La réception des actes intrinsèquement mauvais d'après Bernard HàĪring( Télécharger le fichier original )par Daniel KIMBMBA KAHYA Université catholique du Congo - Licence 2012 |
IV.2.3. Le sens de la vie en AfriquePour dégager les perspectives africaines de la bioéthique, le professeur Muyengo part de la conception africaine de la vie : Selon lui, en Afrique, la vie est le bien le plus précieux sur la terre. Elle se poursuit au-delà de la mort.342(*) Ainsi, pour l'africain, la vie n'est pas détruite par la mort mais la mort lui donne la possibilité de changer de condition.343(*) Il tire de cette conception deux conséquences majeures à savoir: la procréation comme la fin ultime de tout homme et une éthique centrée sur l'homme.344(*) Abordant dans le même sens, le pape Jean Paul II affirme : « Dans la culture et la tradition africaines, le rôle de la famille est universellement considéré comme fondamental. Ouvert à ce sens de la famille, de l'amour et du respect de la vie, l'Africain aime les enfants, qui sont accueillis joyeusement comme un don de Dieu. « Les fils et les filles de l'Afrique aiment la vie. De cet amour de la vie découle leur grande vénération pour leurs ancêtres. Ils croient instinctivement que les morts ont une autre vie, et leur désir est de rester en communication avec eux. » (EA 43) Benoît XVI n'a pas hésité a souligné cette vision africaine de la vie : « Dans la vision africaine du monde, dit-il, la vie est perçue comme une réalité qui englobe et inclut les ancêtres, les vivants et les enfants à naître, toute la création et tous les êtres : ceux qui parlent et ceux qui sont muets, ceux qui pensent et ceux qui n'ont point de pensée. L'univers visible et invisible y est considéré comme un espace de vie des hommes, mais aussi comme un espace de communion où des générations passées côtoient invisiblement les générations présentes, elles-mêmes mères des générations à venir. » (AM 69) Ainsi, estime le professeur Muyengo, pour l'africain, « est bon ce qui contribue à l'éclosion de la vie, à sa conservation, sa protection, ce qui épanouit ou augmente le potentiel vital de l'individu et de la communauté. Par contre tout acte présumé préjudiciable à la vie des individus ou de la communauté passe pour être mauvais. »345(*) Dans le même ordre d'idées, Jean Paul II le dit en ces termes : « Les Africains respectent la vie qui est conçue et qui naît. Ils apprécient la vie et rejettent l'idée qu'elle puisse être supprimée, même quand de soi-disant civilisations progressistes veulent les conduire dans cette voie. Des pratiques contraires à la vie leur sont toutefois imposées par le biais de systèmes économiques qui ne servent que l'égoïsme des riches. » (EA 43) Benoît XVI revient, dans Africae munus, revient sur ces pratiques opposés à la vie, que Jean Paul II avaient déjà dénoncées : « Au nombre des dispositions visant à protéger la vie humaine sur le continent africain, les Pères synodaux ont tenu à souligner les aspects discutables de certains documents émanant d'organismes internationaux: en particulier ceux concernant la santé reproductive des femmes. L'Église sait que nombreux sont ceux - individus, associations, bureaux spécialisés ou États - qui rejettent une doctrine saine à ce sujet. Nous ne devons pas craindre l'hostilité ou l'impopularité mais refuser tout compromis et toute ambiguïté qui nous conformeraient à la mentalité de ce monde » (AM 70-71) Et à propos, le rappelle que la position de l'Église ne souffre aucune ambiguïté quant à l'avortement. L'enfant dans le sein maternel est une vie humaine à protéger. « L'avortement, qui consiste à supprimer un innocent non né, est contraire à la volonté de Dieu, car la valeur et la dignité de la vie humaine doivent être protégées depuis la conception jusqu'à la mort naturelle. L'Église en Afrique et dans les îles voisines doit s'engager à aider et à accompagner les femmes et les couples tentés par l'avortement, et à être proche de ceux qui en ont fait la triste expérience afin de les éduquer au respect de la vie. » (AM 70) Dans le même registre des phénomènes qui propagent la culture de la mort en Afrique, Benoît XVI déclare : « Sur la vie humaine en Afrique pèsent de lourdes menaces. Il faut déplorer, comme ailleurs, les ravages de la drogue et les abus de l'alcool qui détruisent le potentiel humain du continent et affligent surtout les jeunes. Le paludisme, ainsi que la tuberculose et le sida, déciment les populations africaines et compromettent gravement leur vie socio-économique. Le problème du sida, en particulier, exige certes une réponse médicale et pharmaceutique. Celle-ci est cependant insuffisante car le