Problématique
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Chapitre 1 : Problématique
Ce chapitre, consacré à la
problématisation, va partir du contexte général qui, pour
aboutir à l'énonciation du problème. Dans cette
problématisation, nous fonderons les principales interrogations
soulevées, qui constituent les soubassements heuristiques des
hypothèses formulées.
1.1. Contexte général de
l'étude
Le conseil d'orientation, à l'heure de la
mondialisation, présente pour l'Afrique subsaharienne en
général et le Cameroun en particulier de grands défis,
tant il est vrai que les mutations concernant la formation et l'emploi sont
importantes et requièrent l'ouverture au Monde (Ahearne &
Schillewaert, 2000; Benraiss, Boujena & Tahssain, 2005).
Un certain nombre de défis sont inhérents
à la pratique l'orientation scolaire et professionnelle au Cameroun. Ces
défis concernent des rubriques comme la formation des acteurs de
l'orientation scolaire, la définition de leur rôle auprès
des jeunes et de leurs familles, l'ouverture de ces acteurs aux formations
professionnelles et à l'emploi, leur capacité à
répondre aux besoins des jeunes en terme d'orientation vers des
formations qualifiantes, etc. La conscience de la nécessité de
préparer les jeunes aux grands défis de la modernité exige
non seulement la prise en compte de leur performance actuelle pour le choix des
filières (comme c'est encore le cas au Cameroun), mais encore celle de
leur motivation et des exigences professionnelles actuelles qui inclinent vers
des formations de qualité. Un accompagnement efficace des jeunes doit
donc s'inscrire dans leurs projets et perspectives d'avenir, qui tiennent
compte de l'environnement socioprofessionnel et des compétences
(Baudouin, 2007).
L'on dit généralement que les TIC constituent
une vitrine ouverte au monde. Cela est particulièrement vrai du
Cameroun. La pauvreté ambiante et le manque de moyen des professionnels
de l'orientation scolaire, limitent les échanges physiques avec les
professionnels des autres pays, de même que le renforcement des
capacités. Le monde virtuel se présente donc comme une
alternative, un lieu privilégié pour les échanges, un
prétexte de réalisation du voisinage social. Les solutions
à proposer aux jeunes doivent donc à la fois être
éclairées par la connaissance, non seulement des formations
offertes, mais également par celle de l'environnement socioprofessionnel
national et international.
Comme toutes les professions, à l'heure de la
mondialisation, le travail du conseiller d'orientation doit évoluer et
intégrer les réalités de son temps. Jadis strictement
fondé sur le
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choix des filières au sein des lycées et
universités, le conseil d'orientation au Cameroun se transforme
progressivement, pour dépasser les performances immédiates de
référence et s'insérer dans un projet professionnel plus
vaste, tenant non seulement compte des performances actuelles des jeunes, mais
aussi des contraintes socioculturelles, affectives, psychologiques et sociales
qui peuvent expliquer ces performances. L'on intègre en même temps
aujourd'hui, l'analyse de l'environnement des formations et celui de l'emploi,
dans le cadre des représentations que l'apprenant se fait de son
avenir.
La représentation d'avenir des jeunes intègre
aujourd'hui, au Cameroun comme en Afrique, de plus en plus, des formations plus
vastes, des représentations plus complexes, dont l'une des variables
explicatives les plus importantes est l'ouverture progressive aux TIC. Cette
ouverture réduit les frontières des formations et de l'emploi,
tout en interpellant des ajustements au sein du conseil d'orientation scolaire
et professionnel camerounais. Pour s'adapter aux mutations incessantes de son
environnement professionnel, le conseiller d'orientation doit être non
seulement continuellement informé de ces mutations, mais
également outillé pour y faire face et être
compétitif. Toutes choses qui exigent d'incessants ajustements, par la
formation et l'auto formation. Ici aussi, les TIC apparaissent comme
fondamentaux (Bernaud, Di Fabio & Mpouki; Bibeau, 1996, 2004).
