I-2-2- Le vent: un facteur d'érosion
Il a une influence notable sur les paramètres
climatiques locaux et le degré d'érosibilité du sol et
partant de sa productivité. En réalité, il commande les
échanges de masses d'air et d'énergies entre les
différentes parties d'un système.
Dans cette zone caractérisée par la platitude de
son relief le seul obstacle au vent est constitué par les forêts.
Ces dernières subissant aujourd'hui une pression importante, jouent de
moins en moins leur rôle de brise-vent ; ce qui est susceptible
d'entraîner une phase de réactivation éolienne. Elle
diminuerait ainsi les Surfaces Agricoles Utiles (S.A.U) par une
désorganisation de la texture du sol. D'ailleurs, « plusieurs
terrains nus sous l'emprise du vent ne remplissent plus leur rôle
agricole. Certains sont en phase d'être complètement abandonnes
» nous confie M.D, un cultivateur résidant à
Kouthiakoto.
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Les données fournies par l'Agence pour la
Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à
Madagascar (ASECNA) 4 nous éclaire sur la nature et
l'intensité des vents en mettant en exergue le rapport étroit
qu'il entretient avec la couverture végétale. Les alizés
continentaux qui soufflent de mars á mai sont les principaux agents de
façonnement de ce territoire. Ils interviennent après la
période de fraîcheur qui suit la saison pluvieuse.
Les périodes de fraîcheur (fin novembre,
décembre, janvier, début février) sont marquées par
des vents faibles. Ces derniers augmentent progressivement d'intensité
jusqu'au mois d'octobre avec des maximum (juin, juillet, août). Face
à des terrains déjà mis à nu par les
défrichements et les feux de brousse, ils sont capables d'emporter et de
remobiliser les particules fines du sol avant de rencontrer l'obstacle hivernal
des herbes qui ne jouent vraiment le rôle de brise vent qu'après
une certaine maturité (juillet, août).
Il faut signaler que les maximum enregistrés pendant
l'hivernage sont relatifs aux précipitations accompagnées de vent
communément appelées orages.
I-2-3- La pluviométrie: un paramètre
difficile à cerner
Elle est assez élevée et se spécifie par
ses fortes variabilités interannuelles faisant apparaître des
années déficitaires et des années de bonne
pluviosité.5 C'est véritablement une évolution
en dents de scie (voir figure 2)
4 station de Tambacounda : 13°44N 36 de latitude
; 13°39 w33 de longitude et 48,68 m d'altitude.
5 (1969: 803mm ; 1970: 493mm ; 1984: 640mm ; 1993:
520mm ; 2002: 450mm ; 2003, 2004 et 2005:plus de 1000mm).
Figure 2 : évolution inter annuelle des
précipitations de 1989 à 2005
Précipitations (mm)
|
1200 1000 800 600 400 200
0
|
|
Courbe d'évoluton
|
26
1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
2001 2002 2003 2004 2005
Années
Source: Donnée de la station
pluviométrique de Koussanar
Les précipitations, tributaires de la position du front
intertropical qui atteint la région en juin, se concentrent sur quatre
mois. Au mois d'octobre celui-ci commence à se retirer. Dans l'ensemble,
la tendance depuis cette dernière décennie est à une
dégradation des conditions pluviométriques et à leur
mauvaise répartition dans le temps et dans l'espace même si on
aurait tendance à parler de retour pluviométrique dans ce dernier
quinquennat (voir figure 3). La question est donc difficilement cernable.
Figure 3 : évolution quinquennale des
précipitations de 1969 a 2005
Evolution quinquennale des précipitations de 1969
à 2005
p récip itatio n s
|
1200 1000 800 600
|
|
|
|
courbe d'évolution
|
400
200
0
|
|
1969 a 1973 1974 a 1978 1979 a 1983 1984 a 1988 1989 a 1992 1993
a 1997 1998 a 2002 a partir de
2003
Années
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Source: Données annuelles de la station de
Koussanar
Nous remarquons ici que de 1969 à 2002, les
précipitations sont passées de plus de 850mm à moins de
650mm avant d'atteindre le millier en 2003. Cela exprime une forte
variabilité qui n'édifie pas sur la véritable
évolution des pluies et leurs impacts sur la dynamique spatiale. Une
approche qui ressortirait sa répartition spatiale et
temporelle serait plus parlante. Par exemple, en 2003, il a été
enregistré près de 180mm en une seule pluie pendant que les
activités rurales étaient frappées de sécheresse
hydrique d'une longue durée. Ces averses soudaines et intenses sont
récurrentes dans la zone et agissent le plus souvent négativement
sur les systèmes de production locaux. Ils obligent parfois plusieurs
personnes à se reconvertir soit en abandonnant l'agriculture et en
s'adonnant à l'exploitation forestière, soit en associant les
deux.
Les années de déficit pluviométrique ont
mis en évidence le décalage qui existe entre la capacité
de production des écosystèmes et les besoins d'une population
croissante. Ainsi, le problème de la déforestation a
suscité de nombreuses actions visant à protéger les
ressources existantes dans un contexte où les effets thermiques sont
réels sur les ressources.
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