Chapitre II : Pratique et évolution de la
politique étrangère américaine depuis la fin de la
première guerre mondiale à la fin de la guerre froide
Section A : Pratique et évolution de la
politique étrangère américaine de 1919 à 1948
L'isolationnisme relatif des années
1920-1930
Après la Première guerre mondiale, l'opinion
publique américaine désire profiter de la paix retrouvée,
de la prospérité du pays, et se protéger de tout
engagement avec les européens qui pourraient à nouveau les
conduire à la guerre. Le républicain Warren G. Harding est
élu à la Présidence en 1921 avec comme slogan le «
retour à la normale ». Mais le retrait américain des
affaires européennes ne fut que relatif : les Etats-Unis
s'occupèrent en effet activement des questions des remboursements des
prêts que les états européens avaient contracté
pendant la guerre, ainsi que de la question des importantes réparations
que l'Allemagne tardait à payer.
Les Plans Dawes (1924) et Young (1929) permirent de
réduire les réparations et initièrent les prêts
américains à l'Allemagne. Les Etats-Unis s'engagèrent
également pour le désarmement naval (1924 : traité des
neuf puissances). Enfin, en 1928, le pacifisme américain s'exprima par
le Pacte Briand-Kellog (des noms des responsables de la politique
étrangère française et américaine) qui mettait la
guerre hors la loi mais restait d'une valeur symbolique.
Avec la crise économique de 1929 et la profonde
dépression qui frappa les Etats-Unis puis le monde, la politique
étrangère fut mise de côté. Franklin Delano
Roosevelt (président de 1933 à 1945) fut en effet élu sur
un programme de redressement économique, la Nouvelle Donne (New Deal).
Une vague d'isolationnisme déferla sur l'Amérique alors que les
crises internationales se multipliaient (invasion de la Mandchourie par le
Japon en 1931, arrivée de Hitler au pouvoir en Allemagne en 1933,
invasion de l'Ethiopie par l'Italie en 1935). Des lois de Neutralité
furent votées en 1935, 1936 et 1937, interdisant d'exporter des armes
vers des états belligérants, ou de leur accorder des prêts
et crédits). Cependant, ces lois furent progressivement
révisées lorsque les évènements conduisant à
la guerre s'accélèrent dès 1938 (Anschluss, puis
début du second conflit mondial en Europe).
Roosevelt, la seconde guerre mondiale et
l'après-guerre : l'application des principes wilsoniens dans un contexte
international favorable (1941-1948)
C'est au nom de la défense de la démocratie que
Roosevelt engagea progressivement son pays dans la guerre, en consentant un
prêt-bail d'armes aux Anglais : « Nous devons
être le grand arsenal de la
démocratie » (conférence de
presse, le 17 décembre 1940). Après l'attaque de Pearl Harbor le
7 décembre 1941, les Etats-Unis entraient en guerre contre les
fascismes.
Roosevelt s'inspira alors largement de Wilson lors de son
engagement dans la Seconde Guerre Mondiale : il désirait faire triompher
la civilisation dont l'Amérique se devait d'être le héraut
; la guerre était perçue comme la lutte entre les forces du Bien
(les démocraties alliées) et celles du Mal (les fascismes de
l'Axe). La victoire assurée, les Etats-Unis, seule puissance encore
prospère, présida à la reconstruction du monde nouveau.
L'influence des conceptions wilsoniennes fut patente lors de la
conception des grandes institutions internationales - ONU) qui projetaient au
niveau mondial les valeurs américaines : respect de la démocratie
et des droits de l'homme, libéralisme économique et de
marché, règlement pacifique des différends... Les
Etats-Unis expérimentaient même l'exportation de leur
modèle grandeur nature au Japon, qu'ils occupèrent durant sept
ans, et dont ils changèrent radicalement les structures. Pourtant
l'idéalisme wilsonien ne fut pas triomphant. Suite à la
faillite de la Société des Nations (1920-1946), Roosevelt est
aussi l'homme réaliste qui institue le Conseil de Sécurité
au sein des Nations Unies, qui regroupent les "cinq gendarmes" (Etats-Unis,
Grande Bretagne, France, Chine, URSS) responsables de l'ordre mondial.
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