2. La restauration de l'indépendance :
La pierre angulaire des relations franco-estoniennes est la
reconnaissance de la continuité juridique de la République
d'Estonie de la part de la France, qui n'a jamais reconnu l'annexion de
l'Estonie par l'Union Soviétique. Les relations diplomatiques entre
l'Estonie et la France ont été rétablies le 30 août
1991. L'ambassade de France à Tallinn a rouvert ses portes (dans des
locaux différents), à l'occasion de la visite du ministre des
affaires étrangères Roland Dumas à Tallinn le 30
août 1991.
a) Les raisons d'une représentation
française en Estonie :
La France possède le second réseau diplomatique
du monde après les Etats-Unis, et au delà de ce principe
général d'universalité, il y a un nombre important de
raisons spécifiques qui justifient la présence de la France en
Estonie. Tout d'abord, la longue relation d'amitié, de confiance et de
respect mutuel qui unie la France et l'Estonie. De même, le
positionnement géographique de l'Estonie, qui en fait un carrefour
à la fois culturel, mais aussi commercial, et bien entendu, une zone
géopolitiquement sensible. Géopolitiquement sensible car
l'Estonie est située aux frontières du monde scandinave, de
l'espace russe, et de l'Europe orientale, ce qui explique son histoire
mouvementée et souvent tragique. Tous ces éléments font de
l'Estonie un Etat où un pays comme la France se doit d'être
présent. Il s'agit de protéger les intérêts
Français, notamment commerciaux, et de se tenir à disposition des
ressortissants Français (dans un pays ou un Français peut
très vite se trouver sans repère, cela en raison du fossé
culturel et linguistique). L'ambassade de France a un rôle de promotion
et de mise en valeur de la culture, du savoir faire, et de la langue
française dans un pays comme l'Estonie où la majorité de
la population, bien qu'éprouvant beaucoup de sympathie à
l'égard de la France qui jouit ici, comme dans beaucoup de pays, d'une
assez bonne image, n'en est pas moins assez indifférente à tout
ce qui peut émaner de l'hexagone. Il s'agit enfin, et surtout,
d'être présent politiquement aux cotés d'un nouvel
état membre de l'UE et d'un allié de l'OTAN.
Cette présence se décline dans les
différents domaines de la coopération.
b) Les différents secteurs de la
coopération :
- Coopération en matière de
défense
A coté des conventions cadre générales,
l'Estonie et la France ont conclu un accord de coopération
bilatérale en matière de défense qui a été
signé le 11 mai 1994. Conformément aux termes de cet accord,
l'accent est mis sur le développement des différentes composantes
de la défense nationale estonienne, telles que la construction d'une
armée, la gestion d'une administration militaire, la formation
d'officiers et de spécialistes, ainsi que l'élaboration d'une
législation militaire. La France participe aux principaux projets
d'assistance militaire aux pays baltes, tels que BALTRON ou BALTSEA. La France
a délégué, pendant quelques années, un de ses
officiers de liaison auprès du « collège balte de
défense » de Tartu. La France soutient également
l'apprentissage du français dans les forces armées estoniennes.
Ces dernières années, des militaires estoniens ont
participé aux cours de français du « Centre de
Formation Interarmées » de Rochefort.
- Coopération en matière de
police
C'est en 1997 qu'eurent lieu les premiers contacts entre les
ministères de l'intérieur français et estonien. De
nombreux programmes communs de formation ont été lancés
pour la police, les garde-frontières, l'office de la nationalité
et de l'immigration et pour les services de secourisme. Tous les ans, des
fonctionnaires de police estoniens peuvent faire des stages à la haute
école de police française, de même, les
gardes-frontières ont d'excellents contacts avec la gendarmerie maritime
et avec la police des frontières française. Les locaux
dépendants du ministère de l'intérieur estonien ont
été équipées avec des équipements
français, la police criminelle utilise par exemple le système
numérique de traitement et de recherche des empreintes digitales
conçus par SAGEM et les détecteurs de mouvements conçus
par Thomson-CSF à la frontière orientale de l'Estonie. Une
coopération est également en cours d'établissement
concernant le traitement des pièces d'identité et
l'identification des faux documents. Une coopération étroite
caractérise également les questions touchant à
l'assistance juridique ainsi qu'à l'organisation d'exercices par exemple
dans la formation d'unités spéciales.
- Coopération scientifique et
technique
Le 2 juillet 2002 a été signé un accord
destiné à lancer un programme de coopération scientifique
et technique entre la France et l'Estonie. Les domaines concernés par
ces projets scientifiques sont les technologies de l'information et de la
communications, la bio-médecine, la foresterie, l'écologie, la
chimie, la médecine, la biophysique et la mécanique. Tous les
laboratoires et les groupes de recherche rattachés aux
établissements d'enseignement supérieur, aux
établissements de recherche ou aux entreprises peuvent présenter
des projets à un jury public pour bénéficier des avantages
d'un programme scientifique bilatéral.
- L'enseignement du français et de
l'estonien
La France soutient activement l'enseignement du
français en Estonie. Au delà de l'aide apportée aux quatre
écoles estoniennes spécialisées en français, elle
coopère activement avec deux établissements d'enseignement
supérieur, le « centre d'études
françaises » de l'université de Tartu et
l'université de Tallinn. En collaboration avec l'Ambassade de France, le
Ministère estonien des affaires étrangères a lancé
un vaste programme d'enseignement du français adressé aux
fonctionnaires du ministère. L'objectif est que les diplomates estoniens
acquièrent une bonne maîtrise des bases de la langue
française, ce programme fut lancé à l'occasion de
l'entrée de l'Estonie dans l'UE. En août 2006, un
mémorandum a été signé à Tallinn sur un
programme pluriannuel d'enseignement du français dans les services
publics de la république d'Estonie, qui prévoit la mise en place
de cours de français pour 1500 fonctionnaires sur les trois ans à
venir. À l'initiative de la section de langue estonienne de l'institut
national des langues et civilisations orientales (INALCO), la traditionnelle
«journée de la langue maternelle» (Emakeelepäev) est
désormais célébrée à Paris. C'est la
cinquième année consécutive qu'est organisée
à cette occasion une soirée à l'Ambassade d'Estonie,
à laquelle sont conviés les étudiants de la section
d'estonien de l'INALCO.
Cette coopération nécessite un cadre juridique
adapté.
c) Les principaux traités conclus entre la
France et l'Estonie :
· Traité d'entente, d'amitié et de
coopération (entré en vigueur le 27.04.95)
· Accord sur l'encouragement et la protection
réciproques des investissements (entré en vigueur le 25.09.95)
· Accord relatif à la suppression de
l'obligation de visa (entré en vigueur le 01.03.99)
· Accord relatif à la réadmission des
personnes en situation irrégulière (entré en vigueur le
15.04.99)
· Convention en vue d'éviter les doubles
impositions et de prévenir l'évasion et la fraude fiscales en
matières d'impôts sur le revenu et sur la fortune (entré en
vigueur le 01.05.01)
· Accord sur le statut et sur l'activité des
Centres culturels (entré en vigueur le 01.04.05).
· Accord entre le gouvernement de la
République Française et le gouvernement de la République
d'Estonie relatif aux échanges de jeunes professionnels (signé le
31.03.2006; cet accord n'est pas encore entré en vigueur)
· Mémorandum portant sur le plan pluriannuel
d'enseignement du français dans les services publics de la
République d'Estonie (sont associés à cet accord la
Belgique, le Luxembourg, l'Organisation Internationale de la Francophonie,
signé le 10.08.2006)
|