2 Revue de littérature
La plupart des travaux menés sur la
pluriactivités'intéressent aux ménages ou aux individus
vivant en zone rural ou ayant l'agriculture (Dermenjian M., 2003, p.22) comme
activitéprin-cipale. Elle est le fait d'exercer, en plus de son
activitéprincipale ou habituelle déclarée, une ou
plusieurs autres activités déclarées ou non (Charmes J.,
1990). Cette définition s'applique aussi bien aux secteurs rural
qu'urbain. Ellis (1998) définit la pluriactivitérurale comme
« le processus par lequel les ménages ruraux pratiquent plusieurs
activités rémunératrices en vue de lutter pour la survie
et l'amélioration de leur niveau de vie ». Par contre, pour
Carswell (2002), la pluriactivitéest un processus d'accumulation et de
survie.
Ainsi, la participation aux emplois secondaires s'apparente
à une forme de diversification des activités d'un ménage
et constitue de ce fait, une stratégie pour se préserver des
revenus bas, du chômage et particulièrement des risques
liés à la pauvreté. Selon Dercon5 (2005, P.2),
la capacitédes ménages à mettre en place des
stratégies efficaces de gestion du risque constitue un
5Cit~e par Claire
Gondard-Delcroix dans son ~etude sur »La diversification des
activités et dynamiques de pauvretéen milieu rural malgache,
entre gestion des risques et barrières à
l'entrée»
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c Norbert ASSOGBA & Edouard KALAWA Groupe de
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élément central de l'étude des situations
de pauvretédurable. Il est alors important d'étudier la
pluriactivitépour en faire un instrument de lutte contre la
pauvreté.
Dans les villes africaines, les actifs occupés adoptent
en général la pluriactivitécomme
mo-dalitéimportante pour faire face à la faiblesse des revenus
générés par un emploi principal (Aho et Brisson, 2003). La
pluriactivités'observe surtout en milieu rural oùles
ménages ont recours, en absence de marchés de crédit et
d'assurance efficaces, à une diversification de leurs activités
pour se prémunir, par exemple, d'un choc climatique (Bardhan et Udry,
1999).
Ainsi, la pluriactivitérépondrait à une
logique d'une part conjoncturelle, celle de compenser la faiblesse des revenus
agricoles puis d'autre part structurelle, celle d'assurer à terme le
développement ou la survie de l'exploitation en
contribuant directement ou indirectement àson financement
(Simpson et Kapitany, 1983) et (Schmitt, 1989).
Les études sur la pluriactivitéont connu depuis
quelques années un regain d'intérêt qui se manifeste par un
foisonnement de travaux théoriques et empiriques ayant pour ancrage le
modèle du ménage agricole, producteur et consommateur (Benjamin,
1996). L'utilisation de ce modèle conduit à un revenu suffisant
pour assurer à l'agriculteur et à sa famille un niveau de vie
acceptable (Mendras, 1995).
Une première application de ce modèle (Butault
et al., 1999) montre que les exploitation plu-riactives sont
caractérisées par une capitalisation plus intense nonobstant un
revenu agricole
plus faible. Ce résultat vient alors contredire les
conclusions du modèle puisque la pluriactivitédevrait se
singulariser par un emploi moins intense de facteurs de production,
comparativement aux exploitations sans activitéextérieure.
En effet, Brangeon et Jégouzo (1992) ont
soulignéque la croissance observée de la proportion des revenus
non agricoles dans le revenu global des familles d'agriculteurs mettaient en
cause ce modèle ainsi que les comportements qu'il recouvrait, ce que
viennent corroborer les expériences empiriques.
Dans le modèle agricole, producteur et consommateur,
les choix de production, de consommation et d'offre de travail du ménage
résultent de la maximisation d'une fonction
d'utilitésous un certain nombre de contraintes :
?
???????????? ?
?????????????
Max U(M,l)
?
??????
??????