Le travail du conseiller d'orientation pour être
efficace, va donc requérir certains préalables :
- La possession de l'information
Le conseiller d'orientation doit avoir en sa possession un
répertoire efficace d'informations sur les formations scolaires et
professionnelles, susceptibles de lui permettre de remplir efficacement ses
missions de médiateur entre l'élève, la formation et
l'emploi.
- Le savoir informer
Il ne suffit pas seulement à l'orientation scolaire de
remplir les fonctions d'information, mais de les remplir avec efficacité
et efficience, puisque l'information fait partie des droits fondamentaux
à l'éducation. Ce que l'Onisep (2007) souligne avec une certaine
insistance : « le droit à l'information sur les enseignements
et les professions fait partie du droit à l'éducation. A ce
titre, l'information sur les métiers et les formations est une mission
à part entière de l'école. Il ne s'agit pas seulement de
dispenser une information, mais aussi de développer chez les
élèves la capacité à savoir s'informer sur leur
environnement. Cette démarche est nécessaire tant le sentiment de
sous information des jeunes et des familles, sur les métiers ou les
différents cursus, est récurrent. Alors quelles méthodes,
quelles stratégies
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pédagogiques adopter pour transmettre efficacement
cette information ? » Le questionnement qui termine cette
déclaration suggère au plus haut point que les stratégies
pour y parvenir sont aussi larges qu'ouvertes, mais surtout, qu'il appartient
à l'école de trouver les réponses.
L'on peut déjà anticiper chez cet auteur le fait
que les stratégies qu'adoptent les établissements oscillent entre
deux orientations stratégiques : les programmes composés
d'interventions collectives (qui utilisent essentiellement les entretiens
individuels) et les programmes centrés sur l'auto-information.
La première orientation prend en compte le rôle
des contenus d'information alors que la seconde insiste sur «
l'autonomie de l'élève, d'un jeune acteur de son information
et de son orientation. » (Op. Cit.).
Concernant l'autonomisation des élèves, deux
voies d'importance sont à explorer : la recherche documentaire et les
TIC.
Une formation, quelle qu'elle soit, a vocation de
s'intégrer irrémédiablement dans le cadre d'une aspiration
professionnelle, dans la trajectoire d'une projection future, d'une perspective
professionnelle (Guichard & Huteau, 2005 ; Guichard & Huteau, 2007 ;
OCDE, 2002 ; Reuchlin, 1977). Ce qui induit dans le champ de l'orientation
scolaire, la nécessité de déborder le cadre d'un simple
droit de l'humain à l'éducation, pour s'orienter vers
La constitution d'un potentiel professionnel susceptible non
seulement de faire vivre, mais de déterminer tous les champs du besoin
tel que hiérarchisé par Maslow (1943), pour participer à
la réalisation de soi.
Une orientation professionnelle réussie, nous ne le
soulignerons jamais assez, doit au moins tenir compte des capacités
individuelles de l'apprenant, de sa perspective d'avenir et des demandes
objectives de l'environnement professionnel (Evola, 2005). Le conseiller
d'orientation doit être capable de discerner et de déceler le
talent de chaque apprenant. Généralement, l'intelligence des
apprenants est dévoilée par leurrs compétences scolaires.
La didactique moderne s'oriente vers la gratification et la reconnaissance des
champs d'excellence ou de compétence. Ceci contribue à valoriser
les domaines de savoirs particuliers de l'apprenant, quand même sa
performance globale est médiocre.
Au Cameroun, le système scolaire n'intègre pas
encore cette acception de la docimologie. Ce qui fait que les résultats
en général ne valorisent pas les compétences
particulières. Quelques fois, certains problèmes personnels et
familiaux peuvent justifier une mauvaise performance chez un apprenant qui par
ailleurs a du potentiel. Le conseil d'orientation doit pouvoir identifier
à chaque cas, ce qui justifie telle ou telle compétence de
l'apprenant.
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Par ailleurs, la formation a de plus en plus une vocation
qualifiante. Ceci veut dire qu'elle dote les apprenants de savoir-faire qui
leur confèrent des compétences susceptibles de leur permettre de
se frayer une voie dans le monde de l'emploi. Le conseil scolaire doit donc
intégrer cette perspective dans ses interventions.
