CHAPITRE DEUXIEME
ESSAIE D'ANALYSE DE LA CONSTRUCTION DE LA SYMBOLIQUE
ELECTORALE DANS LA VILLE DE GOMA
II.1. LA VIE POLITIQUE ET L'ELECTION COMMEMIROIRE
POLITIQUE
Les pratiques et les activités de la vie
institutionnelle représentent un miroir politique de la
société. De la même façon que nous reconnaissons
singulièrement dans l'image que nous avons des autres personnes que nous
rencontrons dans notre expérience sociale, les institutions d'une
société, d'un pays ou d'un peuple représentent un ensemble
de pratiques, de stratégies, des structures, d'acteurs, aussi, qui
renvoient à ce peuple ou à cette société une
représentation de lui-même de nature à faire
apparaître, enfin de compte le sens du contrat social qui le fonde. La
vie politique théâtralise la vie sociale, en lui donnant les
formes, les structures et les logiques d'un ensemble de représentation,
dans lesquelles nous pouvons nous reconnaître dans les stratégies,
les discours et les mises en scène des acteurs politiques. La relation
entre les citoyens et les acteurs politiques qui mènent la vie des
institutions est une relation de
représentation65.
En effet, les acteurs de la vie politique donnent une
représentation de la vie sociale, sous la forme du jeu des institutions
aux citoyens qui sont les spectateurs de cette mise en scène, plus ou
moins fidèle, en ce qu'ils se reconnaissent plus ou moins dans cette
image d'eux- même qu'ils ont, quoi qu'il en soit contribué
à former. C'est la rigueur et la fidélité de cette
représentation politique de la société qui en conditionne
la pérennité de façon adéquate et significative par
les acteurs de la politique. Aucune leçon ne semble avoir
été tirée du spectacle que donne le monde depuis un
moment, écrivait. Joshua, selon lequel la vie politique est une
représentation théâtralisée de la
société peut, d'ailleurs, fonder une critique et une
dénonciation.
65S. JOSHUA, cité par Pierre Vergence &
MALUMALU Op. cit P112
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Les batailleurs courent la campagne pour nous convier
au spectacle, mais pourquoi nous prend-t-on ? Nous connaissons la troupe de ces
acteurs depuis transition !... Qu'elle constitue un bon spectacle ou un
mauvais, la vie des institutions et la pratique des acteurs politiques et de
leur pouvoir est, ainsi, toujours, une représentation
théâtralisée de notre société
politique.
Mais, si la vie politique représente toujours
un spectacle de notre société, c'est que, comme miroir elle fonde
une dimension collective de la vie sociale. En prenant conscience, grâce
au spectacle qu'elle nous en donne, de ce que nous sommes collectivement, nous
nous fondons nous-même comme identité collective, comme devant un
spectacle au quel nous assistons. Peut être d'ailleurs, est-ce ce
qu'explique le stapeur qui a saisi ce pays devant le résultat du premier
tour de l'élection présidentielle de 2006.
La vie politique nous a ce jour là,
représentée sous un jour que nous ne souhaitions sans doute pas,
la surprise en l'occurrence, car s'en était sans doute une, tient
à ce que nous avons souvent sous les yeux la conscience de ce que nous
sommes singulièrement : les occasions ne nous manquent pas de voir des
représentations spectaculaires de nous-même, du miroir réel
de la toilette du matin aux miroirs symbolique que représentent, pour
nous toutes les rencontres que nous faisons dans la journée. En
revanche, les occasions sont plus rares de cette confrontation, comme en un
miroir, avec l'être collectif que représentent nos appartenances
et notre sociabilité. C'est sans doute, insensiblement lors de cette
élection de 2006, que les idées de gauche avaient fait leur
chemin, au point d'empêcher la gauche d'être en situation de
représenter le peuple.
Il a donc fallu l'élection pour que nous
parvenions à une reconnaissance spéculaire de la
société politique que nous constituons par notre engagement et
par nos choix institutionnels. L'élection représente le moment du
réel de la spécularité : elle est
l'événement par lequel le miroir social acquiert la consistance
d'un fait du réel ne serait- ce que parce qu'elle est l'heure des
comptes. Tant que la vie politique ne se compte pas, tant qu'elle ne fait pas
l'objet d'une mesure, on peut faire dire ce que l'on veut au miroir qu'elle
nous tend. C'est le jour du décompte de voix que la mesure
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devient objective, et, par conséquent, qu'elle
acquiert la force d'une réalité à la quelle on ne peut se
soustraire. Le jour des comptes, le miroir politique n'est plus une
représentation imaginaire : la représentation acquiert la
consistance d'une spécularité
réelle66.
C'est que l'élection représente une mise
en coeur active de la spécularité, d'abord parce qu'il choisir,
ensuite parce qu'il faut mesurer, enfin parce que ce sont des
réalités qui sont issue de ce choix. Comme il faut choisir, le
scrutin nous sommes d'exclure un candidat, et, ainsi nous sommes de donner une
consistance réelle à notre opinion et à notre engagement.
Il ne s'agit plus d'un engagement en paroles ou en imaginaire, il s'agit d'un
engagement réel, car il a des incidences pratiques sur le réel de
la vie politique de notre pays. Ensuite, comme il faut mesurer, le choix,
électoral va avoir la consistance effective d'un nombre
d'électeurs : les idées et les engagements symboliques
énoncés avant l'élection vont, le jour de
l'élection, se trouver porter par des électeurs réels,
actifs, qui se seront déplacés pour donner une
réalité à leurs choix. Enfin, ce choix que nous avons fait
va s'incarner dans la réalité d'une vie institutionnelle
effective des mesures vont être prises par ces représentants que
nous avons élus et des choix vont être faits en notre nom à
nous et des choix qui vont engager le réel de notre existence et cela
pour plusieurs années.
Ainsi dit, il convient de signaler qu'aucun
groupement, aucune organisation ne peut manifester son existence si ce n'est
qu'à travers des symboles.
La plus modeste association éprouve les besoins
de s'attribuer un nom, un cycle ou un logo pour attester sa
réalité67. Dans ce chapitre, nous allons devoir
analyser la construction des symboles, identifier les symboles et leurs
récupérations.
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