L'impact des foires d'art contemporain dans le marché de l'Art aujourd'hui à travers la semaine de l'Art contemporain à Paris( Télécharger le fichier original )par Elise GUILLOU Institut d'études supérieures des arts - Titre homologué niveau II spécialiste - conseil en biens et services culturels 2010 |
B- FIAC1- Création de la FiacEn France, la foire d'Art Contemporain la plus reconnue est la Fiac 1(*). Conçue sur le modèle de la foire de Bâle, la Fiac existe depuis 1974 sous la dénomination « Salon International d'Art Contemporain ». En 1975, elle prendra le nom sous lequel nous la connaissons de nos jours. En réponse à la foire de Bâle, la Fiac a été imaginée par Danielle Talamoni dès 1972 puis créée en 1974 par Jessie Westenholz et Jean-Pierre Jouet, avec Henri Jobbé-Duval aux commandes de la direction artistique. La création d'un Comité d'organisation a permis de faire jouer dès le départ un rôle essentiel à des marchands qui croyaient aux chances de la place de Paris dans le marché de l'art. La Cofiac (Comité d'organisation de la Fiac) était chargée du recrutement des exposants et l'OIP (Organisation - Idées - Promotion) de l'organisation et de l'aspect technique de la foire ; logistique et marketing. Cette seconde tache a ensuite était reprise par Reed Exposition filiale de Reed Exhibitions, premier organisateur mondial de salons. Dans son édition d'octobre 2003, Beaux arts Magazine titre « Anniversaire ou enterrement »1(*) : la Fiac est remise en question par tout le milieu du marché de l'art. Ce sentiment commun d'insatisfaction va se traduire par le départ de nombreuses galeries nationales et internationales de cette foire. Les jeunes galeries américaines comme Anton Kern, Gavin Brown's Entreprise et Tania Bonakdar se détournent de cet événement ; les galeries françaises comme Chantal Crousel effectueront aussi ce choix. Après trente ans d'existence, la foire doit se remettre en question afin de ne pas décliner. Les marchands participants à différentes foires possèdent des points de comparaison et c'est ainsi que les organisateurs de la Fiac ont été l'objet de nombreux reproches. Les premières critiques portaient sur l'organisation même de l'événement, jugée passéiste et peu créative, avec des détails défaillants, tels les conditions d'exposition, la sécurité ou l'équipement. Tous ces petits désagréments ont été accentués par le manque de cohésion avec le marché, les galeristes souhaitant une redéfinition et une meilleure répartition des rôles entre la Cofiac et Reed Expositions. La Fiac est aussi victime du manque de dynamisme du marché de l'art français. Contrairement à la foire de Bâle qui a connu un développement important dans les années 80, le marché français a été victime de la guerre du golfe en 1991 et de la crise qui n'ont fait que fragiliser cette économie. En 1995, une nouvelle génération de collectionneurs a vu le jour mais, par son manque de détermination, la Fiac n'a pu les attirer et c'est alors que cette clientèle s'est tournée vers d'autres foires. Des nouvelles foires plus dynamiques, The Armory Show recrée en 1999 ou Art Basel Miami conçue en 2002 par les organisateurs de la foire de Bâle constituaient une réelle concurrence mais tout de même éloignée de la France. Avec la création de Frieze Art Fair à Londres, la Fiac a perdu son monopole sur l'Europe. En effet, Frieze bénéficie à la fois d'une place financière importante mais aussi de la crédibilité donnée aux responsables de Frieze Magazine. Les galeristes en 2003 appellent aussi la Fiac à mieux définir sa politique et à trouver un équilibre entre l'Art Moderne et l'Art Contemporain. Déjà en 1993, Francis Lacloche2(*), responsable de mission à la Caisse des dépôts, observait que « curieusement, la Fiac est, depuis 20 ans, une foire d'Art Moderne visitée par l'Art Contemporain », or dans sont intitulé la Fiac se définit elle même comme une foire d'Art Contemporain. Ainsi les galeristes tel Jean Brolly conseillent un équilibre entre l'Art Moderne et l'Art Contemporain : « L'image de Paris reste celle d'un Paris artistique de la première moitié du siècle passé. Or, cette partie de l'histoire de l'art s'amoindrit sur les cimaises de la Fiac. Je pense donc qu'il faudrait chercher à replacer à côté du bloc contemporain, sans conteste intéressant, un bloc moderne qui soit tout aussi homogène ». La Fiac se devait de redonner sa place à l'ensemble de la création française. Toute fois les critiques ne peuvent pas être uniquement imputées aux organisateurs, la politique culturelle française ne s'impliquant pas dans cet événement. Le manque de synergie entre la Fiac et les institutions ne permettait pas la représentation de la création française sur le marché de l'art international. Pour être significatif de l'art français, les galeristes conseillaient à la foire de donner une dimension culturelle à l'événement. Telle la foire madrilène Arco, qui organise des séminaires, des tables rondes publiques ou des évènements médiatiques qui garantissent la présence de curateurs ou de directeurs de musées internationaux. Il fallait trouver un juste milieu entre le rôle de musée et l'aspect commercial. * 1 Foire internationale d'Art Contemporain * 1 BOUSTEAU Fabrice, CORRÉARD Stéphane, MOISDON TREMBLEY Stéphanie et WARVIN Isabelle « Anniversaire ou enterrement ? », Beaux-Arts n°233, octobre 2003, p.3-6 * 2 de BURE Gilles, « Le luxe s'expose », Beaux-Arts Magazine, n°269, novembre 2006, p.103-105 |
|