problème est plus profond. Il est avant tout éthique. Le changement de comportement qu'il requiert - par exemple : l'abstinence sexuelle, le refus de la promiscuité sexuelle, la fidélité dans le mariage -, pose en dernière analyse la question du développement intégral qui demande une approche et une réponse globales de l'Église. Car pour être effective, la prévention du sida doit s'appuyer sur une éducation sexuelle elle-même fondée sur une anthropologie ancrée dans le droit naturel, et illuminée par la Parole de Dieu et l'enseignement de l'Église. » (AM 70) Comme on peut le constater, partant de ce qui précède, l'Afrique est confronté à plusieurs problèmes mais le pape a insisté sur deux problèmes particuliers : l'avortement et le sida. Dans le cadre de notre sujet nous voulons revenir sur ces deux problèmes, c'est-à-dire, comprendre comment le problème de l'avortement et du sida se pose particulièrement en Afrique, comment y remédier, quels sont les enjeux de différentes solutions... IV.2.3.1. Le problème de l'avortement en AfriqueDans la plupart des pays africains, l'avortement provoqué reste encore légalement interdit et n'est autorisé que pour des raisons médicales. Le code pénal de la plupart des pays africains prévoit des sanctions assez lourdes à l'encontre des personnes accusées d'actes d'avortement provoqué.346(*) En effet, dans la plupart des pays africains, l'accès à l'avortement est interdit ou très restrictif. Les législations sur l'avortement sont le plus souvent des réminiscences du passé colonial : dans les pays francophones, de la loi française de 1920 relative à la contraception et à l'avortement et dans les pays anglophones, elles sont inspirées de la loi anglaise de 1861 relative aux délits des personnes. Parmi 53 pays d'Afrique, 25 n'autorisent l'avortement que si la vie de la mère est en danger et le Soudan ajoute à cette condition la possibilité d'avorter en cas de viol ou d'inceste. Le Zimbabwe l'autorise pour sauver la santé physique ou mentale de la femme et en cas de viol, d'inceste ou de malformation du foetus. Dans 23 pays, l'avortement n'est possible que si la vie, la santé physique ou mentale sont menacées, le Cameroun en plus de ces conditions stipule que l'avortement est également possible en cas de viol ou d'inceste, et 6 autres pays ajoutent à ces possibilités le recours à l'avortement en cas de malformation du foetus. La Zambie a libéralisé l'avortement pour des raisons économiques ou sociales ainsi qu'en cas de malformation du foetus. Dans trois pays seulement l'avortement est pratiqué à la demande : le Cap Vert, la Tunisie et l'Afrique du Sud. Mais son accès est parfois subordonné à d'autres restrictions : à des autorisations parentales ou maritales, à des indications de santé, à l'accord de médecins, à l'accès à des structures sanitaires spécifiques et d'un délai légal de grossesse ... autant de facteurs de blocage. Ces conditions rendent difficile la pratique de l'avortement surtout en zone rurale où la couverture sanitaire est insuffisante. A cet effet, Benoît XVI salue le courage des gouvernements africains qui ont légiféré contre la culture de mort, dont l'avortement est une expression dramatique, au bénéfice de la culture de la vie. (Cfr. AM 71) Malgré cette interdiction, la pratique des avortements clandestins, surtout chez les adolescentes, est devenue une réalité préoccupante en Afrique, aussi bien pour les pouvoirs publics que pour les familles. Le contexte de pauvreté globale et de crise morale que connaît le Continent semble favoriser cette pratique.347(*) Il ressort des résultats d'enquêtes démographiques et de santé réalisée dans de nombreux pays africains, que les adolescents sont sexuellement très actifs. On note également que l'utilisation des méthodes contraceptives, notamment le condom, est relativement faible chez les adolescents, surtout chez les filles. Par ailleurs, le niveau de fécondité de ces dernières reste quasiment stationnaire, sinon en baisse. On peut donc supposer qu'il y a une très forte pratique des avortements provoqués chez les adolescentes, consécutive à la forte prévalence des grossesses non désirées, surtout en milieu scolaire.348(*) En plus de la répression de l'avortement par les pouvoirs publics, les pressions socioculturelles vis-à-vis des filles mères, le coût élevé du recours modernes et les charges liés à l'éducation des enfants dans une situation de manque d'emploi font que la plupart des avortements, surtout chez les pauvres, se déroulent dans la clandestinité et ce dans de très mauvaises conditions. 