Contribution à l'étude des origines de la poésie mallarméenne( Télécharger le fichier original )par Mohamed Dr Sellam Université de Bordeaux - Doctorat 1981 |
VIIILa vie loin de Paris:les vraies tribulations d'un professeur déçu.Pourquoi Mallarmé a-t-il abandonné la technique du Parnasse, ? Mallarmé,qui, par la technique et la conception du vers,était un parnassien jusqu'au bout des ongles,se révèla par hasard être jaloux de son indépendance intellectuelle.. L'alignement sur le système du Parnasse,système devenu déjà au bout de moins d'une décade sclérosé et stérile,ne suscitait plus désormais en lui que réticence et une volonté à toute épreuve d'émancipation.. Cet affranchissement s'opéra cependant graduellement ,lorsque à un certain moment,il s'écarta quelque peu de la poétique du Parnasse pour adopter une nouvelle méthode qui confirmât ingénieusement son attachement à sa propre originalité.. Or,en dépit de ces aspirations vers une émancipation totale vis-à-vis de ses amis parnassiens,qu'il aurait pris justement en son âme et conscience pour une défection ou une désertion déloyale,il se sentait néanmoins comme enchainé malgré lui à leurs traditions pratiques et même à leurs manières souvent routinière et ressassées jusqu'à la satiété... Il sentait renaître en lui ce talent,ce désir tenace,cette volonté invincible,cette tentation coriace de vouloir réaliser quelque chose qui répondît en premier lieu à la soif intellectuelle d'une jeunesse exubérante et farouchement attachée à toute nouveauté,quelle qu'en fût l'origine... Il se rappelait un jour,lorsqu'il n 'était qu'un amateur à la recherche de sa voie,avoir été reçu par ce fameux éditeur Lemerre,sous les auspices de qui, le Parnasse Contemporain était largement publié et diffusé et de but en blanc,il lui a proposé de lui réserver dans cette fameuse anthologie une place privilégiée,aux côtés non seulement de Th.Gautier,mais aussi de ce maître incontestable et sublime qu'il avait aim é et estimé jusqu'à l'idolâtrie :Baudelaire. Cette proposition submergea d'enthousiasme le jeune Mallarmé,qui pensait dans dans son exaltation bruyante,qu'il allait désormais être couronné de lauriers,devenir presque l'égal de son maître duquel il gardait toujours précieusement une petite photo usée constamment posée sur un minable guéridon dans son petit appartement de la rue de Rome.. Il s'empressa dès lors de faire exhumer les modestes tentatives qu'il avait réalisées en poésie et les remit à Lemerre,qui les publia intégralement dans le Parnasse de 186611(*),première parution de cette brochure qui avait connu,malgré les atermoients dus à la guerre et les difficultés majeures de tous genres,une expansion honorable et une large diffusion parmi la jeunesse cultivée..IL se rappelait alors cette exultation,gagnée au prix de quelques poémes éphémères et dont la technique,manquant en vérité d'originalité,ne gagnait guère la faveur du lecteur du Parnasse.. C'était alors qu'il commença à chercher sa voie dans ce monde complexe de la poésie..Baudelaire,qui régnait en maître absolu,n'a rien encore perdu de son prestige et de sa domination :c'était le seul génie ,l'unique virtuose qui le charmât et le bouleversât jusqu'aux entrailles.. * 11 -C'était vraisemblablement sur la demande de Catulle Mendès que Mallarmé envoya ses anciens vers au Parnasse pou y être publiés.Mallarmé en était tellement satisfait qu'il en réclama les épreuves pour correction.ce que C.Mendès n'a pas fait,étant lui-même peu soucieux de ce travail qu'il jugeait inutile. |
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