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Déterminants de la pluriactivité au Cameroun

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par Norbert et Edouard ASSOGBA et KALAWA
Institut sous régional de statistique et d'économie appliquée de Yaoundé - Statisticien économiste 0000
  

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3 Méthodologie

3.1 Importance des emplois secondaires

Cet aspect sera abordésuivant une analyse descriptive du phénomène des emplois secondaires. Dans un premier temps, on essayera de ressortir les caractéristiques globales concernant les emplois secondaires et les pluriactifs. Dans un second temps, nous approfondirons l'analyse sur la base des tableaux issus des croisements entre les variables socio-démographiques (sexe, tranches d'age, CSP, niveau d'instruction, ...) et les variables d'intérêt (revenu, durée hebdomadaire de travail,...) sur le groupe des pluriactifs afin d'appréhender les spécificités des emplois secondaires dans les différents sous-groupes. Les tests sur les proportions couplées à l'analyse de la variance permettront de confirmer ou d'infirmer les constats révélés par l'analyse descriptive.

3.2 Profil des pluriactifs au Cameroun

L'une des insuffisances de l'analyse descriptive est qu'elle ne permet pas de catégoriser les individus étudiés. Les caractéristiques des ces derniers seront déterminées grâce à une classification ascendante hiérarchique. Elle procède par des regroupements d'individus ayant un comportement homogène du point de vue des variables d'analyse, aspect non négligeable dans ce travail. Cette classification automatique des individus passera, tout d'abord, par une Analyse des Correspondances Multiples (ACM) et ensuite nous procéderons à la classification ascendante hiérarchique.

En effet, les deux techniques sont souvent associées en raison de leur complémentarité: après une ACM, une fois les axes interprétés, on dispose de plans de projection sur lesquels on sait que deux points proches se ressemblent du point de vue des facteurs de ce plan mais on ne voit

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c Norbert ASSOGBA & Edouard KALAWA Groupe de travail

pas sur ces graphiques qui ressemble à qui globalement. On procède ainsi à une classification qui permet de partitionner l'ensemble des individus en groupes de ressemblance qui repose sur la minimisation de la perte d'inertie interclasse suite à un regroupement des classes (critère de wald).

3.3 Modèle de participation aux emplois secondaires

Les études économétriques sur la recherche des déterminants de la pluriactivitéfont ressortir trois types de variables susceptibles d'expliquer cette dernière. Le premier groupe porte sur les caractéristiques démographiques des individus. On peut citer :

- Le sexe, décrit par une variable dichotomique qui prend la valeur 1 lorsque l'individu est de sexe féminin et 0 dans le cas contraire;

- L'âge en année révolue;

- La situation matrimoniale, qui est une variable ayant six modalités. Elle prend la valeur 0 pour les célibataires, 1 pour les mariés monogames, 2 pour les mariés polygames, 3 pour les veufs, 4 pour les divorcés/séparés et enfin 5 pour les personnes vivant en union libre.

- Le lien de parentéavec le chef de ménage. Ce facteur possède sept modalités codifiées comme suit : 0 pour le chef de ménage, 1 pour le conjoint du chef de ménage (CM), 2 pour les enfants du chef ou du conjoint, 3 pour le père ou la mère du chef ou du conjoint, 4 pour les autres personnes apparentées au chef du ménage, 5 pour les autres personnes non apparentées au chef de ménage et enfin, 6 pour les domestiques;

- Le secteur institutionnel dans l'emploi principal; il présente cinq modalités que sont public, privéformel, informel non agricole, informel agricole et inactif ayant respectivement des codes compris entre 0 et 4.

Le deuxième ensemble a trait aux ressources matérielles et immatérielles qui sont prises en compte par les variables qui suivent:

- Le type d'habitat dont les modalités sont : maison isolée, maison à plusieurs logements, villa moderne, immeuble à appartements, concession/saréet autres. Elles sont codifiées de 0 à 5;

- Le niveau d'instruction; il prend la valeur 0 pour les non scolarisés, 1 pour le primaire, 2 pour le secondaire 1er cycle, 3 pour le secondaire 2ème cycle, 4 pour le supérieur;

- Le temps consacréà l'emploi principal.

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Le troisième groupe appréhende les opportunités socio-économiques des individus qui sont mesurées par les variables que voici :

- Le revenu issu de l'emploi principal;

- Le milieu de résidence qui prend la valeur 0 si l'individu réside en milieu urbain, 1 s'il est en milieu semi-urbain et 2 s'il habite en zone rurale.

En effet, on ne saurait dissocier le phénomène de participation aux emplois secondaires et les gains d'un pluriactif. S'il est vrai que la participation à un emploi donnédépend du niveau du revenu, il n'en demeure pas moins que, sur le marchédu travail, les décisions de choisir ce revenu et d'exercer cet emploi se prennent concomitamment. Il existe donc une interaction entre la pluriactivitéet le revenu. En outre, l'estimation en une seule équation poserait le problème d'endogénéitédu revenu. Pour cela, il faudrait estimer le système d'équations simultanées suivant :

?