349(*) En plus des problèmes de mortalité et de santé, l'avortement pose aussi de graves problèmes sociaux, sachant que la procréation est valorisée dans les sociétés africaines. Il faut noter également que les avortements provoqués peuvent aussi avoir un impact sur la scolarisation des filles. En effet, pour certains parents, envoyer les enfants (surtout les filles) à l'école est synonyme de grossesses non désirées et d'avortements provoqués. Ils préfèrent donc les garder à côté d'eux pour mieux les surveiller plutôt que les savoir ailleurs où elles peuvent se livrer à la débauche. A ce propos note Zanou: « En milieu scolaire aussi, les jeunes adolescentes sont fréquemment victimes de violences sexuelles, de la part d'élèves plus âgés ou d'enseignants. Quand elles cèdent, au professeur ou aux garçons, et tombent enceinte, ce sont elles qui en subissent les conséquences : avortement provoqué clandestin avec tous les risques que cela comporte, abandon volontaire de l'école ou renvoi.350(*) » Face à cette situation, deux positions se dessinent : d'une part les organismes internationaux (OMS, Commission économique des Nations unies pour l'Afrique, l'ONG pro-avortement Ipas, d'envergure mondiale, FEMNET, désormais actif sous le nom d'African Network for medical abortion, AMNA, un organisme panafricain luttant pour l'accès de toutes à l'avortement médicalisé et légal, la Fédération internationale du Planning familial (IPPF), Marie Stopes International, Human Life International etc.351(*) qui militent pour la légalisation de l'avortement, et d'autre part, l'Eglise catholique qui reste ferme sur sa position et condamne l'avortement en la qualifiant d'actes intrinsèquement mauvais. En effet, depuis un certain temps, La machinerie onusienne d'application de la santé reproductive et ses partenaires ONGs transnationaux augmentent la pression sur les institutions régionales africaines et tous les gouvernements africains afin qu'ils légalisent l'avortement et rendent cette pratique sans risques. Telle était déjà l'intention de la conférence onusienne du Caire sur la population de 1994, où un prétendu consensus mondial sur la santé et les droits reproductifs a été adopté.352(*) Mais il y a maintenant multiplication d'initiatives exerçant agressivement pression sur les gouvernements africains afin qu'ils accélèrent leur application du Caire, et une identification explicite de l'avortement sans risques comme priorité urgente de la plateforme politique africaine.353(*) C'est dans ce cadre que s'inscrit le fameux protocole de Maputo. Adopté le 11 juillet 2003, lors du second sommet de l'Union africaine à Maputo, au Mozambique. Ce Protocole exige des gouvernements africains l'élimination de toutes les formes de discrimination et de violence à l'égard des femmes en Afrique et la mise en oeuvre d'une politique d'égalité entre hommes et femmes. En son article 14, le protocole déclare : « Les Etats assurent le respect et la promotion des droits de la femme à la santé, y compris la santé sexuelle et reproductive. Ces droits comprennent : a) le droit d'exercer un contrôle sur leur fécondité; b) le droit de décider de leur maternité, du nombre d'enfants et de l'espacement des naissances; c) le libre choix des méthodes de contraception; d) le droit de se protéger et d'être protégées contre les infections sexuellement transmissibles, y compris le VIH/SIDA; e) le droit d'être informées de leur état de santé et de l'état de santé de leur partenaire, en particulier en cas d'infections sexuellement transmissibles, y compris le VIH/SIDA, conformément aux normes et aux pratiques internationalement reconnues; f) le droit à l'éducation sur la planification familiale. 2. Les Etats prennent toutes les mesures appropriées pour : a) assurer l'accès des femmes aux services de santé adéquats, à des coûts abordables et à des distances raisonnables, y compris les programmes d'information, d'éducation et de communication pour les femmes, en particulier celles vivant en milieu rural; b) fournir aux femmes des services pré et post-natals et nutritionnels pendant la grossesse et la période d'allaitement et améliorer les services existants; c) protéger les droits reproductifs des femmes, particulièrement en autorisant l'avortement médicalisé, en cas d'agression sexuelle, de viol, d'inceste et lorsque la grossesse met en danger la santé mentale et physique de la mère ou la vie de la mère ou du foetus. 