INTRODUCTION :
J'ai effectué mon stage de fin de seconde année
au sein de la chancellerie politique de l'Ambassade de France en Estonie. La
France dispose d'une représentation diplomatique en Estonie depuis le 30
Août 1991. L'Estonie est un pays membre de l'Union Européenne, et
un pays allié de la France au sein de l'OTAN. La France et l'Estonie ont
historiquement de très bons rapports et font preuve d'une
coopération très étroite dans un certain nombre de
domaines depuis 1991. Les liens entre les deux pays se sont renforcés et
les relations sont devenues plus intenses depuis l'adhésion de l'Estonie
à l'Union Européenne et à l'OTAN en 2004. Au cours de mon
stage à la chancellerie politique de l'Ambassade, j'ai pu comprendre le
fonctionnement de la structure, mais également les objectifs d'une
représentation diplomatique ainsi que les moyens mis en oeuvre en vue
d'atteindre ces objectifs. Ma fonction au sein de la structure était une
fonction d'appui à la chancellerie. Cet appui s'est
concrétisé par la participation quotidienne à la revue de
presse, mais aussi par d'importants travaux de recherche et de
synthétisation de données pour le compte de ma maître de
stage, Mme Hélène Roos, la première conseillère de
l'Ambassadeur de France en Estonie. Également, j'ai participé
avec Mme Roos à des entretiens de haut niveau avec, notamment, des
professionnels des médias et la responsable des affaires sanitaires
estonienne.
Tout d'abord j'aborderai l'histoire des relations
franco-estoniennes et leur développement, en retraçant l'histoire
de la coopération entre les deux pays et en détaillant les
composantes de cette dernière. Par la suite j'effectuerai une
description détaillée de la structure qui permet de mettre en
oeuvre cette coopération, soit l'Ambassade de France à Tallinn.
Puis, j'expliquerai le fonctionnement et les objectifs d'un service
particulier, soit la chancellerie politique de l'Ambassade, au sein de laquelle
s'est déroulé mon stage. A l'issue de cela, je me pencherai sur
mon activité au sein de la chancellerie, en y retraçant mon
évolution au fil des semaines et l'éventail de mes
activités.
Mon travail au sein de la chancellerie politique de
l'Ambassade de France à Tallinn m'a facilité l'étude d'un
certain nombre de problématiques majeures, aussi bien au niveau des
affaires intérieures et des relations extérieures de l'Estonie,
qu'au niveau de la situation de ce pays au sein de l'Union Européenne.
En prenant conscience de la situation géographique et
géopolitique particulière de l'Estonie, je me suis demandé
si l'intégration croissante de l'Estonie dans l'Union Européenne
allait influer sur la nature des relations russo-estoniennes, et si oui, de
quelle manière.
Afin de répondre à cette question je me
pencherai dans un premier temps sur l'histoire des relations russo-estoniennes,
mais également sur les relations « contemporaines »
qu'entretiennent, ou que devraient entretenir les deux pays. Par la suite,
j'étudierai les relations entre l'Union Européenne et la Russie,
en voyant dans un premier temps que l'Union Européenne a longtemps
été désunie dans son dialogue avec Moscou, puis dans un
second temps que l'Union a finalement réussi à trouver une
certaine cohérence pour sa politique étrangère vis
à vis de la Russie.
I) Présentation du stage :
A. Relations France-Estonie :
1. Sous la première république
Estonienne :
La première République estonienne est née
en 1918, à l'issue de la première guerre mondiale, elle a
été admise à la Société des Nations (SDN) en
1921.
« Ce n'est pas une des moindres
curiosités de l'âme estonienne que les subtiles
familiarités par où elle s'apparente à la nôtre.
Même goût de l'ironie et même refus de s'en laisser accroire,
même individualisme conscient, même culte du bon sens, même
passion de la liberté - les rares auteurs français qui ont
effleuré l'Estonie l'ont noté... Il n'est peut-être pas,
dans ce coin d'Europe, de peuple plus proche de nous comprendre que cette
petite communauté humaine... »
Jean Cathala, Portrait de l'Estonie, Paris,
1937.
a) Une coopération culturelle initiée
par des artistes et des intellectuels :
La France a entretenu, dès le début des
années 20, de très bonnes relations avec la République
d'Estonie. Les relations diplomatiques ont été établies
avec cette dernière le 5 avril 1921, juste après l'admission de
l'Estonie à la « Société des nations »
(SDN). André Gilbert fut le premier Ambassadeur français en
Estonie.
Durant les années 20, la coopération
franco-estonienne était relativement intense, et s'organisait par le
biais d'associations bilatérales. Il y avait, à Paris, de
nombreux expatriés estoniens, principalement des intellectuels et des
artistes, qui se constituèrent rapidement en association,
« France-Estonie », qui, bien que refondue un certain
nombre de fois en raison du départ ou de la mort de ses membres les plus
éminents, fut des plus actives jusqu'à la fin des années
30. L'objectif de cette association était le renforcement des liens
culturels et commerciaux entre les deux pays.
L'Estonien le plus connu en France à cette
époque était Mr. Kaarell Robert Pusta (premier ambassadeur
d'Estonie en France), et c'est lui même qui, avec le concours des
« Français amis de l'Estonie », donna naissance
à cette association.
L'autre association estonienne majeure à cette
époque était l'« association estonienne de
Paris », fondée par un étudiant en sciences politiques
Karl Zirkel, et par l'artiste Jaan Siirak, le chargé d'affaire estonien
August Schmidt leur apporta également un soutien significatif.
L'objectif de cette association était de contribuer à une
meilleure connaissance mutuelle de la vie intellectuelle des deux pays et au
resserrement des relations culturelles. Le diplomate Georg Meri, père de
Lennart Meri ( président de la République Estonienne de 1992
à 2001), fut ainsi invité par leurs soins à prononcer une
conférence en 1931. Il y eu également la fondation de la
« société maritime Franco-Estonienne » aux
alentours de 1920, celle-ci avait pour projet principal l'établissement
d'une liaison maritime régulière entre la France et l'Estonie,
malgré l'envoi de plusieurs délégations en Estonie pour
étudier la faisabilité du projet, ils durent vite renoncer faute
de fonds.
b) Une coopération très tôt
institutionnalisée :
En Estonie, l' « Institut scientifique
français de Tartu » fut inauguré le 27 avril 1922.
L'idée est venue de l'illustre neurochirurgien Ludvig Puusepp,
appuyé dans cette initiative par l'Ambassadeur Gilbert. Le but de cette
institution était de servir de relais à la culture
française et de faire connaître aux chercheurs et aux
intellectuels les apports français en matière scientifique.
L'Institut comportait des sections d'art et littérature, de
linguistique, de droit, de sciences sociales, de médecine, de sciences
de la nature et d'enseignement du français. La bibliothèque de
l'Institut permettait de se tenir au courant des acquis et des orientations de
la recherche en France. En juin 1940, elle comptait 8268 ouvrages.
Le fonds de revues et de journaux représentait plus de
1000 volumes. En 1938, l'Institut recevait 53 périodiques. De
même, l'Institut donnait des cours de Français, et il organisait
aussi des séances, des soirées, des conférences, des
réunions thématiques et d'autres manifestations.
On peut ainsi constater que, sous la première
république d'Estonie, les relations entre la France et cette
dernière étaient déjà fortement
développées.
|