II-2-2- L'agriculture en tant que facteur de destruction
des forêts
L'agriculture se développe dans la communauté
rurale grâce à la relative disponibilité des terres
cultivables et à la pluviométrie plus ou moins bonne même
s'il y a des nuances à souligner du point de vue de sa
répartition dans le temps et dans l'espace. Elle occupe une place
primordiale dans les activités économiques de la C.R.K. En effet,
elle absorbe plus de 70% des emplois en saison pluvieuse. On y distingue des
cultures de rente (arachide, coton) et des cultures vivrières (mil,
sorgho, mais) complétées par un maraîchage encore
très marginal dans les localités de Koussanar et Dawady. Par
ailleurs, le riz est cultivé dans les « faro »,
dépressions inondées en saison des pluies le long de la piste
Saré Birom, kalbirom, kouthiakoto, là où les cours d'eaux
sont les plus concentrés.
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Le secteur agricole concerne surtout les wolofs, peuls et
mandingues.
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Les premiers n'ont pas une grande tradition agraire. Ils sont
originaires du Djolof, du Cayor et du Walo où leur organisation
était davantage tournée vers des « entreprises
politiques et militaires plutôt que vers le développement d'une
civilisation paysanne soucieuse d'aménagement permanent du milieu et du
progrès technique. » (Pelissier P., 1966, p.111). Mais,
progressivement, avec la persistance des soucis matériels induits par
les besoins liés à la spéculation, ils colonisent la zone
des terres neuves et atteignent la communauté rurale de Koussanar par le
sud. Leur principale spéculation est l'arachide et la
caractéristique fondamentale de leur agriculture contemporaine est
l'occupation presque entière de l'espace consécutivement à
l'augmentation de la population. Partout, la brousse a désormais subi le
passage des défrichements. Contrairement aux peuls, les wolofs disposent
de peu de bétail et ne s'occupent pas trop de la restitution de la
fertilité.
Les peuls cultivent des variétés
vivrières et du coton que l'on associe à un peu d'arachide. C'est
l'élevage bovin qui se range au premier plan de leurs activités.
Ils sont dispersés dans tout l'arrondissement mais se concentrent
surtout au nord et cohabitent rarement avec les mandingues, plus nombreux au
sud.
Ces derniers, venus pour la plupart du Mali car étant
très tôt touchés par le boom arachidier, sont parvenus
à s'installer dans la zone à la recherche de devises que la
pénétration des échanges rendait soudain indispensables
(Pelissier P., 1966).
Globalement toute la population, de quelque appartenance que
ce soit, se livre à l'agriculture. Elle est très extensive
autrement dit qu'elle engage peu de moyens de production. Ils sont pour la
plupart rudimentaires ou tout simplement inaccessibles à une population
assez démunie. En plus, la Surface Agricole Utile (S.A.U) est mal
valorisée du fait des défrichements qui participent
considérablement à la dégradation des sols et de la
végétation. Ils sont surtout motivés par les cultures sur
brûlis ou agriculture nomade ou encore «shifting cultivation»
que le Commonwealth Forest technology (1951) définit comme une
méthode de culture périodique principalement utilisée en
région tropicale, consistant « à abattre quelques arbres
ou la totalité du peuplement, à brûler les bois abattus et
à pratiquer des cultures agricoles pendant un ou deux ans, après
quoi, le cultivateur passe à un autre endroit où il
répète la même opération. »
Nos enquêtes et observations ont
révélé que c'est une pratique très répandue
dans la communauté rurale. Or, elle pose de véritables
problèmes de régénération du fait des coupes peu
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espacées, ce qui serait en partie responsable de la
baisse de la fertilité des sols et partant celle des rendements des
cultures.
A ce sujet, Mr Seydou Ndiaye, responsable de projets
d'agriculture et cultivateur expérimenté atteste «
qu'à défaut de fertilisants, les rendements ne peuvent en
aucun cas être bons. » Cependant, cette forme d'utilisation de
l'espace semble s'adapter à la pauvreté et à la
fragilité des sols.
Les pratiques paysannes sont très néfastes
à la couverture végétale ligneuse dont
l'intérêt est avéré sur le plan de la fertilisation
des sols et par conséquent, de l'équilibre économique de
la zone. En somme, l'agriculture n'a pas atteint un degré de
satisfaction du fait :
- des traditions culturales (système très extensif)
;
- de la dégradation des sols ;
- des difficultés d'accès au crédit pour les
intrants agricoles ;
- du sous équipement des paysans et de la
vétusté du matériel agricole ;
- du manque de maîtrise des eaux de pluie ;
- des difficultés liées à la faible
maîtrise des circuits de commercialisation.
Les agriculteurs étant les gardiens de la majeure
partie des ressources naturelles, ils ont besoin d'assistance technique pour
qu'on puisse efficacement faire face à l'accroissement
démographique, à l'augmentation des besoins en numéraires
et à l'introduction de nouvelles connaissances et techniques en
matière agricole.
La pression exercée sur la végétation
n'est pas seulement d'ordre agricole. Elle se mesure également aux
dommages causés par les agissements liés à
l'élevage.
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