Contribution à l'étude des origines de la poésie mallarméenne( Télécharger le fichier original )par Mohamed Dr Sellam Université de Bordeaux - Doctorat 1981 |
Ce mythe solaire semble établir des rapports plus intimes entre le poéte et sa « Muse » ;Dans les « Dieux antiques » Mallarmé a montré comment les dieux et les héros,métamorphosés en un seul dieu soleil,représentant de l'homme dans ses aspirations,ses succés et ses déboires,éclairaient la voie à l'humanité entière dans son ascension vers la béatitude infinie ,céleste.. Ainsi,l'homme,une fois purifié du reste de la matière,aura le privilède de flâner gaiement dans un havre céleste,que nul ne connaît et qu'il définit comme « La terre des hyperboréens qui ne connaissent ni jour ni nuit,ni orage,ni la sécheresse,ni la mort ;mais vivent joyeusement parmi de beaux jardins,oû les fleurs ne se fanent et ne disparaissent jamais .» Cet éden que Mallarmé,à la faveur d'un élan prophétique inattendu,sembla avoir réservé à une élite,n'est en réalité qu'un aiguillon,un stimulant intellectuel pour faire agir les facultése de perfectibilité de l'être humain..Pour Mallarmé,comme pour tous les grands artistes de son temps,atteindre à la Beauté,cet être suprême,divin,insaisissable « le plus grand charmant spectacle de la nature »n'est pas chose aisée..Cette beauté qui incarne la perfection aussi bien de l'âme que du corps,n'est en vérité que l'apanage de la femme,laquelle,dans la poésie mallarméenne,comme dans la mythologie grecque,joue le rôle de l'aurore,destinée à éveiller les hommes de « leur sommeil 51(*)» tel hégel dans sa vision de l'univers,et de la nature,Mallarmé croyait que tout homme ,qui aspire à l'au-delà,un au-delà meilleur,doit transcender la conscience de soi,l'extinction de soi,dans un pur miroir à travers lequel l'univers se réfléchit comme un système d'idées pures..Mallarmé,prophète ?En quoi l'était-il au juste ?En quoi s'exerçait réellement sa prophétie52(*) ?Le rêveur(ou le fanatique de rêves)pouvait-il se dépasser pour être prophète et percer l'inconnu dans l'au-delà et sonder les horizons lointains du futur ? C'est ainsi qu'aurait réagi justement la critique actuelle,qui,en dépit de longs efforts,n'a pas encore compris ni dévoilé le mystère qui entoure la poésie mallarméenne,qui demeure cependant inaccessible pour la plus grande majorité des lecteurs.. Il est vrai que Mallarmé,attaché dévotement à l'art,conçu comme l'expression du rêve,aspirait au bonheur et à la joie,à travers les lumières de son esprit,en s'évertuant toutefois à se faire des ailes imaginaires pour atteindre le zénith du ciel,sans pour autant d'ailleurs chercher à démasquer les mystères attachés à la mysticité ou même à la métaphysique,qu'il jugeait cependant ineptes et puérils ; Cette transcendance vers l'idéal,cette aspiration à la joie terrestre et au bonheur spirituel,c'est pour les communiquer à l'humanité-à travers le charme de sa poésie-qu'il s'acharnait ainsi à les atteindre.. Car pour lui,le poéte ou l'artiste n'est qu'un pauvre histrion un « ridicule Hamlet » qui sait à merveille qu'il est dans l'incapacité totale d'assumer son rôle en tant que promoteur et pionnier d'une foi en la pureté de l'humanité. Mais lui Mallarmé,sait bien qu'il porte en effet sur ses épaules le fardeau des tourments,des angoisses et des souffrances de l'humanité agonisante et pour sa délivrance de ses malheurs perpétuels,il eut la foi,une foi inébranlable,qui réside bien dans cet idéal artistique qui suppose en effet la purification de soi qu'il s'est donné comme tâche primordiale de prêcher à la postérité. * 51 -cf.la remarquable thèse de P.Delior :la femme et le sentiment de l'amour chez Mallarmé.(Mercure de france ,1910)Voir également Charles Chassé :l'érotisme de Mallarmé.(les cahiers de la Lucarne,1949) * 52 -cf.Edouard Dujardin:De Stéphane Mallarmé au prophète Ezéchiel (Mercure de France,1909) |
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