Sur la base des considérations énoncées
ci-dessus et en invoquant les travaux de Ginsberg (1951), cité par Evola
(1996, 2005), on peut distinguer différents stades de maturation du
choix professionnel :
· La période du choix
fantaisiste
Elle correspond, dans la classification de Ginsberg, aux
classes d'âges 6-7 7 et 7-11 ans, qui est représentée par
deux stades :
- Un stade qui va de 6 à 7 ans et correspond au choix
des activités liées aux besoins de l'enfant et rattaché
à son biotype et à son système écologique
Ce stade comprend des activités qui font plaisir
à l'enfant ou qui représentent des intérêts
pratiques. Ces activités sont visées par l'enfant sous un mode
ludique.
- Le stade du goût héroïque (7-11 ans)
Ce stade est également caractérisé par
des activités ludiques pendant lesquelles l'enfant cherche par le moyen
du jeu, à manifester des actes héroïques à accomplir
des exploits. D'après Ginsberg, ces activités permettent à
l'enfant de revêtir des personnalités idéalisées ou
fantasmées, des personnages que Wallon met sous le syncrétisme,
c'est-à-dire dans la non dissociation Moi/non Moi. Pendant le stade du
syncrétisme il n'existe pas de distinction entre le fondamental et
l'accessoire.
Ces deux premiers stades sont caractérisés par
l'imitation où, au travers du jeu, l'enfant mime différents
rôles sociaux.
· 28
La période des choix provisoires
Cette période recouvre deux stades qui sont repartis
entre 11 et 12 ans et 17 -18 ans. C'est généralement une
période qui se termine par l'achèvement des études
secondaires et l'entrée dans le cursus universitaire.
Pendant cette période, le préadolescent imite
des modèles qui correspondent à la réalité. Il a un
progrès dans la connaissance de lui-même et des facteurs externes.
Les besoins, les désirs et les intérêts se
précisent. Adolescent, il intègre progressivement de façon
de plus en plus précise, sa perspective professionnelle future.
La période des choix provisoires comprend chez
Ginsberg quatre stades :
- Le stade des intérêts
Ce stade recouvre la période de 11 à 12 ans et
est caractérisé par l'adoption par le préadolescent d'une
attitude de réalité et d'une attirance vers « une
certaine catégorie d'objet ». Il y a introduction des
paramètres temps et espaces à la réalisation des
désirs.
- Le stade des capacités
Ce stade recouvre la période qui va de 13 à 14
ans et est caractérisé non seulement par l'émergence des
facteurs externes, mais aussi par des possibilités de réalisation
des désirs de l'adolescent. Le sujet s'interroge sur ses
possibilités et potentialités. Il y a émergence là,
selon l'expression de Freud, de l'épreuve de réalité.
- Le stade des valeurs
Il recouvre la période de 15 à 16 ans et se
caractérise par la formulation des buts et objectifs fondés sur
des projets précis. L'adolescent prend conscience que la
réalisation de ses projets passe par de « nombreux
éléments qui obéissent à certaines exigences
définies par l'environnement et la société. »
- Le stade transitoire
Ce stade « est marquée par la recherche de
l'efficacité ». A ce stade, l'adolescent prend conscience non
seulement des conditions subjectives de la réalisation d'un projet dans
ses capacités personnelles, mais aussi des conditions objectives
socialement et temporairement situées. Il y a donc évaluation des
possibilités et des limites. Pour Ginzberg, cité par Evola
(1996), c'est un stade qui marque la fin de la période transitionnelle
du choix professionnel et constitue « un stade de spécification
où les jeunes énoncent clairement leur choix sans
ambiguïté (...) il semble qu'à ce moment là les
représentations professionnelles engendrent auprès de la personne
des comportements dynamiques qui conduisent à la réalisation de
son projet, lequel se rectifie et se confirme sans toutefois remettre en cause
l'essentiel du choix initialement effectué » (Evola, 1996 :
52).
· 29
La période des choix réalistes
Cette période succède directement au stade
transitoire, dernier stade de la période des choix transitionnels.
L'individu se fait une idée claire de ce qu'il voudra être demain
et du rôle social qu'il devra jouer. C'est la période du
développement vocationnel qui « apparaît alors comme le
résultat d'un processus interactionniste » qui s'opère
entre la personne et les facteurs externes sur la base des mécanismes
cognitifs (imitations, exploration, cristallisation, spécification,
etc.), mécanismes eux-mêmes sous-tendus par des comportements
motivationnels, par exemple, le besoin de réussir.
Une bonne orientation scolaire doit donc articuler la
perspective temporelle et la préparation des jeunes à jouer un
rôle