SYNTHESE :
Contexte :
J'ai effectué mon stage au sein de la chancellerie
politique de l'Ambassade de France à Tallinn, en Estonie. J'y ai
effectué des comptes rendus d'entretiens, de nombreux travaux de
recherche et de synthétisation de données, mais j'ai
également participé à la revue de presse, et j'ai pu
suivre l'actualité politique du pays (veille politique). J'ai
également contribué à la mise à jour du site
internet de l'Ambassade. Durant la période de mon activité
à l'Ambassade, j'ai eu essentiellement un rôle d'appui à ma
maître de stage et à la chancellerie.
La chancellerie diplomatique ou chancellerie politique d'une
Ambassade rassemble les diplomates en poste dans le pays où la
chancellerie est située. Les diplomates sont chargés de mettre en
oeuvre la politique étrangère de la république
Française. Pour ce faire, ils doivent établir les meilleurs
contacts possibles avec les personnalités officielles locales, mais
également avec les milieux journalistiques. Afin de pouvoir mettre en
oeuvre la Politique étrangère de la France, les diplomates
doivent tout d'abord être bien informés des particularités
locales, qu'elles soient politiques ou institutionnelles, mais également
culturelles, économiques et sociales. Le service de presse de la
chancellerie politique est l'organe indispensable à la chancellerie pour
satisfaire à cette nécessité d'information constante sur
le milieu dans lequel elle doit fonctionner, afin d'avoir avec ce milieu les
meilleures interactions possibles. La chancellerie politique a également
un rôle de promotion et de valorisation de la France à
l'étranger. A cette fin, la chancellerie doit aussi communiquer envers
les médias locaux et susciter l'intérêt de l'opinion
publique locale pour la France ou pour ce qui en provient, ceci par
l'intermédiaire de son service de presse. Enfin, les diplomates doivent
informer le ministère des affaires étrangères et
européennes en temps réel sur ce qui se passe dans le pays, afin
de permettre à ce dernier d'adopter un discours et une politique
optimale, de mettre en oeuvre la politique étrangère de la France
dans le pays concerné de la meilleure façon possible afin de
satisfaire un maximum aux exigences du milieu.
L'Ambassade de France à Tallinn est une petite
structure mais elle rassemble tous les services généralement
présents dans une ambassade française, à savoir : la
mission économique, le service consulaire, la chancellerie politique et
son service de presse, le service de coopération et d'action culturelle
et le service de coopération internationale de la police. L'Estonie est
un état membre de l'Union Européenne, mais également un
allié de la France au sein de l'OTAN; c'est aussi un pays avec lequel la
France entretient traditionnellement de très bonnes relations. En plus
du fait que la France possède un réseau diplomatique
quasi-universel, toutes ces raisons justifient la présence
française en Estonie. Au demeurant, l'Estonie est un pays où il
faut être présent, car elle représente une frontière
orientale de l'Union Européenne et rassemble de ce fait de nombreuses
problématiques qui concernent chaque membre de l'Union, mais
également Bruxelles de manière directe. L'Estonie est
également un pays carrefour de nombreuses cultures et civilisations qui
sont : la civilisation russe, l'espace scandinave et la zone Baltique,
mais également l'Europe occidentale (notamment Germanique), ainsi que
l'Europe Orientale (monde Slave de l'ouest).
Problématique :
Parmi l'éventail important des problématiques et
des enjeux multiples que l'ont peut repérer au niveau de l'Estonie, il
est une question particulière qu'il m'a semblé important de
traiter. Ainsi j'ai choisi d'étudier tout particulièrement les
relations russo-estoniennes, à travers le prisme des relations entre
Bruxelles et Moscou, et naturellement s'est posée la question
suivante : L'intégration croissante de l'Estonie dans l'Union
européenne va t-elle influer sur la nature des relations
russo-estoniennes, et si oui, de quelle manière ?
Les relations russo-estoniennes sont conditionnées en
premier lieu par l'histoire, une histoire mouvementée, parfois tragique.
Cette histoire commune si particulière, notamment au cours du
siècle précédent, impose aujourd'hui un travail de
mémoire, ce travail de mémoire, certes douloureux, devant
inévitablement être mené de front, conjointement, par
Tallinn et Moscou. De cette histoire particulière et du travail de
mémoire qu'elle suscite aujourd'hui, jaillissent inévitablement
des considérations identitaires, qui complexifient à leur tour un
travail de mémoire qui devrait n'être qu'objectif.
Au delà de cet aspect historique et psychologique,
important pour saisir les enjeux en présence dans la relation entre
Tallinn et Moscou, il est important de considérer les exigences des
relations internationales contemporaine. Ces exigences sont naturellement
d'ordre économique, du fait de la mondialisation et de l'intensification
des flux de marchandises et du transit énergétique, mais
également politiques, en raison d'un impératif de bon voisinage
et de coopération en matière juridique, afin d'assurer la
stabilité des pays riverains de l'UE, donc la paix et la
prospérité pour l'Europe toute entière, entraînant
un bénéfice autant pour la Russie et pour l'Estonie, que pour
l'Union européenne.
L'Union Européenne est, alors, cet organe supranational
qui introduit peu à peu le pragmatisme nécessaire à des
rapports mutuellement bénéfiques entre l'Estonie et la Russie,
ou, du moins, elle fait comprendre à ces protagonistes
l'intérêt d'une approche plus pragmatique de leur propre
relation.
Mais on réalise assez rapidement que la mise en place
d'une relation pragmatique dépend pour beaucoup de la bonne
volonté qui sera, ou non, mise en oeuvre par les deux protagonistes.
Le dialogue entre Moscou et Bruxelles en vue d'une
coopération profitable pour tous n'est pas un dialogue facile, en raison
des différences culturelles importantes, que ce soit dans la pratique
politique, dans la perception des mécanismes et des rapports
internationaux, mais aussi au niveau des visions et des objectifs de politique
étrangère, qui sont très différents, autant au
niveau de la mise en oeuvre que dans le but visé. D'autant plus que les
positions des 27 pays membres à l'égard de Moscou étaient
jusqu'ici, et restent, dans une certaine mesure, très divergentes.
Néanmoins les développements récents de
l'Union européenne et l'intégration croissante des 27 pays
membres laisse penser que la politique russe de Bruxelles a de bonnes chances
d'afficher plus de cohérence, donc d'augmenter son potentiel de
négociation, vis à vis de Moscou, et peut être même,
d'entrer en opposition avec les intérêts russes à un moment
donné.
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