CHAPITRE 1 : LE CONTEXTE DE LA ZONE D'INTERVENTION DU
PROJET
Le projet d'appui à la sécurisation des
systèmes de production agricole (PASSPA) de Maradi était
intervenu dans les départements de Guidan Roumdji et de Madarounfa de la
région de Maradi. Ces zones ont été choisies en raison de
leur importance en matière de production agricole et du nombre
relativement limité d'initiatives de développement
recensées.
La population active est en majorité composée
d'agriculteurs sédentaires et d'agro-pasteurs auxquels s'ajoutent des
groupes nomades transhumant pendant la saison sèche Les
départements de Madarounfa et de Guidan Roumdji comptaient
respectivement 62 et 53 habitants au km2 en 1994.
Environ 30% des 820 000 ha de la superficie cultivable
étaient exploitées. Le mil, le sorgho et le niébé
étaient les principales cultures des quelques 60 000 exploitations
agricoles de ces zones.
Dans les départements de Guidan Roumdji et de
Madarounfa vivaient environ 25% des 1.600.000 têtes de bétail que
comptaient la région de Maradi en 1994. Ce bétail
constitué surtout de petits ruminants (caprins et ovins)
représentait jusqu'à 10% des revenus des ménages et jouait
un rôle très important dans leurs stratégies de survie.
Les habitants de ces zones profitaient surtout des
opportunités commerciales et professionnelles créées par
leur proximité à la ville de Maradi et celle des routes
commerciales qui desservent le Nigeria, pays voisin.
Section 1.1 : Les tendances socioéconomiques
L'économie de la région de Maradi était
en crise depuis 1992. Cette crise s'est caractérisée par une
stagnation de la production agricole, un recul du secteur industriel formel,
une croissance démographique galopante et un taux d'urbanisation
relativement élevé. Ceci avait conduit les ménages ruraux
à diversifier leurs sources de revenus extra-agricoles et à se
tourner vers le secteur informel.
Près de 90% de la population de la région
tiraient leurs revenus du secteur agricole. La superficie totale
cultivée a triplé depuis 1972. Cependant, la production agricole
pluviale n'a cessé d'enregistrer des résultats mitigés.
Les cultures de contre-saison étaient pratiquées sur de petites
superficies mais étaient d'une grande importance pour les ménages
ruraux de Madarounfa et de Guidan Roumdji. Cependant, une part importante des
revenus générés par cette activité revenait
à des propriétaires autres que les ménages exploitants.
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L'élevage était2 extensif et les
troupeaux sillonnaient la région à la recherche d'eau et de
pâturage. L'exportation du bétail vers le Nigeria avait
considérablement chuté. Cette baisse suivie d'une angoisse
perpétuelle de diminution éventuelle du bétail à
cause de la sécheresse avait contraint la plupart des ménages
ruraux et même les pasteurs nomades à modifier la composition de
leur troupeau en privilégiant les petits ruminants. L'utilisation que
les ménages faisaient du bétail est bien connue : c'est une
épargne, assurance risque contre les mauvaises récoltes. Ce
bétail était également utilisé pour la consommation
et le transport. Bien que l'élevage permette de compléter
l'alimentation des ménages ruraux en lait et en viande, il existait au
niveau local très peu d'activités de transformation des produits
et sous produits animaux (produits laitiers, articles en cuir, produits
dérivés de la viande) pouvant générer des plus
values.
La pression sans cesse croissante sur les ressources
naturelles du département a aussi des conséquences sociologiques
liées aux intérêts divergents des principaux groupes
ethniques. En effet, les agriculteurs sédentaires d'ethnie haoussa en
majorité, exploitaient une part de plus en plus importante des terres
disponibles. Par conséquent, les pasteurs d'ethnie peul et tamasheq
étaient contraints de déplacer leurs troupeaux vers des
pâturages dont les réserves ne cessaient de diminuer. Les
migrations traditionnelles des pasteurs vers le sud après les
récoltes annuelles pour faire paître leurs troupeaux avaient
provoqué l'hostilité des agriculteurs sédentaires à
leur encontre. Ces tendances avaient accentué la marginalisation des
populations nomades de la région. A ceci, s'ajoutait l'accès
limité de ces populations aux services publics (soins de santé,
éducation).
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