La réception des actes intrinsèquement mauvais d'après Bernard HàĪring( Télécharger le fichier original )par Daniel KIMBMBA KAHYA Université catholique du Congo - Licence 2012 |
d. L'influence d'Alphonse de LiguoriL'influence de Bernard Häring sur le renouveau de la morale catholique tel qu'il s'est profilé au XXe siècle est, d'une certaine manière, l'héritage durable de saint Alphonse lui-même. Le produit littéraire de la pensée morale alphonsienne, la Theologia Moralis, est le fruit d'une expérience de sa lente maturation pastorale réfléchie, qu'il publia alors qu'il avait déjà 52 ans. Sa théologie morale est au service de la pastorale qui est la clé pour comprendre l'origine et la nouveauté de son entreprise. Une pareille orientation apparaît dans tous les écrits de Häring, car lui-même n'entendait pas tellement réaliser un travail de haute spéculation théologique, comme par exemple son compatriote Karl Rahner, mais il avait le souci de remettre en valeur le rôle de conscience et le Christ comme la source originale de la moralité. Saint Alphonse avait vraiment changé le cours de la théologie morale par le patient travail de construction d'un système équilibré de discernement de la conscience, pour favoriser l'exercice de la liberté. Avant lui, le rôle de la conscience était réduit, selon Brian V. Johnston, à la simple reconnaissance objective de la loi : « Le rôle de la conscience, dans cette façon de penser, a été réduit à reconnaître simplement la loi objective et à l'appliquer. La vérité morale signifie simplement la conformité de la conscience à la loi. Certaines interprétations de saint Alphonse ont ainsi souligné la domination de la loi et sa fonction de contrôle ne laissant virtuellement aucune place à la conscience. S. Alphonse Liguori a protesté contre cette exagération, il a défendu le rôle de la conscience individuelle en des mots en usage à son époque. Ce modèle est l'arrière-fond immédiat permettant de comprendre la théologie morale contemporaine et la place que Häring y occupe. »198(*) Certainement il lui fallut en effet une véritable audace, dans le contexte de l'époque du rigorisme, pour déclarer que la liberté est antérieure à la loi et pour souligner le nécessaire primat de la conscience. Häring fidèle à l'héritage alphonsien a remis en perspective le caractère central de la moralité, le Christ lui-même, agissant au coeur du croyant. La moralité se retrouve comme redimensionnée dans la manière à la fois provocante et évangélique avec laquelle Häring présente une nouvelle synthèse de la morale aux hommes et aux femmes de son temps. * 198 Brian V. JOHNSTONE, « Bernard Häring. An appréciation», dans Studia Moralia, 36 (1998), p. 590. |
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