
recourt pas à des discours, à des signes, à des
idéologies, à des symboles,... bref à la symbolique. Ainsi
dit, la symbolique politique à était utilisée pour
l'identification des acteurs politiques candidat car comme l'expose
Roger-Gérard SHWARTZNBERG, la persuasion se situe d'emblée dans
un marché politique en situation de concurrence. A cet effet, l'acteur
politique candidat cherche à se créer une idéologie, des
rituels, des discours mobilisant le démarquant vis-à-vis des ses
adversaires9.
Au Nord-Kivu comme dans toutes les provinces du pays,
l'occasion a été offerte aux acteurs politiques pour exposer le
pouvoir sur la scène. C'est un moment, selon Lucien SFEZ, où
chaque leader, chaque famille politique tente de se démarquer des
auteurs tous en esquissant un projet unificateur pour le pays tout entier. Le
procédé symbolique est ici identifie : créer un hiatus
à surmonter entre deux pôles ennemis et faire recours à
d'anciennes mémoires10, partout la scène se trouvait
monopolisée par des candidats qui transformaient les citoyens en
spectateurs et les militants en figurants dans l'objectif de capitaliser un
nombre important des militants.
9 SHWARTZENBERG R-.G., L' Etat spectacle,
Paris, Flammarion, 1997, P.197
10 SFEZ L., la symbolique politique,
2e éd, Paris PUF, 1996, p.4.
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Cette période fut caractérisée
par des meetings passionnants sur des places publiques et surtout sur des
Médias. On a pu remarqué la présence permanente d'objets
matériels symboliques des formations politiques où l'on
retrouverait des effigies des candidat des images géantes exposer sur
des rues et/ou sur des places publiques... toute cette symbolique fut
construite dans l'objectif de l'identification des candidats et de
réveil de la mémoire collective.
En se présentant devant les électeurs,
les candidats promettaient d'être les bâtisseurs et de managers de
la notion congolaise à travers d'ambitieux programmes, puissant dans
l'histoire du pays les candidat ont dû faire recours aux héros et
martyrs dont les dates commémoratives ont été objet de
récupération politique.
Ces journées commémoratives des
héros furent des occasions importantes pour la transmission des
messages.
Pendant ce rendez-vous électoral, les
Médias ont joué un rôle très important de
socialisation politique. Cependant, si certains furent des outils
d'éducations civiques électorales, d'autres ont
étés par contre de véritables instruments de propagandes
véhiculant souvent de propos vexatoires à l'égard des
adversaires politiques.
Cette théâtralisation du politique a
coïncidé avec la construction des symboles par les acteurs
politiques voulant se faire connaître par le plus grand nombre
d'électeurs en concurrence avec les adversaires.
Pour Michel BONGRAND, une campagne doit se fixer trois
objectifs" : - Confronter l'électoral acquis : il n'est
pas possible de lui donner l'impression qu'on l'oublie ou qu'on le
néglige ;
- Séduire l'électoral hésitant :
on va tenter de faire pencher la frange hésitante, les flonting votes
;
- Faire douter l'électoral opposant : on va
l'amener à s'interroger sur son vote.
La symbolique politique fait éclater une
dialectique idéologique entre les adversaires politiques. Ainsi, en
dehors dune double image répulsive et attractive qui est
travaillée, adaptée et investie par l'individu ou le
groupe,
11 BONGRAND M., le marketing politique,
Paris, PUF, 1986, P46.
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pas d'identité possible, aucune participation
à la vie publique, mais l'anarchisme individuel et
l'apathie12.
Ainsi donc, si certains symboles ont
véhiculé des idéologies de concorde prônant la
réconciliation et l'unité de la Nation, d'autres par ailleurs ont
été l'occasion de réveiller les démons de division
et de la et de la haine suscitant ainsi le traumatisme et la
colère.
Ce dynamisme symbolique permet de rendre compte de
grandes manifestations psycho- sociales de l'imagination symbolique et leur
variation dans le temps et dans l'espace en RDC en générale et au
Nord-Kivu en particulier. Cette diversité idéologique à
travers la compétition électorale nous permet, de
considérer le pouvoir à cette période électorale
comme objet de litige que se disputent les classes dominantes13
à savoir les formations politiques et les candidats
indépendants.
Dans ce travail nous projetons notre analyse sur trois
formations politiques ayant été parmi les principaux
compétiteurs au premier tour des élections
présidentielles. Il s'agit de l'Alliance de la Majorité
Présidentielle de Joseph KABILA, du Rassemblement Congolais pour la
Démocratie d'Azarias Ruberwa ; du Regroupement des Nationalistes
Congolais, patronné par le Mouvement de Libération du Congo de
Jean-Pierre Bemba ; nous parlerons également du deuxième tour des
élections Présidentielle qui a opposés l'AMP et l'Union
pour la Nation. L'idéologie de l'AMP estime puiser dans le Lumumbisme et
le Kabilisme, alors que le RENACO touche dans le tréfonds du
Nationalisme congolais, voter un candidat congolais d'origine, l'unique
à vouloir le bonheur et le bien-être des congolais, s'agissant du
RCD, il appuie ses arguments de compagne sur la bonne gouvernance des affaires
publiques.
Devant cette confusion idéologique, il revenait
aux électeurs clients d'opérer un vote judicieux selon qu'ils
trouvaient satisfaction chez l'un ou l'autre candidat. Pour LIPSET et
LAZARSFELD, quatre propositions
12 SFEZ L., Op.cit P 454.
13 JM ELA, Quand l'Etat pénètre en
brousse...les ripostes paysannes à la crise, Paris, Karthala, 1990,
P38
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explicatives de différences de participation
peuvent être constatées d'un groupe social à
l'autre14 ;
1. Un groupe atteindra un taux de participation
d'autant plus élevé que ses intérêts seront plus
fortement affectés par la politique Gouvernementale (vote
d'intérêt)
2. un groupe atteindra un taux de participation
d'autant plus élevé qu'il sera mieux informé des
conséquences qu'auront pour lui les décisions gouvernementales
;
3. un groupe atteindra un taux de participation
d'autant plus élevé qu'il sera soumis à des plus fortes
pressions sociales s'exerçant dans le sens de la participation
;
4. un groupe atteindra un taux de participation
d'autant plus élevé que
les pressions vont dans le même sens sinon, il
tendra à s'abstenir.
Pour exposer les symboles, leurs idéologies, leurs
programmes, les candidats ont utilisés plusieurs moyens dont les plus
important ont été : les médias, les images, les
théâtres, les séminaires, les manifestations, la danse des
chants, les tracts, les livres...
Nous tenterons d'approfondir ces éléments
dans les parties qui suivent. Dans l'objectif de mieux disséquer cette
matrice, nous nous interrogeons sur trois faits :
- Quels sont les symboles qui ont les plus
marqués la population de la circonscription électorale Goma ville
pendant les élections de 2006 en RDC ?
- Dans quelle mesure ces symboles ont-ils
influencé les électeurs pendant la campagne électorale
à Goma ?
- En quoi ont-ils marqué/ influencé les
électeurs ?
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