3.3. Analyse des dossiers de crédits à
la CBAO : évaluation financière de l'entreprise
· Méthodologie d'analyse d'un dossier de
crédit
L'analyse d'un dossier de crédit est faite à
partir d'un certain nombre d'éléments que la
société devra respecter afin de lui permettre l'accès aux
crédits. A cet effet, la société devra avoir un compte
commercial qui fonctionne déjà sans incident ou bien
procéder à l'ouverture de compte dans le cadre de la demande de
crédit.
Aussi, il faut :
- justifier son existence juridique par un
récépissé, les statuts, le numéro du registre de
commerce, etc.
- faire une demande de crédit précisant :
le nom de la société, son numéro de compte, le type
d'activité, le montant du fonctionnement, la garantie à proposer
et l'objet du prêt.
Sont généralement annexés à la
demande de crédit :
- les états financiers de la
société ;
- le compte d'exploitation prévisionnelle ;
- l'étude technique du projet.
L'entreprise qui sollicite une ligne de crédit ou une
augmentation de crédit fait en général l'objet d'une
étude de la banque. Celle-ci recherche les motifs et le fondement de la
demande par le biais d'un service qui vérifiera également si les
entrées espérées permettront d'assurer la
résorption permanente ou cyclique du concours demandé. Le montant
du crédit peut varier en fonction de l'entreprise, des besoins, de
l'objet, de la garantie accordée et de la situation du client
vis-à-vis de la banque. Dans tous les cas, ce montant dépasse
rarement un mois de chiffre d'affaires toutes taxes comprises.
Aussi une cellule très importante du compartiment de la
clientèle commerciale a pour mission principale de préparer et
d'élaborer les dossiers de crédits (de défendre le client
pour qu'il accède à un financement).
Cela implique notamment :
- le recueil et le traitement d'informations ;
- l'étude des demandes de crédit et
l'établissement d'une proposition à la Direction
Générale ;
- le soin de mener à bien la réalisation des
crédits ;
- le suivi des dossiers.
De ce fait, à la réception du dossier, le
responsable chargé de clientèle commerciale juge la pertinence du
projet. Si le dossier est pertinent, il le présente au responsable du
service-banque qui sera chargé à son tour de l'affecter à
un rédacteur. Si c'est un ancien client, le rédacteur
vérifiera d'abord l'état de ses engagements et sera ensuite
chargé du montage du dossier.
Le montage du dossier comporte quatre points
fondamentaux :
- la mention des différentes lignes de crédits
sollicitées ;
- leur durée et le taux de référence
appelé taux de base bancaire (9%) plus une marge ne dépassant pas
5% et qui pourra varier en fonction du client, c'est-à-dire de sa
relation avec sa banque, du montant du crédit et bien d'autres
éléments ;
- une Taxe sur les Opérations Bancaires (TOB) qui est
de 17% et qui est destinée à l'Etat.
Cependant, le constat que l'on fait généralement
est que la plupart des dossiers fournis par les PME n'était pas fiable
et/ou complet.
Dans tous les cas, la banque est obligée de faire sa
propre analyse avec les éléments fournis par le client en
procédant à des modifications (établissement de compte
prévisionnel par exemple) au fur et à mesure que le
rédacteur fait l'étude.
Un certain nombre d'éléments est
nécessaire pour une meilleure analyse d'un dossier.
Il s'agit :
- du diagnostic culturel, juridique et fiscal ;
- de l'analyse de l'activité et de sa
rentabilité ;
- du diagnostic de la situation financière ;
- de l'appréciation des garanties
proposées ;
- du point sur les relations bancaires.
· L'analyse du bilan
L'analyse du bilan s'intéresse surtout aux fonds
propres et au fonds de roulement qui permet d'apprécier la
rentabilité et la solvabilité de l'entreprise. Le bilan informe
aussi le banquier sur les engagements de l'entreprise avec d'autres
institutions.
L'examen des capitaux propres vérifie si les dirigeants
de l'entreprise maintiennent un rapport satisfaisant entre l'évolution
des capitaux propres et l'endettement. En effet, lorsque ce rapport est
positif, il met en relief l'indépendance financière d'une
entreprise.
· Fond de Roulement
Selon la règle fondamentale de finance, les ressources
stables financent les emplois stables (actif immobilisé).
L'idéal voudrait que le fond de roulement soit
positif.
· Besoin en Fond de Roulement
Il représente le volume réel des capitaux
circulants à financer. Ce sont les ressources financières
à dégager afin de couvrir les engagements à court terme
(exploitation) de l'entreprise. Ce solde doit être négatif
· Trésorerie Nette
Tout déséquilibre entre le fond de roulement et
le besoin en fond de roulement affecte la trésorerie.
Lorsque la trésorerie est négative, cela
signifie que le fond de roulement ne parvient pas à financer le besoin
en fond de roulement.
Au niveau de l'entreprise, ceci se traduit par un recours de
financement à court terme pour assurer le financement de son cycle
d'exploitation.
Lorsque la trésorerie est positive, le fond de
roulement est suffisant pour couvrir les besoins du cycle d'exploitation et
assez pour dégager un excédent de trésorerie. Et parfois,
elle indique un état de surliquidité révélateur
d'absence d'une véritable politique stratégique ou d'un sous
emploi des capitaux.
Une trésorerie nulle indique un équilibre entre
le FR et BFR ; ceci équivaut à la situation d'une entreprise
équilibrée. Il faut dire que ce cas reste inexistant dans les
dossiers étudiés par la banque.