?

?

y2i = X2iâ2 + u2i

y* 1i = X1iâ1 + ãy2i + u1i (2)

Dans ce système :

- y1 est une variable dichotomique exprimant la participation aux emplois secondaires. Cette variable prend la valeur 1 lorsque l'individu exerce un emploi secondaire et 0 dans le cas contraire;

- y2 désigne le gain ou salaire mensuel moyen que l'individu obtient dans l'exercice de son emploi principal;

- X1 est le vecteur des caractéristiques socio-économiques, démographiques et des ressources matérielles et immatérielles;

- X2 est le vecteur des variables explicatives de la fonction de gain (constituépar exemple du nombre d'année d'études et du nombre d'années d'expérience professionnelle).

La première relation du système fait intervenir la variable latente inobservable y* 1 que l'on peut interpréter comme la disposition d'un actif à exercer en plus de son activitéprincipale,

au moins une autre activité. La seconde relation permet d'expliquer le revenu issu de l'activitéprincipale d'un pluriactif.

Le calcul des estimateurs du maximum de vraisemblance, suppose qu'on émette des hypothèses sur la loi des erreurs u1 et u2. Dans notre cas on retient l'hypothèse de binormalitételle que :

Déterminants de la pluriactivitéau Cameroun 14

?

?

?u1iN 0 ó21 ñó1ó2 )1

[( ) N ,

u2i 0 ñó1ó2 ó22

(3)

L'hypothèse de binormalitépermet d'écrire u1 sous la forme :

u1i = ñ

ó1

ó2

u2i + í1i

(4)

avec E(í1i/X1i, X2i, y2i) = 0 et var(í1i/X1i, X2i, y2i) = ó2 1(1 ? ñ2), í1i étant une variable aléatoire normale indépendante de u2i. Le modèle latent peut alors s'écrire :

* ó1

y1i = X1iâ1 + ãy2i + ñó2

(y2i - X2iâ2) + í1i (5)

La fonction de vraisemblance associée à ce modèle est formulée comme suit :

" ~ ~# ~

1 1 ~(y2i - X2iâ2)

L = Z1i p X1iâ1 + ãy2i + ñó1 (y2i - X2iâ2) ? (6)

ó1 1 - ñ2 ó2 ó2 ó2

où:

Z1i(x) =

?

?

?

(x) si y1i = 1 (7)

1 - (x) si y1i = 0

Les logiciels ne permettent pas, en général, de déterminer le type d'estimateurs du maximum de vraisemblance spécifiéen (6). Il est cependant possible, au prix d'une moindre efficacitéde ces estimateurs, de mettre en oeuvre une procédure en deux étapes, qui utilise les fonctionnalités standard des logiciels.

On a vu que sous l'hypothèse de binormalitéde la perturbation, l'équation (5) pouvait se réécrire sous la forme :

ó1

y* 1i = X1iâ1 + ãy2i + ñó2

u2i + í1i

(8)

(c) Norbert ASSOGBA & Edouard KALAWA Groupe de travail

dans cette relation í1i est une perturbation homoscédastique, indépendante et identiquement distribuée selon une loi normale. Si u2i était observé, le modèle pourrait s'estimer par la méthode du maximum de vraisemblance comme un modèle probit simple. Ici, on ne dispose pas de la valeur de u2i, mais l'estimation de la seconde équation par les moindres carrés ordinaires en fournit un estimateur sans biais, que l'on peut substituer à la valeur inconnue. On sait par ailleurs que cette substitution permet d'obtenir pour N infini des estimateurs convergents et asymptotiquement normaux des paramètres présents dans l'équation.

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c Norbert ASSOGBA & Edouard KALAWA Groupe de travail

L'estimation de la seconde équation pose un problème étant donnéque la variable dépendante (le revenu principal) est censuréà gauche: on n'observe que le revenu dans un certain intervalle. Si on estime cette équation par MCO sur le seul échantillon des individus pour lesquels Y2 > 0, on obtient des estimateurs biaisés7. Pour ce faire, on utilise l'estimation en deux étapes de Heckman. En une première étape, on estime par un probit simple sur l'ensemble des individus; on récupère le ratio inverse de Mills. En une deuxième étape, on estime par MCO le même modèle en incorporant parmi les variables explicatives le ratio inverse de Mills initialement obtenu. Cette procédure permet de corriger, lorsqu'il existe les biais de sélection et de choisir entre un modèle Tobit et une regression MCO.

L'estimation de l'équation qui précède dans laquelle les résidus U2i sont remplacés par àU2i, au moyen d'un modèle probit simple fournit des estimateurs sans biais et asymptotiquement normaux des paramètres. Leur matrice de variance-covariance asymptotique diffère, cependant, de ce que fournissent les logiciels standards, en raison du remplacement de la variable inconnue par l'imputation. Un moyen commode pour déterminer un estimateur des écart-types des paramètres est d'utiliser une technique de Bootstrap. L'efficacitédes estimateurs en deux étapes sera cependant moindre que celle obtenue par la méthode du maximum de vraisemblance.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard