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Déterminants de la pluriactivité au Cameroun

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par Norbert et Edouard ASSOGBA et KALAWA
Institut sous régional de statistique et d'économie appliquée de Yaoundé - Statisticien économiste 0000
  

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2 Revue de littérature

La plupart des travaux menés sur la pluriactivités'intéressent aux ménages ou aux individus vivant en zone rural ou ayant l'agriculture (Dermenjian M., 2003, p.22) comme activitéprin-cipale. Elle est le fait d'exercer, en plus de son activitéprincipale ou habituelle déclarée, une ou plusieurs autres activités déclarées ou non (Charmes J., 1990). Cette définition s'applique aussi bien aux secteurs rural qu'urbain. Ellis (1998) définit la pluriactivitérurale comme « le processus par lequel les ménages ruraux pratiquent plusieurs activités rémunératrices en vue de lutter pour la survie et l'amélioration de leur niveau de vie ». Par contre, pour Carswell (2002), la pluriactivitéest un processus d'accumulation et de survie.

Ainsi, la participation aux emplois secondaires s'apparente à une forme de diversification des activités d'un ménage et constitue de ce fait, une stratégie pour se préserver des revenus bas, du chômage et particulièrement des risques liés à la pauvreté. Selon Dercon5 (2005, P.2), la capacitédes ménages à mettre en place des stratégies efficaces de gestion du risque constitue un

5Cit~e par Claire Gondard-Delcroix dans son ~etude sur »La diversification des activités et dynamiques de pauvretéen milieu rural malgache, entre gestion des risques et barrières à l'entrée»

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c Norbert ASSOGBA & Edouard KALAWA Groupe de travail

élément central de l'étude des situations de pauvretédurable. Il est alors important d'étudier la pluriactivitépour en faire un instrument de lutte contre la pauvreté.

Dans les villes africaines, les actifs occupés adoptent en général la pluriactivitécomme mo-dalitéimportante pour faire face à la faiblesse des revenus générés par un emploi principal (Aho et Brisson, 2003). La pluriactivités'observe surtout en milieu rural oùles ménages ont recours, en absence de marchés de crédit et d'assurance efficaces, à une diversification de leurs activités pour se prémunir, par exemple, d'un choc climatique (Bardhan et Udry, 1999).

Ainsi, la pluriactivitérépondrait à une logique d'une part conjoncturelle, celle de compenser la faiblesse des revenus agricoles puis d'autre part structurelle, celle d'assurer à terme le

développement ou la survie de l'exploitation en contribuant directement ou indirectement àson financement (Simpson et Kapitany, 1983) et (Schmitt, 1989).

Les études sur la pluriactivitéont connu depuis quelques années un regain d'intérêt qui se manifeste par un foisonnement de travaux théoriques et empiriques ayant pour ancrage le modèle du ménage agricole, producteur et consommateur (Benjamin, 1996). L'utilisation de ce modèle conduit à un revenu suffisant pour assurer à l'agriculteur et à sa famille un niveau de vie acceptable (Mendras, 1995).

Une première application de ce modèle (Butault et al., 1999) montre que les exploitation plu-riactives sont caractérisées par une capitalisation plus intense nonobstant un revenu agricole

plus faible. Ce résultat vient alors contredire les conclusions du modèle puisque la pluriactivitédevrait se singulariser par un emploi moins intense de facteurs de production, comparativement aux exploitations sans activitéextérieure.

En effet, Brangeon et Jégouzo (1992) ont soulignéque la croissance observée de la proportion des revenus non agricoles dans le revenu global des familles d'agriculteurs mettaient en cause ce modèle ainsi que les comportements qu'il recouvrait, ce que viennent corroborer les expériences empiriques.

Dans le modèle agricole, producteur et consommateur, les choix de production, de consommation et d'offre de travail du ménage résultent de la maximisation d'une fonction d'utilitésous un certain nombre de contraintes :

?

???????????? ?

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Max U(M,l)

?

??????