Enfin, la professionnalisation, qui consiste en la
capacitation de l'apprenant et son orientation vers
l'opérationnalité professionnelle, va orienter la formation et le
conseil d'orientation vers des besoins identifiés dans le marché
du travail. Ce qui, dans la conjoncture actuelle de l'emploi, est un atout
considérable.
La mondialisation progressive de l'emploi induit un voisinage
social de plus en plus inexorable. L'apprenant est de ce fait obligé de
se projeter dans son avenir professionnel. Il doit se situer au carrefour de la
mondialisation et se former pour être compétitif. L'école
dans son organisation, doit l'aider à cela. La modernité
technologique relative au domaine de la communication, a rapproché
divers pays du monde, qui tendent à constituer aujourd'hui un microcosme
social. Ainsi, l'apprenant se définit de plus en plus comme un citoyen
du monde. Son projet professionnel doit intégrer cette
réalité. La formation efficiente aujourd'hui est celle qui ouvre
les champs de l'emploi sinon dans tous les pays, du moins dans un large
répertoire de contextes. Car le voisinage social et la technocratie
récurrente uniformisent de plus en plus les champs professionnels dans
le monde. Le grand défi de l'heure pour chaque formation est de rendre
l'apprenant compétitif.
Dans la trajectoire de l'orientation scolaire, le conseiller
d'orientation trouve ainsi toute sa place, s'il est à même non
seulement d'orienter l'apprenant vers des formations capacitances, mais
également de booster l'autoformation, en aidant les apprenants à
en maîtriser les contraintes. La complexification du monde du travail qui
se transforme au jour le jour exige que le conseiller d'orientation de
même que l'apprenant, soient au courant de l'essentiel des mutations qui
surviennent dans les champs de la formation et de l'emploi. Ils pourront ainsi
répondre aux défis nouveaux qui se posent à l'orientation
scolaire et professionnelle.
Comme nous l'avons déjà fait remarquer dans les
préliminaires, les TIC offrent à cet égard une
réponse efficace à l'ouverture socioprofessionnelle et au besoin
d'autoformation, autant pour le conseiller d'orientaion que pour l'apprenant
(Ahearne & Schillewaert, 2000 ; Benraiss, Boujena & Tahssain, 2005 ;
Bibeau, 2004 ; Brynjolfsson & Yang, 1996; Commissariat
général du plan 2003 ; Conseil supérieur de
l'éducation 2000 ; Durpaire, 1997 ; Gervais 2000 ; Riverin-Simard &
Lévesque, 1998).
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De manière spécifique, L'Afrique aujourd'hui,
à cause de la pauvreté ambiante et du sous-développement
prononcé, semble être peu préparée à faire
face aux défis actuels et sans cesse renouvelés de la
professionnalisation. Le conseil d'orientation tient peu ou prou de place dans
les séminaires de formation et de ré imprégnation, comme
cela tend à devenir la coutume dans les pays les plus avancés.
Ceci a pour conséquence le fait que le conseil d'orientation s'arrime
peu aux exigences de l'emploi : les méthodes de counseling scolaire et
professionnel n'étant pas toujours réadaptées en fonction
des exigences nouvelles. L'essentiel du conseil scolaire au Cameroun tient
strictement compte des notes de classe, pour orienter l'apprenant vers une
filière littéraire ou scientifique, dans le cas des lycées
et collèges d'enseignement général. L'ouverture aux champs
professionnels à l'intérieur du pays comme à
l'intérieur du continent est très difficile, du fait que les
conseillers d'orientations sont peu organisés en association,
réseaux ou autre groupe de pressions, tels que les syndicats. Ils n'ont
pas suffisamment et collectivement accès au GICAM (le Groupement Inter
patronal du Cameroun), qui regroupe l'essentiel des entreprises camerounaises,
pour connaître les besoins en qualification des personnels, en vue de
mieux orienter les élèves (surtout ceux en fin de formation
secondaire).
On peut légitimement affirmer, au regard de ce qui
précède, compte tenu de toutes les restrictions
socioprofessionnelles et socioéconomiques, que les TIC restent l'une des
meilleures voies pour le conseiller d'orientation, afin de réaliser son
arrimage aux besoins de formations professionnelles des élèves.