· Le compte de résultat
Le compte résultat restitue le niveau de
l'activité ainsi que la structure des coûts. Il est le support de
l'analyse de performances économiques et financières de
l'entreprise, donnant les points clés de cette appréciation que
sont le chiffre d'affaires et l'analyse des agrégats suivants : La
valeur ajoutée (VA), l'excédent brut d'exploitation (EBE), le
résultat d'exploitation (RE), le résultat net (RN) et la
capacité d'autofinancement (CAF).
Le chiffre d'affaires est évidemment un
élément clé de l'évolution de la rentabilité
de l'entreprise, car il correspond à la somme des ventes des
marchandises et de la production vendue de biens et services. Son
évolution permet de mesurer le dynamisme commercial de l'entreprise.
L'analyse de la Valeur Ajoutée (VA) permet à la
banque d'évaluer la nouvelle richesse créée par
l'entreprise et destinée à rémunérer ses
différents facteurs de production : l'Etat, le Personnel, les
créanciers, les actionnaires...
Valeur Ajoutée = Production de l'exercice +
chiffre d'affaires - les Consommations
Ainsi la valeur ajoutée permet de juger la performance
interne de l'entreprise.
L'Excédent Brut d'Exploitation est la ressource que
l'entreprise tire de son activité courante avant toute influence de sa
structure de financement et avant dotation aux comptes de provisions et
d'amortissements. Il est donc un instrument de mesure des performances
économiques de l'entreprise.
EBE = VA + Subventions d'exploitation - Impôts et
taxes - charges de personnel
L'Excédent Brut d'Exploitation qui n'est pas
influencé par la politique d'amortissement et de provision de
l'entreprise ou par la politique de financement, sera souvent utilisé
pour effectuer des comparaisons avec d'autres entreprises du même
secteur.
L'Excédent Brut d'Exploitation permet de mesurer la
capacité de l'entreprise :à rémunérer les
capitaux empruntés puisqu'il permet de faire face aux charges
financières, à maintenir et développer l'outil de
production, à travers les dotations aux amortissements, à couvrir
les risques au moyen des dotations pour dépréciation
d'éléments d'actif et les provisions pour risques et charges,
à dégager un autofinancement.
Le résultat d'exploitation représente les
performances de l'entreprise en termes de rentabilité commerciale et
industrielle. Il est la différence entre les produits d'exploitation et
les charges d'exploitation et s'exprime par la relation suivante :
Résultat d'Exploitation = EBE + autres produits -
autres charges + reprises - dotation aux amortissements et provisions
d'exploitation uniquement
Indépendant de la politique financière et
fiscale de l'entreprise et prenant en considération les aspects
négligés par l'Excédent Brut d'Exploitation comme l'usure
de l'outil de production et la dépréciation des actifs
réalisables, il est très utile pour la banque.
La banque recourt de moins en moins à la notion de
résultat net qui, essentiellement théorique mesure
l'enrichissement de l'entreprise au cours d'un exercice. En effet, le
résultat net n'est pas toujours très significatif pour le
banquier dans la mesure où il dépend de la politique
d'amortissement de l'entreprise.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, le banquier va plus
s'intéresser à la capacité d'autofinancement (CAF),
considérée comme un véritable indicateur de performance de
l'entreprise.
La capacité d'autofinancement (CAF) constitue un flux
potentiel de trésorerie qui doit permettre à l'entreprise de
faire face aux dépréciations de valeur de son outil de
production, aux besoins de financement de sa croissance et de
rémunérer ses actionnaires.
La capacité d'autofinancement est un
élément important de mesure des performances de l'entreprise, de
son aptitude à rémunérer les capitaux investis et de ses
possibilités de faire face aux charges de remboursement d'emprunts.
La CAF se calcule soit à partir de l'Excédent
Brut d'Exploitation (méthode soustractive), soit à partir du
résultat de l'exercice (méthode additive).
Elle mesure ainsi la capacité de l'entreprise
à : couvrir ses risques par les dotations aux provisions, financer
ses investissements et son développement en préservant
l'indépendance financière de l'entreprise, rembourser les
crédits accordés par les banques, rémunérer les
associés (dividendes),
Les banques, en comparant la CAF aux montant des dettes
financières, mesurent la capacité de remboursement de
l'entreprise. Celles-ci sont attentives à l'évolution du ratio
suivant : dettes financières / CAF
Ce ratio indique la capacité de l'entreprise à
rembourser ses dettes. Un ratio égal à trois par exemple indique
que l'entreprise met trois ans à se libérer.
3.2.4. Garanties exigées
Elles constituent un gage de remboursement du crédit
alloué. Selon la nature du crédit sollicité par le client,
le créancier définit le type de sûreté qu'il doit
apporter pour y accéder.
De plus, la structure qui sollicite le crédit est
d'autant plus petite que les préteurs s'entourent de précautions
pour prévenir le risque de non remboursement.
Lorsqu'il s'agit de crédit objectif c'est-à-dire
destiné à financer une opération, le problème de la
garantie est simultanément réglée par le bien que le
crédit a permis d'acquérir (crédit bail par exemple).
Par contre lorsqu'il s'agit de crédit subjectif,
destiné à financer l'activité de manière globale de
l'entreprise, le créancier s'entoure de garanties.
Les garanties sont constituées de sûretés
personnelles (cautionnement) et de sûretés réelles (gage,
hypothèque, nantissement).
Les entreprises considèrent que les garanties
exigées par les banques sont souvent excessives et contraignantes pour
elles.
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