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S/C

M,l,X,La,Le

M = pQ - íX + w Le (1)

Q = f(M,La)

T = l + La + Le

M > 0,l > 0,X > 0,La > 0,Le > 0

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c Norbert ASSOGBA & Edouard KALAWA Groupe de travail

La première contrainte définit le revenu global (M) comme le revenu net agricole augmentédu revenu issu de l'activitéextérieure. La seconde traduit le fait que le production agricole est

fonction de travail familial (La) et d'autres inputs (X). La troisième contrainte stipule que la dotation totale en temps du ménage se répartit entre loisir (l), travail sur l'exploitation (La) et travail hors exploitation (Le). Les autres contraintes sont des contraintes de positivité.

Selon ce modèle, la décision de participer aux emplois secondaires résulte d'un coût d'opportu-nité. Le ménage devient pluriactif lorsque le prix implicite du travail familial sur l'exploitation

est inférieur au taux de salaire hors exploitation. Il détermine alors le volume de travail allouéà l'activitéagricole en égalisant le prix implicite et le taux de salaire extérieur. Dans le cas contraire, le ménage décide de ne pas exercer une activitésecondaire.

Toutefois, certains ménages peuvent souhaiter ne pas travailler hors de l'exploitation quand bien même la comparaison entre prix implicite et taux de salaire extérieur tourne en leur faveur. Ceci s'expliquerait par une imperfectibilitédu marchédu travail ou une préférence des membres du ménage pour les activités agricoles. D'après Bollman (1979), quand l'exer-cice d'un emploi extérieur engendre des coûts de déplacement, l'hypothèse de perfection du marchéde travail peut être écartée. Ainsi, des ménages identiques pourraient adopter des régimes de travail opposés selon que les possibilités d'emploi soient proches ou non des lieux d'exploitations respectifs.

Le modèle repose sur l'hypothèse implicite de perfection du marchéde crédit en ce sens qu'un ménage serait libre d'emprunter autant qu'il le souhaite pour financer ses achats d'inputs considérés comme un investissement; ce qui n'est pas toujours vrai. En effet, il existe une asymétrie d'information entre emprunteurs (ménages) et les banques. Celles-ci, pour octroyer les prêts tiendront alors compte de la profitabilitédu projet d'investissement. Au regard de ces réalités, le modèle a étéamélioréen introduisant une contrainte supplémentaire de rationnement du crédit en fonction de la viabilitédu projet d'investissement du ménage.

In fine, comme l'a soulignéCarswell 6, la pluriactivitéest à la fois un processus d'accumulation ayant pour but l'accroissement des revenus et comme une stratégie de survie visant à améliorer

le niveau de vie des ménages. Elle a plusieurs causes dont les plus citées sont : la saisonnalitédes activités agricoles, les catastrophes naturelles, la pauvreté, . . .

En effet, l'activitéagricole n'étant pratiquable toute l'année, les ménages qui en dépendent recherchent des emplois secondaires. Cette recherche peut également être due à l'insuffisance et à l'instabilitédes revenus issus des activités agricoles compte tenu de l'influence des aléas climatiques. De même, selon Mathieu F.R. (1992) et Parrot L. (1998) les individus en si-

6Carswell G., (2002), opt. cit

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tuation de pauvretéont une préférence à diversifier leurs activités. Le but recherchéétant l'accroissement de leurs revenus pour faire face aux besoins individuels et collectifs.

Certains auteurs ont aussi essayéd'évoquer des déterminants des formes de diversification des activités. Pour Reardon(1997), la question des déterminants des différentes formes de diversification des activités repose sur la segmentation du marchédu travail rural et la présence de barrières à l'entrée éliminant ainsi les individus ayant des ressources limitées des activités les plus rémunératrices. Par contre, Carter et May (1999), abondent dans le même sens que Reardon mais soulignent que la faiblesse des dotations à elle seule est insuffisante pour expliquer la pauvreté. Ils avancent comme argument la non linéaritédu lien entre le niveau des dotations et la rémunération.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard