C) Période Bamakoise : naissance et
reconnaissance d'un art contemporain Africain
1. Création du festival de la photographie
contemporaine de Bamako
L'apparition d'un nouveau visage africain est née vers
1980-1990. C'est à cette époque que la définition du monde
n'est plus l'apanage exclusif des pays riches. Les premières
théories sur la globalisation, qui ne sont pas sans rappeler celles de
l'universalisme des siècles passés, commencent à fleurir.
C'est dans ce contexte mondial qu'on voit apparaître la
nécessité de parler de l'art contemporain en Afrique.
Au départ, la production contemporaine en Afrique est
connue d'un cercle initié en Europe, et plus particulièrement
à Paris. Cependant, vers les années 1990, le regard intellectuel
et artistique s'est affiné vers cette production. Plusieurs
spécialistes se sont dès lors joints au groupe d'initiés ;
conservateurs et commissaires d'art contemporain ; qui vont apporter leur
formation et orientation artistique dans la réflexion récente sur
la question d'un art contemporain en Afrique.
C'est dans cette mouvance que le festival de la photographie
contemporaine de Bamako a été crée en 1994 par deux
photographes français : Françoise Huguier et Bernard Deschamps,
que le hasard allait mettre devant les travaux de Seydou Keita et Malick
Sidibé10. D'un point de vue économique et politique,
le Mali rentre dans une phase démocratique et le nouveau gouvernement
souhaite investir dans la création artistique en ouvrant des espaces
d'expression et en soutenant des projets fédérateurs autour du
patrimoine et de la créativité.
Pour les deux photographes français, le but de la
première édition de 1994 était de rassembler les oeuvres
d'une cinquantaine de photographes venus d'une quinzaine de pays africains, ce
qui permettait de produire une vingtaine d'expositions et de souligner la
richesse d'un secteur encore méconnu de la création africaine
dans ses dimensions artistiques, économiques, historiques et
documentaires. Cette édition a permis de rompre l'isolement des
photographes, en leur proposant de se rencontrer et d'échanger. Devant
le succès fulgurant,
10 Malick Sidibé, né en 1936 à Soloba,
cercle de Yanfolila au Mali, est un photographe malien, surnommé «
l'oeil de Bamako ».
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les organisateurs, ont, à ce moment là,
décidé de faire de Bamako, une vitrine de la création
africaine dans le domaine de la photographie.
Après 1994, une direction malienne est mise en place,
composée d'un commissaire général et d'un adjoint. Un
directeur artistique est désigné et un réseau de
commissaires africains est constitué. Très vite, une convention
associant le ministère de la Culture et de la Communication du Mali, la
Mission française de Coopération et d'Action Culturelle à
Bamako et Afrique en Créations11 a été
signée pour renforcer les accords du partenariat déjà
instauré et pour assurer le bon développement du programme dans
la perspective des Rencontres de 1996. Les expositions présentées
lors des Rencontres ont été diffusées en France (Galerie
FNAC, Fondation Cartier, Centre National de la Photographie), et des stages de
formation en faveur des photographes africains ont eu lieu à Abidjan,
Angoulême, Arles et Bamako.
11 Afrique en Création est un département de
Cultures France qui développe des projets portant essentiellement sur le
continent africain.
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