S/C
M,l,X,La,Le
M = pQ - íX + w Le (1)
Q = f(M,La)
T = l + La + Le
M > 0,l > 0,X > 0,La
> 0,Le > 0
Déterminants de la pluriactivitéau
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c Norbert ASSOGBA & Edouard KALAWA Groupe de
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La première contrainte définit le revenu global
(M) comme le revenu net agricole augmentédu revenu issu de
l'activitéextérieure. La seconde traduit le fait que le
production agricole est
fonction de travail familial (La) et d'autres inputs (X). La
troisième contrainte stipule que la dotation totale en temps du
ménage se répartit entre loisir (l), travail sur l'exploitation
(La) et travail hors exploitation (Le). Les autres contraintes sont des
contraintes de positivité.
Selon ce modèle, la décision de participer aux
emplois secondaires résulte d'un coût d'opportu-nité. Le
ménage devient pluriactif lorsque le prix implicite du travail familial
sur l'exploitation
est inférieur au taux de salaire hors exploitation. Il
détermine alors le volume de travail allouéà
l'activitéagricole en égalisant le prix implicite et le taux de
salaire extérieur. Dans le cas contraire, le ménage décide
de ne pas exercer une activitésecondaire.
Toutefois, certains ménages peuvent souhaiter ne pas
travailler hors de l'exploitation quand bien même la comparaison entre
prix implicite et taux de salaire extérieur tourne en leur faveur. Ceci
s'expliquerait par une imperfectibilitédu marchédu travail ou une
préférence des membres du ménage pour les activités
agricoles. D'après Bollman (1979), quand l'exer-cice d'un emploi
extérieur engendre des coûts de déplacement,
l'hypothèse de perfection du marchéde travail peut être
écartée. Ainsi, des ménages identiques pourraient adopter
des régimes de travail opposés selon que les possibilités
d'emploi soient proches ou non des lieux d'exploitations respectifs.
Le modèle repose sur l'hypothèse implicite de
perfection du marchéde crédit en ce sens qu'un ménage
serait libre d'emprunter autant qu'il le souhaite pour financer ses achats
d'inputs considérés comme un investissement; ce qui n'est pas
toujours vrai. En effet, il existe une asymétrie d'information entre
emprunteurs (ménages) et les banques. Celles-ci, pour octroyer les
prêts tiendront alors compte de la profitabilitédu projet
d'investissement. Au regard de ces réalités, le modèle a
étéamélioréen introduisant une contrainte
supplémentaire de rationnement du crédit en fonction de la
viabilitédu projet d'investissement du ménage.
In fine, comme l'a soulignéCarswell
6, la pluriactivitéest à la
fois un processus d'accumulation ayant pour but l'accroissement des revenus et
comme une stratégie de survie visant à améliorer
le niveau de vie des ménages. Elle a plusieurs causes
dont les plus citées sont : la saisonnalitédes activités
agricoles, les catastrophes naturelles, la pauvreté, . . .
En effet, l'activitéagricole n'étant pratiquable
toute l'année, les ménages qui en dépendent recherchent
des emplois secondaires. Cette recherche peut également être due
à l'insuffisance et à l'instabilitédes revenus issus des
activités agricoles compte tenu de l'influence des aléas
climatiques. De même, selon Mathieu F.R. (1992) et Parrot L. (1998) les
individus en si-
6Carswell G., (2002), opt. cit
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tuation de pauvretéont une préférence
à diversifier leurs activités. Le but
recherchéétant l'accroissement de leurs revenus pour faire face
aux besoins individuels et collectifs.
Certains auteurs ont aussi essayéd'évoquer des
déterminants des formes de diversification des activités. Pour
Reardon(1997), la question des déterminants des différentes
formes de diversification des activités repose sur la segmentation du
marchédu travail rural et la présence de barrières
à l'entrée éliminant ainsi les individus ayant des
ressources limitées des activités les plus
rémunératrices. Par contre, Carter et May (1999), abondent dans
le même sens que Reardon mais soulignent que la faiblesse des dotations
à elle seule est insuffisante pour expliquer la pauvreté. Ils
avancent comme argument la non linéaritédu lien entre le niveau
des dotations et la rémunération.
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