2.3. OKIMO, UN CANARD
BOITEUX
En jetant un regard sur les tableaux de production ci-haut,
l'on peut constater que la chute de production a commencé en 1960 pour
atteindre le point zéro en 1996.
Dans ce point, il est question d'examiner les principales
causes du déclin de l'OKIMO, l'effort fourni pour arrêter
l'hémorragie et enfin, les tentatives de redressement.
2.3.1. Les causes du
déclin
Parmi les causes du déclin, on peut citer :
- l'environnement politique malsain et la mauvaise
gouvernance ;
- le départ brusque et précipité des
cadres techniques européens en 1960 et en 1964 abandonnant en vrac les
activités de l'entreprise, laissant derrière eux plusieurs
compatriotes tués et des amis cadres nationaux
assassinés ;
- l'utilisation de plus de 12.445 Kg d'or à d'autres
fins par les autorités de Stanleyville et les mercenaires de 1960
à 1965,
- le désinvestissement progressif suite au manque des
devises lesquelles étaient récupérées par le
Gouvernement après la vente d'or en Europe et le manque des capitaux
propres pour l'importation de matériels d'exploitation ;
- la fermeture de plusieurs mines suite à
l'épuisement des gisements connus ;
- la vétusté de l'outil de production ;
- la démotivation du personnel dont le pouvoir d'achat
est complètement érodée (ONG AEMAPRI, 2007 :
8).
2 .3.2. Effort pour
arrêter l'hémorragie
En 1975, les travaux de recherche et de prospection
interrompus depuis l'indépendance ont repris réactivant ainsi les
réserves minières en voie d'extinction.
Curieusement cet effort fut de courte durée car la
conjoncture économique et le climat politique étouffèrent
cette initiative.
2.3.3. Tentatives de
redressement
Les tentatives de privatisation pour essayer de sauver l'OKIMO
ont commencé en 1982 avec le contrat de sous-traitance signé
entre l'OKIMO et les Entreprises Générales
d'Auxeltra-Béton, « EGAB », en sigle, qui est une
entreprise australienne de génie civile. Il était question
d'atteindre, en 1983, demi-tonne d'or, en 1984 2,2 tonnes ou en 1985 3,1 tonnes
d'or (UCOUN, 2007-2008). Cette expérience se solda par un
fiasco car au lieu que la production s'augmente, elle a diminué ;
ce qui poussa le Gouvernement à résilier ce contrat.
Une nouvelle expérience fut tentée quelques
années après avec une société brésilienne
dénommée ANDRADE GUITERREZ SA financée par le Gouvernement
Brésilien. Ce contrat concernait l'exécution des études et
sondages complémentaires sur le gisement D7 KANGA ainsi que sur
l'ouverture d'une mine et l'implantation d'une usine de traitement de minerais
de ce gisement. Cette société avait réalisé des
travaux de sondage, mais le projet n'avait pas pu voir jour pour des raisons
politiques (UCOUN, 2007-2008).
OKIMO a obtenu encore des prêts en 1987 pour la relance
de ses activités. On peut citer le Plan Standby financé par
ORGAMAN et le prêt BAD dans le cadre du plan d'urgence et de relance des
activités.
S'agissant du prêt BAD, UCOUN (2007-2008) fait
retenir que ce prêt concernait la fourniture des équipements
et pièces de rechange de premières nécessités,
l'assistance technique et financière, les sondages et
interprétations des données et les études
technico-économiques de faisabilité.
Parmi toutes les tentatives, seulement le prêt BAD a
abouti à une étude technico-économique de
faisabilité exécuté partiellement, car les
matériels achetés grâce à ce financement
traînent ça et là à Kisangani, à Matadi,
à Kinshasa et à Isiro ; suite aux intrigues de la
KIMIN ; l'assistance a été suspendue en 1990 (Cf.
Mémorandum des travailleurs OKIMO, 2005).
Toutefois, il sied de noter que plusieurs autres contrats de
service ont été signés entre l'OKIMO et diverses
sociétés. Il y a lieu de citer le contrat signé en 1984
avec Price Waterhouse & Associés Afrique,
« PWAA », en sigle pour un diagnostic d'organisation,
d'audit financier et d'assistance comptable ; la convention signée
entre l'OKIMO et Tractionnel Engineering International SA pour une
expertise ; le Prêt Belge, etc. (ONG AEMAPRI,
2007 :10).
Malgré toutes ces tentatives, le déclin de
l'OKIMO n'a cessé et il est devenu un canard boiteux. La seule voie de
sortie à envisager pour sortir l'entreprise du bourbier n'a
été que « l'amodiation ».
C'est ce qui renvoie directement à la notion de
« partenariats ».
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