PROBLEMATIQUE
1 - Justification de l'étude
Le monde connaît aujourd'hui une explosion
démographique favorisée par les progrès techniques et
sociaux, engendrant une concentration de populations dans les zones où
les services sont plus facilement accessibles. Dans les zones
soudano-saheliennes africaines d'une manière générale et
dans les pays sous développés comme le Sénégal en
particulier, où l'essentiel de la population active tire ses ressources
du secteur primaire (près de 70%), ce phénomène se traduit
par une demande accrue en produits de campagne drainés vers les villes,
donc une plus grande sollicitation du milieu naturel.
Dans la communauté rurale de koussanar, la
majorité de la population se localise au sud où elle est
attirée par les facilités d'écoulement des produits
agricoles et forestiers. Or, dans le contexte des environnements semi-arides,
les écosystèmes sont, à long terme, vulnérables et
fragiles. Ils peuvent connaître des mutations (qu'elles soient d'origine
climatique ou anthropique) pouvant porter atteinte à leur survie (wade,
2003). La menace de dégradation est une réalité dans cette
zone où la commercialisation du bois de chauffe, l'exploitation du
charbon de bois, les pratiques paysannes, l'élevage, etc. pèsent
lourdement sur l'évolution du patrimoine ligneux.
Les facteurs de dégradation de la végétation
de cette zone sont identifiables á travers :
- la péjoration du climat qui a des incidences sur la
dynamique environnementale et porte atteinte à la production agricole,
d'où une nouvelle pression sur la forêt. La dégradation des
sols est consécutive à cette tendance ;
- l'augmentation de la population a pour corollaire le
développement des activités rurales (défrichement,
cueillette, utilisation du bois de chauffe,...), ce qui entraîne une
intensification de l'exploitation du couvert végétal
déjà fragilisé ;
- le faible revenu des communautés qui survivent
grâce aux avantages que leur offre la
forêt.
En somme, la CR de Koussanar a un grand potentiel agricole et
pastoral ainsi que de ressources forestières. La tendance à
l'urbanisation du village centre éponyme et la
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présence de voies de communication (aussi impraticables
soient-elles) expliqueraient en partie la concentration de la population dans
ce secteur
Le milieu naturel fait l'objet de multiples usages, induisant
des enjeux notables quant à l'occupation de l'espace et la mise en
valeur rationnelle de la ressource.
Les études menées dans la zone sont
limitées.
Les rares travaux que l'on y retrouve sont sectoriels et ne
s'intéressent pas totalement aux enjeux lies aux activités
rurales en général et à l'exploitation forestière
en particulier. Ils ne donnent pas la possibilité de comprendre la
gestion du patrimoine ligneux, les implications à long terme des
mutations de l'environnement et notamment les interactions entre les
différentes composantes de ce système .Or, la prise en compte de
la dynamique naturelle et anthropique est nécessaire. Malick
Sada Sy, dans le cadre de son mémoire de maîtrise en
2001, a travaillé sur : potentialités et exploitation de la
gomme stercula setigera dans la communauté rurale de koussanar. Il
a mis l'accent sur la distribution spatiale de l'espèce et
l'organisation de son exploitation. Il insiste surtout sur l'aspect
économique de cette activité. La même année, par le
truchement de son mémoire de D.E.A, intitulé : rôle de
l'encadrement et des associations d'autopromotion paysanne dans la
communauté rurale de koussanar, Adja Léna Ngom
a souligné les problèmes et les acquis de la zone en
matière de décentralisation .Toutefois le volet gestion des
ressources naturelles et particulièrement de la végétation
n'a été que sommairement étudié. Ibrahima
Ndiaye a réalisé en 2000 un rapport d'étude sur
les systèmes de production agro-pastoraux et les revenus ruraux au
nord de koussanar. Il a aussi fait une approche plus économique
qu'environnementale en s'appuyant sur l'évolution de la ruralité
de la zone. Les limites de ces travaux par rapport à notre étude
sont perceptibles à travers le fait qu'ils ne prennent pas en compte les
fondements de la pression anthropique sur la végétation. En
outre, ils ne soulignent pas la place qu'occupe cette dernière dans les
actions menées par les acteurs institutionnels dans un contexte de
décentralisation.
Notre Travail d'Etude et de Recherche se propose de contribuer
à l'enrichissement de la connaissance dans ce secteur en s'appuyant sur
les études antérieures et la dynamique actuelle. Il est
axé sur la gestion durable du patrimoine ligneux fortement entamé
par l'agriculture, l'élevage et surtout l'exploitation
forestière. Cette dernière est définie comme les modes de
mise en valeur des ressources végétales d'une localité
(technique et structure) et les unités de production (G. Pierre, Fernand
Verger, 1970). « Elle va du ramassage du bois á la cueillette.
L'exploitation du
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bois est pratiquée par les coopératives, des
sociétés et des particuliers venus pour la plupart d'autres
contrées » (Sy. M.S, 2002). La population locale se situe
à la base de ce système d'exploitation et de
commercialisation.
Dans la conduite de ce travail, nous formulons les
hypothèses suivantes :
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