Comme le font remarquer Benraiss, Boujena et Tahssain (2005).
L'avènement des Technologies de l'Information et de la Communication
n'est pas sans effet sur l'environnement professionnel, puisque leur
intégration a induit de véritables mutations aussi bien dans le
champ de la professionnalisation que dans celui de la formation. De plus, les
TIC constituent une base de données informative irremplaçable.
L'appropriation des TIC est aujourd'hui pour l'élève comme pour
le conseiller, un portail irremplaçable pour choisir des options de
formation ou d'emploi. Voilà pourquoi l'OCDE (2002 : 3) affirme que :
« les TIC sont largement utilisées dans la prestation des
services d'information et d'orientation professionnelles. Cette utilisation
couvre une large gamme d'applications. Parmi les grandes tendances, on peut
citer une plus grande accessibilité et interactivité des TIC et
l'origine plus diffuse des ressources fondées sur ces technologies.
» Au regard de l'utilité accrue des TIC dans le domaine de
l'éducation en général et de l'orientation
socioprofessionnelle en particulier, l'auteur affirme que « Le TIC des
TIC dans l'orientation peut se décliner en trois variantes : un
instrument, une solution de rechange ou un agent de changement. »
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Le fait aujourd'hui que les TIC soient partie
intégrante de l'environnement socioprofessionnel, notamment l'Internet
et l'intranet (qui offrent plusieurs possibilités d'orientation), les
met au rang d'instruments incontournables de la pratique professionnelle des
conseillers d'orientation.
Plusieurs produits d'aide à l'orientation s'abreuvent
largement à l'utilisation des technologies de l'information et de la
communication. Ce qui implique de la part des conseillers et des
élèves la nécessité d'un savoir sur leur
utilisation et leurs conditions d'utilisation. De plus, comme la situation
éducative, l'orientation scolaire implique de plus en plus un
répertoire élargi d'acteurs dont les parents et la
société globale. Les TIC peuvent être une plateforme
d'unification de ces acteurs.
Le concept d'éducation à l'orientation trouve de
plus en plus sa place dans le conseil d'orientation scolaire et se justifie du
besoin d'autoformation. Pour aider les apprenants à élargir
eux-mêmes leur répertoire de choix des formations, le conseiller
d'orientation doit pouvoir leur donner les informations nécessaires
à cet effet. Les TIC constituent une voie possible de l'autoformation
dans laquelle le conseiller d'orientation doit être capable de guider
l'apprenant.
De fait le concept d'éducation à l'orientation
s'organise autours de trois points saillants : la connaissance de soi, la
connaissance de l'environnement et la connaissance des formations. Ces trois
types de connaissance « recourent aux technologies de l'information et
de la communication [et] offrent des perspectives de développement de
pratiques d'autonomie qui intéressent à la fois les
décideurs et, en tout bien tout honneur, les éditeurs. Les
établissements de formation, sollicités
régulièrement, se trouvent devant une offre de produits aux
qualités inégales, destinées à
faciliter leur tâche d'orientation » (OCDE, 2002 : 3).
Internet, en l'occurrence, permet au conseiller d'orientation
de se tenir au courant de ce qui se passe ailleurs, en termes d'innovations
dans le champs du conseil d'orientation scolaire et professionnelle, afin de
modifier progressivement sa pratique, en lui offrant la connaissance des
exigences professionnelles les plus récentes, de même que celle
des nouveaux types de formations contemporaines à l'emploi. Puisque la
cybernétique est aujourd'hui la voie royale qui réalise le
voisinage social et l'inter territorialité, le conseiller d'orientation
doit intégrer dans sa profession, les perspectives ouvertes par la
mondialisation. Il peut et doit intégrer les formations qui se font en
dehors de son pays, de même que les opportunités professionnelles
d'ailleurs.
Puisqu'aujourd'hui l'essentiel des entreprises disposent d'un
site ou d'un portail web où s'expriment les besoins en formations et en
personnels, on peut affirmer sans crainte de se
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tromper que les TIC constituent les outils par excellence du
conseil d'orientation, à l'heure de la post modernité.
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