354(*)» Cet article a suscité plusieurs réactions comme on peut bien l'imaginer dans tous les sphères de la vie sociale en Afrique et a provoqué plusieurs mouvements de protestation. L'Eglise n'est pas aussi restée indifférente. Le Pape Benoît XVI, dans un discours au Corps diplomatique accrédité auprès du Saint Siège le 8 janvier 2007, a déclaré : « Comment ne pas se préoccuper des continuelles atteintes à la vie, de la conception jusqu'à la mort naturelle ? De telles atteintes n'épargnent même pas des régions où la culture du respect de la vie est traditionnelle, comme en Afrique, où l'on tente de banaliser subrepticement l'avortement, par le Protocole de Maputo, ainsi que par le Plan d'action adopté par les Ministres de la santé de l'Union Africaine, qui sera d'ici peu soumis au Sommet des Chefs d'État et de Gouvernement. »355(*) Les évêques de notre pays aussi ont réagi face à cette menace. Dans leur déclaration du 09 février 2007, ils disent : « La CENCO se réjouit des efforts déployés par les gouvernements africains de concert avec la communauté internationale en vue de promouvoir la dignité de la femme et accroître ses chances de développement intégral. La CENCO recommande instamment que dans ces recherches soient sauvegardées les valeurs authentiques de la culture africaine. Dans cet ordre d'idées, tout en approuvant, dans l'ensemble, les bonnes initiatives préconisées par le "Protocole dit de Maputo "' ; la CENCO exprime les plus grandes réserves à ce sujet et stigmatise certaines clauses de l'article 14 qui, fort subtilement, ouvrent la voie à la légalisation de l'avortement. La femme est mère : la mère est source de vie et non de mort d'enfants innocents (cf. 1 R 3, 25-27). Nous attirons l'attention des institutions compétentes de notre pays sur la gravité morale des questions posées, afin qu'elles en tiennent compte avant toute ratification de ce Protocole. »356(*) Les évêques africains ont aussi publié un communiqué le 19 avril 2007 dénonçant et rejetant le protocole de Maputo: « Nous voulons attirer l'attention des chefs politiques de l'Afrique sur nos fortes réserves concernant des aspects de l'article 14 du Protocole de Maputo... Nous observons que les droits des femmes de protéger et promouvoir leur santé sexuelle et reproductive dans cet article ont exclu les droits du couple, de la famille et de la société (civile, traditionnelle, culturelle et religieuse) de précisément prendre part à la promotion des droits de la femme aux soins de santé. Par exemple, l'autorisation d'avorter et le choix de toutes les méthodes de contraception pour les femmes (cf. article 14, # 1, c et # 2, c) sont particulièrement incompatibles avec les enseignements de l'Église catholique, sa tradition et ses pratiques... En outre, l'Église affirme sans interruption depuis le premier siècle que c'est une grave faute morale pour toute personne ou leur agent de procurer un avortement. Cet enseignement n'a pas changé et demeure inchangeable.... A la lumière de ceci, nous observons que l'avortement et l'infanticide sont des crimes abominables pour presque toutes nos cultures africaines, sociétés traditionnelles et religions. 357(*)» Neuf ans après le protocole de Maputo, une conférence réunissant des personnalités africaines politiques, juridiques, du monde de la santé s'est déroulée au Ghana pour s'attaquer à l'avortement dangereux (unsafe abortion) qui cause selon les organisateurs quelque 67.000 morts maternelles dans le monde chaque année, dont plus de la moitié en Afrique, et surtout chez les femmes de moins de 25 ans. Il s'agit certes d'un vrai problème qui est soulevé par ces organismes internationaux, mais au lieu d'envisager une solution incluant la dimension éthique, qui pourra, par exemple, mettre l'accent sur l'aide nécessaire aux femmes enceintes, l'éducation à l'abstinence sexuelles chez les femmes jeunes et avant le mariage, l'existence de soins adéquats aux futures mères pendant leur grossesse et leur accouchement, ils préfèrent plaider pour l'avortement légal, supposé sûr, sans danger et sans conséquences néfastes pour la mère. Ils n'hésitent pas ainsi à dénoncer l'emprise des leaders religieux sur les populations elles-mêmes, par la présentation de l'avortement comme un acte peccamineux, ou le poids de la pression de certaines Eglises sur ceux qui prennent les décisions politiques. L'Eglise catholique est toujours particulièrement visée comme responsable de cet état de fait, par son opposition d'un autre âge à l'avortement et à la contraception De son côté, l'Eglise catholique reste contre l'avortement car elle est toujours pour la vie et la protège inconditionnellement, surtout là où elle est la plus faible, fragile et vulnérable. C'est ce qu'elle fait tout au long de l'existence (malades, personnes handicapées, vieillards). En outre, l'Eglise est contre l'avortement car c'est un meurtre. Et plus la personne assassinée est faible, plus le meurtre et coupable. Or, nul n'est plus faible qu'un