Contribution à l'étude des origines de la poésie mallarméenne( Télécharger le fichier original )par Mohamed Dr Sellam Université de Bordeaux - Doctorat 1981 |
Comment Baudelaire a-t-il rompu avec le romantisme?L'Ecole Parnassienne ,issue d'une réaction contre la platitude et la désuétude des clichés littéraires du mouvement romantique,est une tentative heureuse de renouvellement et de rajeunissement des lois inhérentes à la création poétique.. En vérité,le Parnasse n'avait pas seulement été émergé à la suite de la fameuse théorie de Th.Gautier,illustrée en particulier par un petit poéme ingénieux à quatrains intitulé l 'Art et dont nous reproduisons les strophes les plus significatives : Tout passe-l'art robuste seul a l'éternité, Le buste Survit à la cité, Les dieux eux-mêmes meurent, Mais les vers souverains demeurent Plus forts que les airains ; mais aussi avait trouvé sa source authentique dans la poésie baudelairienne,laquelle,forcément a joué un rôle de premier plan dans l'émergence et l'essor de ce mouvement rénovateur... De plus,le positivisme,alors en pleine évolution,grâce au génie d'un Auguste Comte,était en quelque sorte l'assise sur laquelle s'était érigé le Parnasse avec toute une armature de principes et de préceptes.. Si la notion de l'art pour l'art était une notion magique,qui avait séduit toute une génération de jeunes poétes bouillant du désir de renouvellement et d'originalité,elle n'en avait pas moins réduit l'état de la poésie à une création empreinte d'insensibilité et comme dépourvue de chaleur humaine.. En tout cas,bien que la perfection artistique et la beauté de la forme,demeurent pour longtemps le crédo invulnérable des parnassiens,ce qui avait contribué à les éloigner de la masse des lecteurs qui étaient souvent avides d'une poésie qui entretenait les ressorts des sentiments,les parnassiens,du moins les moins fanatiques de la notion exclusive de l'art pour l'art,ont commencé à répondre aux critères d'une réalité poétique difficile à méconnaître..et peu à peu,ont été amener à abandonner partiellement mais non pas totalement,les aspects rigides et abstrus de leur technique,pour embrasser,sous l'impulsion de quelques modérés,une forme poétique plus souple et plus malléable à l'esprit du temps.. Les « Fleurs du Mal » ou encore « Emaux et Camées » n'étaient en réalité rien d'autre qu'un même instrument technique visant à rénover et à élargir le système de versification qui était alors en usage...Or,la pratique du vers,était,avant l'apparition de la nouvelle technique parnassienne,sous l'influence dominante de l'expression des passions exubérantes ,et des idées fugitives,puisées dans l'expérience sentimentale ou même l'imagination fulgurante du poéte16(*)... L'école Parnassienne était donc un système,une doctrine,qui,au lieu de faire appel,pour son développement, à la réalité contemporaine,s'enfonça plutôt dans l'histoire lointaine du passé oû elle s'étaity ingénié à recueillir des thémes déjà révolus et usés,mais auxquels elle avait donné,par un détour peu ordinaire,vie et éclat profond...Les thèmes,légendaires ou imaginaires,véhiculés par une longue tradition et conservatisme culturel tenace,étaient en effet repris et traités de nouveau,selon la technique nouvelle,oû l'on tenait compte rien que de la forme,sans se préoccuper le moins du monde du contenu significatif ou non17(*).. Et c'est alors que l'on se rend compte de toute évidence,lorsqu'on se remémore nos anciennes lectures,que les thèmes abordés dans les « Fleurs du Mal » sont caractérisés spécifiquement par une pathétique et un regain de pessimisme humain..alors que ceux des parnassiens,bien qu'ils nous rappellent en grande partie les thèmes classiques,en raison des multiples survivances antiques et le rejet déjà catégorique de la notion du « moi »,sont loin de pouvoir s'apparenter ou de s'identifier à tout ce qui touche aux souffrances de l'humanité.. Mallarmé,tout comme Verlaine,au début de sa carrière poétique,avait déjà embrassé cette conception singulière de la poésie.. * 16 Le romantisme,contrairement au classicisme,se caractérise en essentiellement pa cette dominante, et ce cera contre cette tendance que les parnassiens,pour leur part,ont trouvé un prétexte pour propager sur la scène une poésie qui se distinguera par l'impassibilité et l'absence totale du subjectivisme. * 17 -Les oeuvres que la postérité a reconnu comme géniales,ce sont effectivement celles dont la forme est esthétiquement faite de façon réellement impeccable. |
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