2- Réorganisation de la Fiac
La Fiac, pour sa 31e édition, a su tirer les
conclusions des critiques des galeristes et a décidé de
réformer en profondeur sa structure d'organisation. Le groupe Reed
Exposition, choisi pour cette restructuration, est l'un des plus importants
organisateurs de salons professionnels. Chaque année, dans trente-sept
pays, la compagnie organise plus de 470 évènements dans 19
secteurs d'activité différents (art, audiovisuel, bijouterie,
construction, environnement, hôtellerie...). C'est une filiale de Reed
Exhibitions, premier organisateur mondial de salons. Reed exposition
représentée par Jean-Daniel Compain a décidé de
dissoudre le comité d'organisation Cofiac pour créer un nouveau
comité de pilotage. Ce comité, à l'origine composé
essentiellement de galeries, va recruter de nouvelles personnes de
différents horizons. Tout d'abord, Jennifer Flay, galeriste, comme
directeur artistique, puis un représentant de la ville de Paris,
Christophe Girard, adjoint à la culture, une représentant de
l'État, Martin Bethenot, délégué aux Arts
Plastiques, Pascal Morand directeur de l'Institut français de la mode,
Rémy Babinet, directeur de l'agence de pub BETS et le rédacteur
en chef de Beaux Arts Magazine, Fabrice Bousteau. Ce comité
volontairement diversifié, permet d'avoir le point de vue de
différents acteurs de l'art et de la communication, mais toutes ces
personnalités ont comme but commun d'insuffler à la Fiac un
nouveau dynamisme. Grâce à cette mobilisation, la scène
artistique française dispose d'une vitrine ouverte sur le monde entier.
Toutes ces personnalités se définissent à la fois comme
découvreurs et accompagnateurs des jeunes artistes français.
Jennifer Flay nouvelle directrice artistique
représente, dans ce comité de pilotage, les galeristes.
Après avoir poursuivi des études d'histoire de l'art, Jennifer
Flay a travaillé de 1982 à 1991 dans plusieurs galeries d'Art
Contemporain telle Catherine Issert, à Saint-Paul-de-Vence, puis avec
Daniel Templon et Ghislaine Hussenot à Paris. Elle a ensuite crée
sa propre galerie d'Art Contemporain en 1991, rue Debelleyme, dans le Marais.
Puis, face à la crise du marché de l'art, elle a
décidé de déménager en 1997 dans le 13e
arrondissement. En tant que nouvelle directrice artistique de la Fiac, sa
première mission est de refonder la foire et de lui redonner une place
sur le marché de l'art international. Cette année 2003 est
d'autant plus dure pour la Fiac, car ouvre la Frieze, cette jeune foire
britannique profite d'une clientèle importante ; celle des
financiers de la City.
Reed Exposition a choisi de prendre des professionnels du
marché de l'art afin de revoir complètement l'organisation de la
foire.
Il leur a fallu tout d'abord refédérer le milieu
français, un nombre important de galeries s'étant
éloigné de la Fiac telle la galerie Art Concept ou Chantal
Crousel, les galeristes ressentant un manque d'intérêt pour cet
événement devenu moins dynamique qu'auparavant. Les organisateurs
ont su faire une autocritique de leur travail ; ils se sont rendus compte
que la foire n'attirait plus les exposants qu'elle souhaitait, elle semblait
trop terne par rapport à d'autres foires telle Bâle, Cologne ou
Madrid. Jennifer Flay a voulu redonner du dynamisme à la foire. En
effet, dans d'autres foires il y a une ambiance de fête, toute la ville
est en émoi. A Londres, New York ou Bâle les galeries soutiennent
leur foire. Il a donc fallu impliquer les galeristes et surtout les consulter,
afin qu'ils se sentent à nouveau intéressés par la Fiac.
Jennifer Flay ancienne galeriste a donc permis à Reed Exposition
d'établir un lien direct avec le milieu du marché de l'art. De
part son métier, elle connaît l'importance pour les galeristes de
participer aux foires, ainsi que leurs attentes. L'objectif premier fut de
redonner à Paris une place majeure sur le marché européen
et faire de la Fiac une foire avec un rayonnement plus important.
L'aspect qualitatif de la foire devait aussi être
revu ; elle ne devait pas devenir pour autant élitiste mais tout du
moins être plus sévère sur la programmation des galeries.
Ainsi, certaines galeries ont été évincées comme la
galerie Filles du Calvaire dont les choix n'étaient pas jugés en
accord avec l'esprit de la Fiac. Sur la totalité des exposants
présents à l'édition précédente, une
centaine ont été refusés. Il faut comprendre que pour se
remettre au niveau des autres foires internationales comme Bâle ou
Armory Show, la Fiac se devait d'être plus rigoureuse sur ses choix.
C'est à la suite des efforts effectués par
l'organisation de la Fiac que les galeries sont réapparues au sein de la
foire. Elles ont décidé de lui donner une nouvelle chance :
des galeries internationales tel Micheline Szwajcer, Marian Goodman, Susan
Sheehan, Jan Krugier-Ditesheim, Albion/Michael Hue Williams, mais aussi des
galeries parisiennes ayant déserté comme Air de Paris, Chantal
Crousel, Gabrielle Maubrie, Polaris ou Daniel Malingue qui n'était pas
revenu à la Fiac depuis 1978.
Elles sont réapparues à la fois par soutien pour
les organisateurs de la Fiac mais si elles sont restées, c'est que les
réformes mises en places les ont satisfaites.
C'est aussi en 2004 que pour la première fois les
institutions françaises vont porter un intérêt à la
Fiac : le musée d'Art Moderne de la ville de Paris a
organisé un vernissage lors de la semaine de la Fiac. C'est grâce
à la présence de Christophe Girard, adjoint chargé de la
Culture à la mairie de Paris et de Martin Béthenod,
délégué aux Arts Plastiques que cette
fédération de ces différents milieux de l'art a pu se
faire.
Martin Béthenod est invité à rejoindre
Jennifer Flay pour la préparation de l'édition 2005. Journaliste
de Connaissance des arts puis de Vogue, Martin
Béthenod devient chargé de mission auprès de Jean-Jacques
Aillagon, directeur de l'École Nationale Supérieure des
Beaux-Arts. Il travaille ensuite à la Vidéothèque de
Paris, entre 1996 et 1998, il est chef de cabinet de Jean-Jacques Aillagon du
centre Pompidou, nommé à la direction du centre Pompidou il
devient directeur des éditions du centre Pompidou de 1998 à 2001.
Il est ensuite délégué aux Arts Plastiques au
ministère de la Culture et de la Communication entre 2003 et 2004. Sa
carrière auprès des institutions lui a permis de
fédérer les musées autour de cet événement.
Auparavant le centre Pompidou ne programmait pas nécessairement une
exposition lors de la Fiac. Le milieu culturel vit dorénavant
l'événement en synergie en organisant des parcours privés,
des visites afin d'attirer les collectionneurs étrangers.
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