Conclusion
La décentralisation, en responsabilisant les
collectivités locales pour une gestion de proximité susceptible
de propulser le développement local, a mis en jeu un ensemble d'acteurs
dont la collaboration n'a pas encore atteint le degré souhaité.
Même si les mobiles se complètent, ils n'en demeurent pas moins
confrontés à des contradictions qui ne vont pas dans le sens
d'une gestion durable du patrimoine ligneux.
Néanmoins, on assiste dans la communauté rurale de
koussanar à des tentatives de sortie de crise. La survie de ces
dernières est tributaire du respect d'une certaine forme d'organisation
et du dynamisme des initiatives à la base.
22 Walfadjiri, novembre 1994, no 791, p. 3
Chapitre VI- Vers une meilleure prise en compte de l'environnement
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On assiste aujourd'hui à un foisonnement sans
précédent des intervenants dans la restauration de
l'environnement. En ce sens, l'amélioration de la collaboration qui se
dessine entre structures déconcentrées, collectivités
locales et programmes de développement, malgré les nombreuses
lacunes soulignées plus haut, nous a poussé à augurer
quand-même des lendemains meilleurs en terme de gestion durable des
ressources naturelles. Toutefois, cette durabilité devra être
assujettie à un certain nombre de principes qui sous tendent tout projet
visant à promouvoir le développement local: organisation,
coordination et restitution de l'initiative à la base.
VI-1- L'organisation globale de l'exploitation
forestière
Le conseil rural est l'instance de décision
chargée d'approuver, le cas échéant, les propositions du
conseil régional et de veiller à l'exécution et à
la coordination des projets de gestion. C'est une structure indépendante
qui bénéficie des recettes financières
générées par la brigade forestière à travers
les sanctions prises sur les exploitations clandestines.
Le service forestier fixe les quotas, autrement dit la
quantité annuelle de bois à exploiter pour satisfaire les besoins
des populations en tenant (en principe) compte des quantités que l'on
peut tirer des forêts (possibilités) et de la durée de
révolution (temps nécessaire à une forêt
exploitée pour se reconstituer). Il est tenu de présenter un
rapport mensuel de toutes ses activités aussi bien à la sous
préfecture qu'au conseil rural. Il en fait de même pour le
C.A.D.L.
Ce dernier est, par vocation, l'animateur principal de la
participation des populations dans la gestion des ressources. C'est en 1954,
à partir des «cantons pilotes» (Diop, D., 2006) que furent
créés les premiers Centres d'Appui au Développement Local
alors appelés Centres d'Expansion Rural (C.E.R) avant de devenir, par la
loi n° 60-04 du 13 janvier 1960, Centres d'Expansion Rural Polyvalent
(C.E.R.P) et d'acquérir en 2005 l'appellation actuelle. Leur mission
d'antan était exclusivement agricole: accroître la production de
l'arachide par l'adoption de nouvelles méthodes à la suite de
crise agricole de 1951-1952. Aujourd'hui, en plus de son rôle originel,
il a la tache d'encourager les initiatives locales (projets), de coordonner et
de suivre les activités des O.N.G, y compris celles qui oeuvrent dans le
domaine forestier. Il appuie donc les partenaires ou O.N.G tels que :
- "Wula Nafaa" dans la valorisation de
Stercula setigera et des produits de cueillette ;
- Enda Pronat dans la lutte contre la
dégradation de l'environnement en endiguant
l'utilisation excessive de fertilisants chimiques afin de
favoriser le développement de
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l'agriculture biologique). Elle intervenait dans les zones de
pagnate, Koussanar, Keur Demba, Keur Ousmane, Pakitrane, Sinthiou Sadio
Aliou.
- Africare: Elle s'était aussi
installée dans la zone de Dawady (2001-2003) et avait pour objectif
l'amélioration de la qualité de vie en introduisant des
techniques de production viables et diversifier les sources de revenus. Elle
avait aussi pour mission la promotion de pratiques appropriées de
gestion durable des ressources naturelles. Son retour serait salutable ;
- Les groupements de Promotion Féminine (G.P.F)
participent aussi à la valorisation des ressources locales.
Elles sont au nombre de 18 dans l'ensemble de la communauté rurale et se
distinguent dans des actions de reboisement et dans la transformation des
produits de cueillette. Les plus reconnus en ce sens sont ceux de Dawady,
Pakirane, Keur Ousmane, Kolomba, Kouthiakoto. D'ailleurs, des
périmètres fruitiers leur ont été octroyés
grâce à l'appui du C.A.D.L. Cependant, ils sont plus dynamiques du
coté de la teinture, du commerce et du maraîchage.
Toutefois, l'intervention du centre d'appui au
développement local dans la protection de la végétation
n'a pas encore atteint le degré escompté. Toujours dans cette
optique d'interconnexion entre services régionaux et locaux, la brigade
forestière transmet un rapport au secteur dont le siège se trouve
à Tamba. C'est celui-ci qui donne des directives à la brigade
concernant l'exploitation ; laquelle se compose de deux campagnes. La
première (forestière) va du 1er janvier au 31 juillet
mais peut être prolongée ; la seconde (chasse) débute le 15
décembre pour prendre fin le 30 avril. L'organisation de ces campagnes a
toujours nécessité au préalable une réunion
d'information tenue par le conseil régional de concert avec le conseil
rural qui, à son tour, convoque une autre réunion dite
d'approbation car n'ayant qu'un avis consultatif et non conforme.
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