INTRODUCTION
Ancienne colonie française de l'Afrique de l'Ouest, le
Niger est indépendant depuis 1960. Vaste territoire enclavé de
plus de 1 200 000 km2 (deux fois la France), dont la plus grande
partie est couverte par le désert du Sahara, le Niger constitue le trait
d'union entre l'Afrique du Nord et l'Afrique sub-saharienne. Il partage ses
frontières avec sept pays qui sont l'Algérie, le Bénin, le
Burkina, la Libye, le Mali, le Nigeria et le Tchad.
Le contexte général du Niger est marqué
par des contraintes de tout ordre à savoir : (a) un cadre physique
présentant de forts obstacles à l'extension des activités
de développement, (b) un cadre humain marqué par une croissance
démographique incompatible avec la croissance économique et (c)
des pesanteurs socioéconomiques qui favorisent la résistance au
changement. C'est dans ce contexte que le Niger reçoit l'appui des
Organisations Internationales et des pays amis et généreux comme
la France, afin de lutter contre la pauvreté et le sous
développement. Aujourd'hui, malheureusement, plus de quarante ans
après l'indépendance, les problèmes de sous
développement et de pauvreté maintiennent le Niger dans la
catégorie des pays les moins avancés. Classé avant dernier
au monde (172ème sur 173) selon l'Indice de
Développement Humain1, ce pays est actuellement plongé
dans une pauvreté extrême. Une étude réalisée
en 1997 par le Projet Famine Early Warning System (FEWS),
financé par l'USAID, a décrit le Niger comme «vivant
à la limite» de la survie humaine.
Pourtant, ce pays continue toujours à recevoir l'aide
internationale à travers des projets et programmes de
développement qui, le plus souvent, ne mesurent pas leurs impacts sur
les conditions de vie des bénéficiaires. En effet, la plupart des
décideurs de ces projets et programmes de développement se
limitent dans le meilleur des cas à ne faire des évaluations
qu'à la fin de l'intervention. Par conséquent, ils se contentent
du constat banal et ambigu du genre « Il est trop tôt
pour mesurer l'impact ». C'est ainsi que durant des
décennies des projets mis en place ont pris fin sans qu'on ait
cherché à mesurer les « effets structurants » qu'ils
étaient censés produire sur les populations cibles.
C'est pour rompre avec ce processus que nous avons
tenté d'évaluer l'impact réel du projet d'Appui à
la Sécurisation des Systèmes de Production Agricole de Maradi sur
les populations bénéficiaires.
La finalité de cette évaluation est de tirer les
enseignements issus d'une analyse impartiale de l'intervention du projet et de
faire des recommandations aux décideurs de l'ONG Care
1 Voir l'indice de développement Humain 2003 du
PNUD,
2
international dans le but d'améliorer leurs futures
actions. Par conséquent, les produits attendus de cette
évaluation sont : (1) l'appréciation de la
pérennité des activités, (2) l'identification des liens de
causalité entre les changements constatés au sein des
communautés et les actions engagées par le projet afin de
ressortir l'ampleur des impacts positifs ou négatifs induits par
l'intervention, (3) l'identification des meilleures pratiques permettant
d'améliorer la conception et la gestion des activités futures.
Les questions centrales auxquelles nous chercherons des
réponses à travers la présente évaluation porteront
sur :
1) la pertinence du projet. Il
s'agit de déterminer si le projet correspondait bien aux
priorités nationales et aux besoins des bénéficiaires
à l'époque de sa mise en oeuvre.
2) l'efficacité du projet.
Ici, nous chercherons à connaître si le projet a
produit des effets positifs attendus au niveau des ménages.
3) l'efficience du projet. Il
s'agit de préciser dans quelles mesures les produits du projet
traduisent une utilisation rationnelle des ressources.
4) le degré de changement.
Ici, l'analyse consiste à identifier les changements positifs ou
négatifs, intentionnels ou non, qui ont été induits par
l'intervention du projet.
5) la viabilité des activités de
développement appuyées par le projet. Cette partie
de l'étude constitue l'axe central de la présente
évaluation. Par conséquent une attention particulière lui
sera accordée. Dans ce cadre, les principales questions porteront sur
:
- l'appropriation par les
bénéficiaires des technologies promues par le
projet.. Il s'agit d'établir si les technologies
appliquées continueront d'opérer au-delà du projet..
- la viabilité
institutionnelle. La question est de juger de la
pérennité des structures et des organisations mises en place.
- les aspects socioéconomiques et questions
de genre concernant la motivation et la participation des
bénéficiaires aux différentes activités. Ici,
l'analyse consistera à vérifier si les besoins de tous les
groupes constitutifs de la population bénéficiaire sont couverts
par le projet et que ces groupes continuent à tirer profit du projet en
ce qui concerne leur sécurité économique et leur niveau de
vie. Un accent sera particulièrement mis sur la situation de la femme et
des groupes vulnérables.
- l'impact sur l'environnement. La
question sera de savoir si le projet a préservé ou
détérioré l'environnement.
Au regard de ce qui précède, la présene
évaluation s'articulera autour de trois grandes parties :
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- La première partie présentera d'une part, le
projet et sa zone d'intervention, d'autre part notre approche
méthodologique de l'évaluation.
- La deuxième mettra en exergue l'analyse qualitative de
la pérennité et de l'impact des activités du projet.
- Enfin, la dernière partie présentera d'abord,
l'analyse quantitative de l'impact du projet sur les conditions de vie des
femmes en particulier et des ménages en général, ensuite
la conclusion et les recommandations générales.
PREMIERE PARTIE
LE PROJET, LA ZONE D'INTERVENTION ET L'APPROCHE METHODOLOGIQUE DE
L'EVALUATION.
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