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Les fondements et la doctrine de la politique étrangère américaine

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par Abdessalam Saad JALDI
Université de Mohammédia - Mémoire de fin d'étude pour l'obtention de la licence des études fondamentales droit public section française 2007
  

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Section B : Le Réalisme politique et l'Idéalisme politique

Les grands spécialistes de la politique étrangère des Etats-Unis s'accordent pour distinguer deux grands héritages fondamentaux : le Réalisme politique représenté par Théodore Roosevelt (Président de 1901 à 1909), et l'Idéalisme politique du Président Woodrow Wilson (Président de 1913 à 1921).

Le Réalisme politique de Roosevelt (1901-1909) Le 10ème président des Etats-Unis, Théodore Roosevelt, avait une vision dite réaliste (c'est-à-dire : voir les choses telles qu'elles sont) des relations internationales : il considérait que les états étaient des entités égoïstes défendant avant tout leurs intérêts, par la force si besoin. Th. Roosevelt reprenait le concept de « destinée manifeste » afin de justifier l'expansionnisme et l'interventionnisme des Etats-Unis hors de ses frontières. Ainsi, en 1904, par ce qu'on appelle le corollaire Roosevelt à la doctrine Monroe, il affirmait le devoir des Etats-Unis à intervenir dans la zone des Caraïbes et de l'Amérique Latine quand leurs intérêts seraient menacés :

« L'injustice chronique ou l'impuissance qui résulte d'un relâchement général des règles de la société civilisée peut exiger, en fin de compte, en Amérique ou ailleurs, l'intervention d'une nation civilisée et, dans l'hémisphère occidental, l'adhésion des Etats-Unis à la doctrine de Monroe peut forcer les Etats-Unis, même à contrecoeur, dans des cas flagrants d'injustice et d'impuissance, à exercer un pouvoir de police international »
(Message au Congrès du 6 décembre 1904).

Roosevelt tenait un discours reposant sur l'idée de puissance, évoquant un « pouvoir de police internationale » pour réprimer les déviances, mais non pour propager le modèle américain. Jusqu'à nos jours, les réalistes ont toujours réclamé le statu-quo international (l'équilibre des forces), ne cherchant pas à changer l'ordre du monde à leur profit.Théodore Roosevelt pratiqua une politique d'investissements (la « diplomatie du dollar », surtout utilisée par son successeur : William H. Taft) et de menaces (« Big Stick ») pour faire triompher les intérêts américains dans leur zone d'influence (Caraïbes et Amérique Latine).

L'Idéalisme politique de Wilson (1913-1921)

« La présidence de Woodrow Wilson, présidence qui, de toute l'histoire des Etats-Unis, constitue probablement son moment le plus idéologisé ». Le Président W. Wilson avait une vision idéaliste des relations internationales (voir les choses telles qu'elles devraient être, telles que l'on souhaiterait qu'elles soient). En effet, pour lui, les relations internationales devraient être harmonieuses et pacifiques grâce à l'obéissance des états à des règles de droit international et à un ordre garanti par des organisations supranationales : « Il doit y avoir, non pas un équilibre des puissances, mais une communauté des puissances ; non pas des rivalités organisées, mais une paix commune organisée » (Discours du 22 janvier 1917 au Sénat, Wilson). Wilson remettait en cause la diplomatie européenne traditionnelle, reposant notamment sur le secret. Internationaliste convaincu, il croyait en la coopération des états, au multilatéralisme : les prises de décision en matière d'action extérieure devraient être prises en consultation avec la communauté internationale et/ou reposer sur une action commune. « C'est principalement l'idéalisme wilsonien qui a imprimé son rythme à la politique américaine depuis sa présidence historique, et qui l'inspire aujourd'hui encore »

Faisant sien le concept de « Destinée Manifeste » pour affirmer la mission quasi-divine des Etats-Unis de démocratiser le monde, il affirmait notamment :

« Je crois que Dieu a présidé à la naissance de cette nation et que nous sommes choisis pour montrer la voie aux nations du monde dans leur marche sur les sentiers de la liberté »

Contrairement aux réalistes, les idéalistes tiennent un discours fondé sur la morale, revendiquant un changement du monde à leur image, afin de le faire progresser. L'Amérique est perçue comme le meilleur modèle démocratique du monde, la démocratie libérale, qui s'appuie sur les libertés publiques, mais aussi l'économie de marché.
A la même époque (années 1920-1930), l'Union Soviétique naissante se construisait sur une idéologie à vocation universelle dont les valeurs étaient fondamentalement différentes et opposées à celles des Etats-Unis : athéisme, démocratie populaire, communisme, et rejet de l'économie de marché.
Cette opposition idéologique sur la vision du monde de l'URSS et des USA est essentielle à une bonne compréhension de la vision du monde des Etats-Unis durant la Guerre Froide, de 1947 à 1991.

Enfin, pour affirmer ses positions, Wilson reprenait les théories de Kant, selon lesquelles les démocraties ne se font pas la guerre. Le modèle démocratique américain était donc considéré comme le plus vertueux, garant de liberté, prospérité et sécurité : « L'Amérique est la seule nation idéale dans le monde [...] L'Amérique a eu l'infini privilège de respecter sa destinée et de sauver le monde [...] Nous sommes venus pour racheter le monde en lui donnant liberté et justice. »

Les fameux « 14 points » de Wilson, qui servirent de base à la paix de 1918 et à la création de la Société des Nations, ancêtre des Nations-Unies, constituent une synthèse parfaite de la pensée du président américain. Pourtant, celui-ci fut désavoué par le Sénat en 1920, qui refusa de signer le Traité de Versailles que Wilson avait pourtant négocié : les tendances isolationnistes avaient repris le pouvoir ; elles restèrent prépondérantes durant les années 1920-1930.

 

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote