I- Les foires d'Art contemporain
A- Définition des foires d'Art contemporain
1- L'ancêtre des foires
Par définition, une foire est une manifestation
commerciale périodique, spécialisée dans un domaine. Les
premières foires sont apparues au début des années
soixante pour l'Art Ancien. A cette époque, existait déjà
la Biennale des Antiquaires, organisée par le syndicat national des
antiquaires. Mais les biennales n'ont pas le même objectif qu'une foire,
c'est à dire la vente. Elles sont, au contraire, un lieu d'exposition
destiné à montrer la capacité des antiquaires à
trouver les meilleures pièces. Ce phénomène s'est par la
suite ouvert aux grandes villes de province, ainsi, en 1963, a vu jour le salon
de Toulouse grâce à Pierre Jary, antiquaire.
L'Art Contemporain s'est associé à ce
phénomène à partir des années soixante-dix avec
comme toute première manifestation la foire de Bâle.
Créée en 1970, elle demeure le modèle des autres foires
internationales et son rayonnement international est incontesté.
Les salons et foires d'Art Contemporain ont un rôle
commercial prépondérant, mais servent tout d'abord à
promouvoir la création des jeunes artistes.
L'origine des foires d'art pourrait être à
rechercher au XVIIIème siècle avec la création
du Salon. L'Académie Royale de Peinture et de Sculpture fondée en
1648 avait pris l'habitude de présenter une fois par an ses meilleurs
artistes aux membres de la cour. En 1725, elle ouvre ses portes au Louvre au
grand public. Cette manifestation devient le lieu où tout Paris se rend,
on estime à 200 000 le nombre de ses visiteurs par an, c'est à
dire 10% de la population parisienne. Cet événement culturel
crée un réel engouement de la part du public. Puis, les artistes
se sont émancipés progressivement du Salon. En 1855, Courbet
crée le pavillon du réalisme, c'est la première fois qu'un
artiste exposait en dehors du Salon et en dehors de son atelier. En 1863, le
premier salon des « refusés » ouvre ses portes, les
artistes non acceptés par l'académie peuvent ainsi être
exposés tel Manet avec le Déjeuner sur l'herbe. En
1880, le Salon est remis aux mains des artistes ; c'est à partir de
cet instant que l'on peut voir l'explosion du nombre de ces salons. Les foires
et salons ont gardé cette notion première de découverte et
de promotion de l'art et des artistes. Le marché de l'art est donc,
depuis longue date, rythmé par ces manifestations.
2- Leur création
Il ne faut pas oublier que cet événement n'est
pas uniquement ce lieu mondain réservé à l'art. En effet,
existent aussi des foires de spécialités bien différentes
mais tout aussi importantes pour le développement économique de
leurs représentants. Ainsi des événements tels la foire du
Trône, la foire aux vins d'Alsace ou encore le salon de l'agriculture de
Paris ont un impact financier aussi considérable dans leur domaine que
la foire de Miami ou Art Paris.
Les retombées économiques d'une foire ne se
cantonnent pas au seul domaine exposé mais aussi à toute la ville
où elle se déroule. C'est la raison principale qui permet
d'expliquer cette nouvelle pratique culturelle.
Ce développement massif de salons et foires pose tout
de même un problème économique au commerce de l'art ;
il devient difficile pour les professionnels d'en garder le contrôle et
d'éviter une surabondance d'évènements par rapport
à la capacité du marché. Une foire et un salon sont
devenus une manifestation indispensable au marché de l'art, ils sont la
vitrine de la qualité de toute la création d'un pays ou d'une
région.
L'Art Contemporain est apparu tout d'abord en tant que
phénomène concentré et dont le nombre de
représentation était réduit. A l'inverse, les foires d'Art
Ancien souvent associées aux brocantes ou même aux vides-greniers
sont présentes de façon plus massive sur le marché. Ce
facteur est dû à une régularisation naturelle du fait de
l'importance quantitative du marché de l'Art Contemporain qui demeure
plus modeste que l'Art Ancien.
Depuis quelques années, nous pouvons observer un
phénomène inverse, l'Art Contemporain tend à prendre le
dessus sur l'Art Ancien. Les salons et foires d'Art Ancien comportent de plus
en plus un département contemporain : soit en incluant des
galeries, soit en invitant des artistes à faire des performances. Le
salon de Maastricht, qui est l'un des plus importants salons d'Art Ancien, au
même niveau que la Biennale des antiquaires, a ouvert en 2008 une section
dédiée à la création contemporaine. Ce
phénomène montre la prééminence de l'art
contemporain sur le marché de l'art. Auparavant, l'activité des
foires d'art ancien leur permettait d'attirer assez de public et de
collectionneurs. De nos jours, ces mêmes foires se doivent de s'ouvrir
à l'art contemporain qui tend à prédominer sur le
marché de l'art. A notre époque c'est l'art contemporain qui
réalise les plus grandes ventes mais aussi intéresse le grand
public. Comme nous pouvons le voir dans le Rapport annuel des tendances du
marché de l'art, Artprice, à la fois dans le classement des
500 artistes par chiffres d'affaires (figure 1), dans les vingt premiers,
dix-huit sont des artistes d'art moderne ou contemporain et dans le Top 100 des
enchères 2009 (figure 2), six artistes sur vingt sont des artistes dits
d'art ancien.
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