Contribution à l'étude des origines de la poésie mallarméenne( Télécharger le fichier original )par Mohamed Dr Sellam Université de Bordeaux - Doctorat 1981 |
VIPremières Publications dans des revues (1874)En ce temps-là,il y a eu une profusion de revues de tendances diverses..mais des revues malheureusement éphèmères,car,en dépit de la vugarisation intensive de la culture,la population cultivée,après l'abondante production romantique et la propagation des idées sentimentales dont on avait commencé à se lasser pour de bon,s'intéressaient à des domaines autres que poétiques.. La philosophie positiviste,qui avait fait fureur à ses débuts,commençait déjà à subir un déclin évident et n'était plus un objet d'attraction que pour une minorité d'écrivains,qui fouillaient encore dans ses méandres à la recherche des traces intactes susceptibles de lui épargner une décadence imminente en lui insufflant une nouvelle énergie.. De plus,les revues qui traitaient du problème de la poésie et de sa propagation se faisaient rares,et celles qui existaient alors étaient exclusivement réservées à une catégorie de lecteurs de couches sociales bourgeoises et presque au courant des réformes en gestation... Pire encore,les quelques revues d'obédience littéraire et qui s'attachaient à publier,non seulement des poémes,mais aussi des articles à caractère critique,étaient souvent de vie éphémère Les écoles réaliste et naturaliste,dont l'apparition et le développement ont coïncidé avec le Parnasse et le Symbolisme,ont donné lieu à une profusion de revues et de journaux mensuels,la plupart axés sur la critique et l'étude du nouveau roman ; ; ; L'Ecole Parnassienne,par exemple,qui avait commencé à émerger sur la scène,s'alignait presque sur les mouvements réaliste et naturaliste,s'inspirant de la même philosophie et de la même vision des choses,ce qui a fait que,l'apparition des revues autonomes,dans ce tumulte extraordinaire d'idées et de pensées,semblait à première vue loin d'être effective,quoique chaque mouvement,obéissant au désir de vouloir garder son indépendance vis-à-vis de l'autre,et de s'élever au-dessus de cette confusion apparente,eût tenté plus d'une fois de faire publier son organe propre.. Mallarmé,ayant écrit quelques poémes de circonstances qu'il a jugé dignes d'être publiés7(*),se hasarda à les envoyer sans retouche à une revue sérieuse et pour laquelle il avait beaucoup de sympathie.Quelques jours plus tard,parmi le nombre de poémes envoyés,il n'en fut publié que deux,sans que cela ait froissé le moins du monde l'amour-propre du futur poéte d '«Apparition ».IL écrivit encore d'autres poémes ,mais en raison de saon attachement indéfectible à la perfection,il dédaigna de les faire publier...jugeant que le moment n'était pas encore propice pour le faire.. En dépit de nombreux poémes insérés dans différentes publications de l'époque,Mallarmé était toujours resté dans l'ombre et rien ne prouvait que son nom s'acheminait progressivement vers la gloire..La majorité des lecteurs de ces publications n'avaient même pas fait attention à ses vers,malgré le lyrisme et la verve dont ils n'étaient pas tout à fait dépourvus;c'est peut-être,pouvons-nous dire,à cause des sujets traités dans ces poémes,des sujets apparemment anodins et insignifiants,souvent même rebattus par les poétes du temps,que les lecteurs s'étaient montrés quasiment indifférents au nom de Mallarmé..Leur dédain ne se confinait pas aux sujets abordés ,mais aussi à la manière,à la technique de versification,banale et désuete,avec laquelle ces sujets étaient en effet traités....D'ailleurs,pour tout dire,la poésie de l'époque,avait pris un autre tournant,un tournant irréversible,carrément opposé à la « dictature » du romantisme,dont l'influence s'est effondrée juste au lendemain de la mort de Balzac en 1850... Dès lors,les lecteurs étaient comme assoiffés d'une nouvelle forme d'expression ,de nouvelles idées et d'une philosophie de la poésie toute neuve et originale....Et Mallarmé,dans son for intérieur,était convaincu de ces légitimes aspirations ;il croyait que la poésie ,malgré sa métamorphose durant ces dernières décennies,nécessitait encore une nouvelle révolution,une libération totale surtout de ces scories et de ces entraves héritées du passé et qui pesaient encore sur son destin,en l'empêchant de progresser et de s'épanouir dans des limites appropriées ..Et pour cela,il eut le courage de sortir des paysages des mots sonores,pour se lancer dans des cogitations intérieures traduites dans des plaquettes d'une vigueur insoupçonnée8(*)... Enter-temps,et pendant que Mallarmé se préparait à approfondir ses expériences du passé tout en se persudant de la nécessité de se libérer totalement de toutes les contraintes en matière poétique ,il eut la stupeur de constater que le monde intellectuel et surtout la jeunesse qui répugnait à patauger dans la routine,s'était emparé de son nom comme le symbole de la réforme... * 7 Tels que,entre autres, «placet » dédié à Arsène Houssaye qui paraît dans Le Papillon.,« Le guignon »,«le sonneur », « contre un poéte parisien » qui paraissent dans l'Artiste en 1862.
* 8 -Il écrivit à cette époque son fameux poéme intitulé l'« Azur »,qu'il envoya à Cazalis avec des notes explicatives |
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