VI-2- Initiatives internes
La décentralisation a entraîne une
responsabilisation de la communauté rurale dont les actions ne sont
opérantes qu'à la faveur de la participation des populations
concernées même si des lacunes sont notées dans le domaine
des associations qui ne connaissent pas une véritable dynamique dans la
zone. Seules quelques G.P.F s'activent dans le maraîchage et l'artisanat
sans connaissance réelle des enjeux liés à la conservation
de la végétation. A ce titre, il été
procédé au renforcement des structures relais sur le terrain dont
le principe avait été formulé lors du séminaire de
lancement du programme « C.E.R.P, développement des
communautés rurales » qui s'est tenu à Koussanar du 04
au 06 février 1990. Ainsi, plusieurs villages sont regroupés sur
la base de critères d'intérêt collectif relatifs au partage
d'un même périmètre d'exploitation. Ils
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forment une vingtaine de comités villageois de
développement (C.V.D) qui rassemblent souvent des groupements locaux de
production (G.L.P). Les C.V.D sont coiffés par le comité inter
villageois de développement (C.I.V.D) dont le siège se trouve au
sein du conseil rural qui est l'organe central de la gestion des ressources
naturelles. Il est appuyé par le C.A.D.L (formation et recyclage des
structures relais) et la sous préfecture (contrôle a posteriori,
intervention en cas de conflit). Au niveau de chaque C.V.D des commissions ont
été élaborées :
- la commission agriculture, élevage hydraulique ;
- la commission éducation, santé, assainissement
;
- la commission éducation familiale et action sociale ;
- la commission jeunesse-sport, culture et loisirs ;
- la commission commerce- artisanat- transport ;
- la commission environnement et gestion des ressources
naturelles (surveillants des forêts)
Le C.I.V.D forme un bureau composé de
délégués choisis par chaque C.V.D (président, vice
président, trésorier, adjoint au trésorier, commissaire
aux comptes). Il est constitué par les principaux acteurs du
développement local et joue le rôle de suivi et de contrôle
des activités. Aussi, doit-il rendre compte régulièrement
à l'équipe du C.A.D.L et du sous secteur eaux et forêts
ainsi qu'au conseil rural lui-même.
Le rapport comporte tous les problèmes et proposition
de gestion supposés ou avérés dans les localités
concernées
Cette forme d'organisation se résume dans la figure 14.
Figure 14 Organigramme de la gestion des ressources
forestières au niveau local
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Conseil rural
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Brigade forestière / CADL
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Sous préfecture
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C. I. V. D
C. V. D
V I L L A G E S
Réalisation : Thiam E., 2006
Les villages sont à la base de ce processus de gestion.
Un ensemble de villages se regroupent en C.V.D qui, à leur tour,
constituent le bureau exécutif du C.I.V.D. Le CIVD transmet ses rapports
sur la situation environnementale au conseil rural (organe décision),
aux services technique (appui / conseil) et à la sous préfecture
(contrôle a posteriori, intervention en cas de conflit). Les services de
l'Etat et le conseil rural sont tenus de collaborer afin de trouver des
solutions aux problèmes signalés par la base.
Dans ce cadre, il a été signé une
convention locale sur la gestion des terroirs de Koussanar et Sinthiou
Malème. Une rénovation de taille a été acquise:
tout exploitant doit avoir des périmètres de reboisement pour
accéder à la ressource forestière. Mais, c'est sans
compter sur les difficultés d'application de ces initiatives qui, au
delà des aspects purement règlementaires (possibilités de
contestation de la légitimité d'un tel accord), ce sont les
difficultés liées à la sensibilisation et à la
compréhension de la portée de ces actions qui constitueraient une
véritable entrave à leur réussite. En plus, même si
on incite à reboiser, la protection contre la divagation des animaux et
le suivi posent problème. Toujours est-il que leur importance est
avérée dans la gestion malgré les nombreuses lacunes
constatées.
A cause d'un manque notoire de moyens (locomotion,
communication,...), la remontée rapide des informations est
pénalisée et ces dernières peuvent rester
inexploitées. Certains agents des C.V.D sont incapables de
rédiger des rapports. Néanmoins, ils le font souvent de
façon verbale et le service concerné (notamment la brigade
forestière) se charge de la rédaction.
Cette organisation des populations est capitale dans la mesure
où « des informations qui, jadis s'obtenaient au prix de
patrouilles fréquentes, arrivent des C.V.D et participent ainsi
activement à la lutte contre l'exploitation clandestine, très
prononcée dans les forêts classées et à la
diminution des dépenses » (Top N.).
En matière forestière des codes locaux ont
été adoptés (Ouly, Pagnate, ...). Ces derniers ont permis
l'identification par les C.V.D d'espèces intéressantes pour les
villageois et qu'ils se sont convenus de protéger pour ne pas
compromettre leur régénération et leur utilité.
Elles s'ajoutent à celles protégées par le code forestier
(voir (tableau 8).
Tableau 8 : espèces protégées par
les populations locales
Detarium senegalensis (ditax en wolof)
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Ficus sp (gang)
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Hexabolus monopetalus (Khassaw en wolof)
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Parinaria excelsa (Neo en wolof)
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Parkia biglobosa (nete en pulaar)
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Stercula setigera (mbepp en wolof)
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Terminalia avicenninoides (rebreb en wolof)
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Terminalia macroptera (Boodi en Pulaar)
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Source : codes locaux des forêts
classées de Pagnate et de Ouly
La coupe du tronc est strictement interdite et leur
exploitation strictement limitée aux règles inscrites dans les
codes, sous peine d'amende de 5000 FCFA. Ce principe est rarement
respecté faute de motivations suffisantes, d'où une remise en
question de sa durabilité.
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