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Activités rurales et patrimoine ligneux: implication des populations, enjeux et perspectives de gestion dans la communauté rurale de Koussanar (département de Tambacounda au Sénégal)

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par Elias THIAM
Université Gaston Berger de Saint-Louis Sénégal - Maitrise 2006
  

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II-2-3- Les pratiques pastorales contribuent au recul des espaces boisés

C'est la deuxième activité de la communauté rurale derrière l'agriculture. Elle est en pleine expansion grâce à la disponibilité de l'eau (mares et marigots temporaires de juin à novembre) et des campagnes de lutte contre les maladies du bétail (botulisme, pasteurellose bovine, ovine et

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caprine, fièvre aphteuse, charbon symptomatique, etc.) depuis le Programme de Développement de l'Elevage au Sénégal Oriental (P.D.E.S.O) 11 jusqu'à nos jours.

Selon le chef de la brigade forestière de Koussanar, Mr Niang Top, « il constitue un facteur limitant de la préservation de certaines ressources à faible capacité de régénération. » du fait des élagages, émondages et coupes abusives de certaines espèces comme Pterocarpus erinaceus, Stercula setigera, Cordyla pinnata, etc.(voir figure 6)

Figure 6 : Photo de Pterocarpus erinaceus et Stercula setigera ayant subi les effets de l'émondage.

Photo prises le 08 septembre 2006

Ces espèces sont très appétées par le bétail. Elles constituent un fourrage de substitution pendant les périodes de soudure (début d'hivernage). Par contre, la première (Pterocarpus) est plus sollicitée en ce sens. Même en pleine saison des pluies, elle subit ces pratiques des éleveurs et celles des vendeurs de ses feuilles. Des campagnes de sensibilisation sont menées à travers la radio régionale car elle a une faible capacité de régénération et reste menacée de disparition si son exploitation continue au même rythme. La seconde est surtout attaquée par les transhumants.

11 Il s'est retiré de la zone depuis 1997

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La transhumance de troupeaux venant d'autres régions s'ajoute à tous les effets d'un élevage extensif. Ils sont importants et sont l'oeuvre de «walankés» 12 à partir de janvier et février.

Les pratiques pastorales participent considérablement à la dégradation du couvert végétal. Leurs impacts s'aperçoivent aussi dans la provocation des feux de brousse par certains éleveurs pour rendre la forêt plus facilement accessible (généralement en octobre). En outre, ces feux sont parfois déclenchés par des récolteurs de miel, des exploitants de la saignée de Stercula setigera, des fumeurs et même des paysans (fin novembre) dans une optique de protection de leurs champs face à d'éventuels feux qu'ils ne pourraient contrôler.

II-2-4- Les feux de brousse

Le problème de ces feux est très réel mais les contrevenants ne sont pas en général dénoncés pour des considérations familiales ou amicales, d'où une grande entrave à leur maîtrise. C'est ainsi que des feux précoces (55000 ha en 2005), déclenchés sous la direction des forestiers, constituent le seul grand recours pour minimiser ou annuler les dégâts sur les ressources forestières. La forêt évolue aujourd'hui en savane et le passage du feu est un facteur déterminant de la persistance de ces types de formations (voir figures 7 et 8). Chaque année, on enregistre en moyenne trois à quatre cas dans la communauté rurale: 2001: cinq cas pour 1530 ha de superficie brûlée ; 2002: trois cas pour 750 ha ; 2003: trois cas pour 630 ha ; 2004: trois cas pour 235 ha ; 2005: trois cas pour 166 ha.13

Toujours est-il que l'influence du feu sur la régénération est fonction de son intensité. Faible, les rejets peuvent repousser sur les tiges ; forts, les repousses se font soit sur la souche, soit sur les racines ou la plante meurt (Manga A., 1999).

12 appellation initialement donnée aux éleveurs du Walo mais intéressant aujourd'hui surtout ceux du Djolof

13 Données de la brigade forestière de Koussanar

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Figure 7: Photo sur les feux de brousse et leurs effets sur la végétation

photo prise le 08 novembre 2006

Dans la communauté rurale de Koussanar où les précipitations, facteurs de production de la phytomasse combustible, sont assez favorables, les feux de brousse sont violents et destructeurs. C'est pourquoi ils participent considérablement à l'accentuation du taux de mortalité de certaines espèces (Hexabolus monopetalus, combretum pedicelatum,...). Ils peuvent enrichir temporairement le sol superficiel en sels minéraux mais ces derniers sont presque entièrement lessivés par les premières pluies.

Leur maîtrise permettrait de :

- 'assurer la survie du bétail en saison sèche par la préservation des pâturages ; - fournir des matériaux de confection de l'habitat rural ;

- diminuer la pression sur le patrimoine ligneux.

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On constate donc que les mécanismes de dégradation des ressources naturelles et de l'environnement sont bien présents. La photographie aérienne prise en 2002 sous la houlette du Centre de Suivi Ecologique (C.S.E) montre que la destruction de la végétation naturelle a atteint un stade tel qu'on ne peut plus parler de forêt au sens géographique du terme. La carte d'occupation des sols (ci-dessus) que nous avons réalisée par le truchement de cette image en constitue une illustration. La savane arbustive au nord à boisée au sud s'intègre dans des espaces de culture et de pâturages, surtout au nord de la communauté rurale. La carte a le mérite de nous édifier sur la quasi-absence de forêts et de nous confirmer l'idée d'un nord plus pastoral (domaine des peuls) que le sud. Cependant sa limite réside dans le fait qu'elle ne montre pas avec précision la place qu'occupent l'agriculture et l'élevage au sud de la CR alors que cette partie est presque devenue la zone de prédilection de ces pratiques suite à sa forte poussée démographique. Cela s'expliquerait par des erreurs d'interprétation liées à la période de prise de l'image (saison des pluies) à cause de la forte possibilité de confusion des reflectances. Son actualisation serait de bon augure pour une meilleure analyse de cette dynamique qui se lit également à travers l'exploitation forestière.

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