embryon. Partant, le Pape Benoît XVI reproche aux organisations internationales leur responsabilité dans la promotion de l'avortement et dans le développement des maladies sexuellement transmissibles en Afrique, qu'il impute à l'introduction d'une culture laïque mondialisée et à la propagation de notions faussées sur le mariage et la famille : « Trop souvent, les maux qui frappent certains secteurs de la société africaine, la promiscuité sexuelle, la polygamie, la diffusion des maladies sexuelles, peuvent être directement associés à des notions faussées du mariage et de la vie de famille », affirme le pape. (AM 43) C'est pourquoi, en Afrique, la famille a besoin d'être protégée et défendue en raison de son importance capitale et des menaces qui pèsent sur elle notamment, la distorsion de la notion de mariage et de famille elle-même, la dévaluation de la maternité et la banalisation de l'avortement, la facilitation du divorce et le relativisme d'une nouvelle éthique. (Cfr AM 43) Par ailleurs, L'Eglise catholique a toujours admis l'avortement indirect, quand des soins prodigués à la femme enceinte pour lui sauver la vie ont pour conséquence la mort du foetus. Les propos de Benoît XVI dans un discours qui portait principalement sur la situation politique et économique de l'Afrique, ont été mal interprété à ce sujet de l'avortement thérapeutique: « Je dois également mentionner un autre grave sujet de préoccupation : les politiques de ceux qui, dans l'illusion de faire progresser l'édifice social, en menacent les fondements mêmes. Combien est amère l'ironie de ceux qui promeuvent l'avortement au rang des soins de santé des mamans! Combien est déconcertante la thèse de ceux qui prétendent que la suppression de la vie serait une question de santé reproductive.358(*) » Le Vatican a fait une mise au point sur les propos controversés du pape Benoît XVI sur l'avortement, précisant qu'il ne parlait pas d'avortement thérapeutique mais déplorait une large utilisation de l'avortement comme moyen de contrôle des naissances. En fait, Si le pape a fermement condamné l'avortement durant son voyage en Afrique, il n'a pas remis en cause la possibilité d'avorter en cas de danger pour la vie de la mère. Mais on ne peut pas avancer le concept de santé maternelle pour justifier l'avortement comme moyen de régulation des naissances. * 342 MUYENGO MULOMBE, La bioéthique. Quelques perspectives africaines, Op. cit., p. 184 * 343 Cfr. Ibidem. * 344 Cfr. Ibidem. * 345 Ibid., p. 191. * 346 R. J. LEKE, « Les adolescents et l'avortement », dans Sexualité et santé reproductive durant l'adolescence en Afrique, édité par B. KUATE-DEFO, Montréal, Ediconseil, 1998, p. 297-306. * 347 Cfr. Ibidem. * 348 B. ZANOU et al, «Étude démographique et de santé maternelle en Afrique subsaharienne », dans Studies in Family Planning 29 (2), 1999, p. 210-232. * 349 R. J. LEKE, Op.cit., p. 300. * 350 B. ZANOU, Op.cit., p. 221. * 351 M. ESTOURNET, Interruption volontaire de grossesse, historique et état des lieux. Paris, Cerf, 2006, p. 98. * 352 Lors de la conférence du Caire en 1994 et de Bejin en 1995, la question de l'avortement a fait l'objet de débats très controversés pour des raisons éthiques, morales et religieuses relatives aux notions de droit de vie du foetus, de l'embryon et de la personne humaine, mais un consensus s'est établit autour du fait que l'avortement « ne doit pas être pratiqué comme un moyen de régulation de la fécondité » (Nations Unies 1994). À travers les notions de droit en matière de reproduction, l'accent a été mis sur le besoin d'une reconnaissance du droit fondamental des couples et des individus de décider librement et avec discernement du nombre de leurs enfants et de l'espacement de leurs naissances, de disposer des informations nécessaires pour ce faire et du droit de tous à accéder à une meilleure santé en matière de sexualité et de reproduction. Ces droits supposent de pouvoir mener une sexualité sans risque et d'avoir accès à des programmes de santé de la reproduction accessibles aux hommes comme aux femmes sans discrimination. Cfr. NATIONS-UNIES, Rapport de la Conférence Internationale sur la population et le développement. Le Caire, Nations Unies. 1994. * 353 Cfr. M. ESTOURNET, Op. cit., p. 100. * 354 www.aidh.org/Biblio/Txt_Afr/instr_prot_fem_03.htm * 355 La Documentation catholique, n° 2378, (2007), p. 549. * 356 CENCO, Déclaration des Evêques du Congo. Kinshasa, le 09 février 2007, n°11. * 357 XIIIème Assemblée plénière du SCEAM. Source: Website: www. rc. net/africa/catholicafrica * 358 La Documentation Catholique 98 (2008), p. 351. |
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