La perspective temporelle est une notion assez ancienne, elle
prend son origine dans les sciences physiques et désigne d'après
Nuttin (1980) l'impression de profondeur des formes graphiques sur une surface
plane. D'après le dictionnaire encyclopédique Larousse,
la perspective désigne « l'aspect des objets vus de
loin, représentation de ces objets suivant leur apparence. »
Ce même dictionnaire, dans une tentative d'explication psychologique de
la notion de perspective, définit celle-ci comme : projection «
visuelle de la structure du champ d'un objet. » partie des
considérations spatiales et temporelles, la notion de perspective va
évoluer considérablement et entrer dans le champ social avec des
auteurs comme Nuttin (1980), Rodriguez et Bariaud (1987), qui vont lui ajouter
une valeur personnelle et projective, pour théoriser la perspective
temporelle.
La perspective temporelle, est développée par
Nuttin (1980) pour mettre en évidence l'importance du temps dans les
choix professionnels et l'engagement social des individus. Elle va concerner
essentiellement la manière dont un sujet vit son passé et
entrevoit son futur. L'idée ici est que le passé et le
présent de l'individu sont capitalisés pour anticiper le
futur.
La psychologie de la temporalité qui a connu une
très grande expansion ces dix dernières années, essaye de
mettre en valeur l'importance de la temporalité sur le comportement des
individus. Le jeu et l'action se faisant dans le temps, les individus sont
fortement influencés par les considérations du temps et les
conceptions vivaces de leur environnement socioculturel. La projection
temporelle induit donc un projet temporel, une
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vision particulière du temps comme espace de
réalisation de soi. De cette vision est née l'idée du
temps comme grandeur, mais surtout comme grandeur psychologique, issue d'un
vécu ayant un début et une fin, réalisant des
comportements et des actions. C'est pourquoi Tomé et Rodriguez et
Bariaud (1987 :16) définissent la perspective temporelle comme «
une participation de la personnalité totale de la conception que
chacun se fait, aujourd'hui de sa propre histoire et de son devenir, les
repères significatifs qu'il y reconnaît, l'appropriation qu'il
réalise d'un passé et d'un avenir qui dépasse les
frontières de sa propre histoire, le sentiment qu'il a du présent
fugace et de l'irréversible marche vers la mort. » Ces auteurs
montrent ici avec beaucoup de profondeur, une signification du temps comme lieu
de projet et comme lieu de réalisation ; du temps comme lieu de
déroulement, comme déterminant du déroulement de l'action
sociale. En tant que tel le temps appelle à des actions et à des
comportements. Rodriguez et Bariaud (Op. Cit.), citant Fraisse (1967),
déclarent que « la perspective temporelle `se situe' au niveau
supérieur des conduites d'adaptation qui impliquent évocation,
représentation, conceptualisation. »
On voit profiler dans cette conception de la perspective
temporelle l'idée d'un projet temporel et d'une représentation.
Lewin (1931 :36) soulignera que la perspective temporelle est «
l'extension temporelle à côté de l'extension spatiale,
du monde comportemental. » Sans utiliser spécifiquement la
notion de perspective temporelle, Lewin parle d'une extension construite chez
l'enfant, de ce qu'il appelle « les trois raisons du présent
dans ses directions spatiales, sociales et temporelles. » Cette
même notion est reprise par Fraisse (1967) dans la Psychologie du temps
où il parlera de l'influence de la personnalité. En 1939, dans le
même sillage que Lewin, Lawrence Frank dans un article de philosophie
culturelle, parlera de « perspectives temporelles. » Plus tard,
Leshan (1952), ramènera le singulier en parlant d'orientation
temporelle, pour caractériser la qualité qu'a le temps de marquer
la conscience et d'orienter le comportement ultérieur des sujets. C'est
lui le véritable auteur de la perspective temporelle vue comme «
l'élaboration cognitive du besoin en terme d'objets/buts et de
projets qui, chez l'homme, naît l'orientation future. Grâce
à la souplesse des constructions cognitives et la disponibilité
quasi illimitée des objets symboliques, l'objet/but se présente
à l'esprit avant d'être réalisé ou d'avoir atteint
le niveau réel. »
Il existe actuellement dans les lycées et
collèges du Cameroun, un corps de professionnels de l'orientation
scolaire. Il y a encore quelques années le counseling scolaire se
limitait à l'inventaire des différentes filières et
à leur mise en relation avec les potentialités de l'enfant. Il
s'agissait alors d'évaluer les compétences d'un
élève et de l'orienter vers les filières scientifiques,
littéraires ou techniques. Mais aujourd'hui, la complexification du
monde
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professionnel et du statut social du travailleur rendent
caduque cette approche. Orienter actuellement un élève, c'est
réussir « l'articulation entre les attentes de l'individu et la
nécessité économique et sociale » Guichard (1963
: 21). Dans cette perspective, apparaît une nécessité
d'intégrer la psychologie des aptitudes.
La psychologie du conseil scolaire tiendra donc compte de la
complexification des réalités sociales qui peuvent justifier une
performance, mais aussi et surtout les besoins et aspirations de
l'élève, dans un monde professionnel de plus en plus exigeant.
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