2. Invention de nouvelles formes
Comme nous venons de le constater, les photographies
étudiées se présentent sous des aspects différents.
Cependant, leur réalisme nous permet de retracer le geste du
photographe, son regard, sa personnalité mais aussi ses influences et sa
technique. Dans cette sous-partie, nous allons nous intéresser à
sa technique.
![](Technique-et-esthetique-des-photographies-de-la-7eme-edition-du-festival-de-la-photographie-conte9.png)
4%
4%
4%
6%
4%
21%
Techniques
25%
19%
13%
Photo montage Recherche de perspective Photo artistique Photo
prise au sol Photo portrait
Photo préparée - mise en scène
Mode rafale
Photo studio
Photo prise à la volée
Ce premier graphique nous montre les différentes
façons de travailler des photographes. En effet, les oeuvres
proposées ont été élaborées selon des
techniques différentes dont la principale catégorie
(25%) peut être qualifiée de « photographie
artistique ». Ces photographes ont cherché à exprimer le
beau empirique au travers de leur appareil photo. A contrario, la
deuxième catégorie de photographies (21%)
correspond aux photos prises à la « volée » c'est
à dire que les photographes ont photographié leur sujet au hasard
selon les traditions du reportage photo. À côté de
ça, on trouve les photographies montages (19%) et les
photographes qui ont favorisé la recherche de perspective dans leur
prise de vue (13%).
45
À côté de ces résultats, nous
allons également trouver des photographies de type portrait
(6%), des prises de vue tirées uniquement du sol
(4%), des photographies préparées en avance avec
des mises en scène particulière (4%), certains
photographes ont favorisé la technique du mode rafale de leur appareil
photo numérique (4%) et enfin, des clichés pris
selon la technique des studio photo (4%). On notera
également que environ 30% des photographes n'ont pas
préparé leur prise de vue contre 70%.
Ces premières données, nous permettent de
constater un premier élément : cette nouvelle
génération d'artiste est hétérogène. Nous
pouvons déjà déceler différentes
personnalités artistiques qui utilisent des techniques
parallèles. Ces différences s'expliquent par leur formation. En
effet, certaines formations vont favoriser le reportage photographique à
la technique, d'autres l'inverse. Comme nous le savons, il existe plusieurs
métiers de photographes : photographe-reporter, photographe de mariage,
photographe d'architecture, photographe de studio, etc. Qu'on soit en Afrique
ou en Europe, il existe différentes façons de réussir dans
ce métier et de se spécialiser dans un domaine bien
précis. Cette spécialisation va dépendre des études
suivies. En l'occurrence, les analyses précédentes nous montrent
que les photographes africains ont aujourd'hui, différents profils
professionnels.
La différence se poursuit dans le choix de
l'utilisation de la couleur ou des clichés en noir et blanc. Ils sont
majoritairement 55% à réaliser des photographies
en couleurs, contre 41% en noir et blanc. Seul 4%
utilisent les deux techniques. On notera le retour important du noir
et blanc dans les clichés. En effet, comme nous l'avions
expliqué, avant l'arrivée des studios photo, les anciens
privilégiaient le noir et blanc car, selon eux, cela correspondait plus
à la réalité du monde. Les studiotistes vont eux
privilégier les clichés en couleur, symbole de modernité
à l'époque. Aujourd'hui, on s'aperçoit que les deux
techniques sont utilisées de façon presque égale. Si on
prend quelques exemples de photographes connus dans le monde entier comme
Cartier-Bresson ou Doisneau, leur photographie comptait un grand nombre de
clichés en noir et blanc. L'ouverture des photographes africains
à l'internationale leur a permis de connaître ces oeuvres et
d'avoir le choix technique et artistique. Tandis que les studiotistes
étaient guidés et régis par des codes techniques et
esthétiques, la nouvelle génération se retrouve
confrontée à une liberté artistique d'où ce retour
au noir et blanc.
46
De même, on l'a déjà expliqué, pour
un studiotiste, l'erreur du placement est fatale pour l'agencement harmonieux
des objets et des individus puisque tout est régi et codé par des
règles bien précises. On sait également qu'ils
recherchaient la netteté dans leur cliché, symbole d'une bonne
photographie, refusant ainsi d'explorer le potentiel de leur appareil photo.
C'est à partir de ces éléments que nous avons choisi
d'analyser le choix du cadrage et de l'optique des photographes africains
contemporains.
Cadrage et optique
Centrage / net
Décentrage / net
Centrage / flou
Décentrage / flou
Choix du cadrage variable /
net
Choix du cadrage variable / flou
![](Technique-et-esthetique-des-photographies-de-la-7eme-edition-du-festival-de-la-photographie-conte10.png)
8%
31%
18%
4%
37%
2%
Les photographies analysées sont à 37%
décentrées et nettes, contre 31% qui
ont leur sujet centré et net. Il faut savoir que le décentrage
d'une photographie est un fait contemporain, ainsi que le flou et
l'iréel qui correspond ici à 4% de photographies
centrées et floues contre 18% décentrées
et floues. On notera quelques photographes qui ont opté pour des
cadrages variables dont 8% sont nets et 2%
sont flous.
Toutes ces données nous permettent de constater que ces
artistes cherchent à casser les codes de la photographie de studio.
Rappelons-le les studiotistes devaient rester en accord avec la vision
naturelle d'où la recherche de la netteté et proscrire les
positions anarchiques. Aujourd'hui, les photographes africains ont
dépassé cette mentalité et explorent les
possibilités techniques qu'offrent le numérique ou
l'argentique.
47
|