III. Reconstruire le système de santé, et
le rendre plus efficace.
La décennie de conflit a laissé des
infrastructures de santé en très mauvais état, voire
complètement détruites. De ce fait, et du fait des conditions de
vie (populations déplacés regroupées dans des camps),
l'état de santé de la population s'est dégradé.
Aujourd'hui, le système de soins est articulé sur trois niveaux :
central (définition des politiques, coordination, suivi et
évaluation), intermédiaire (17 Bureaux Provinciaux de
Santé (BPS), appuie le fonctionnement des Bureaux de Districts
Sanitaires (BDS) et des hôpitaux), périphérique (niveau
opérationnel, BDS). Les BDS sont gérés par une
équipe cadre dirigée par un médecin chef de district.
L'équipe cadre organise avec les Centres de Santé, et en
coordination avec l'hôpital de district les Soins de Santé
Primaire (SSP). Chaque district sanitaire couvre une population comprise entre
100 000 et 250 000 habitants. Les centres de santé étaient au
nombre de 483 en 2004 [Ministère santé Publique]. La
majorité des centres de
15 Prévention de la Transmission Mère-Enfant.
santé sont publics, associatifs, ou
agréés, sauf dans la capitale où la plupart sont
privés. Les trois-quarts des hôpitaux sont publics ou associatifs,
sauf dans la capitale où plus de la moitié sont privés
[EPISTAT, 2004]. L'accessibilité géographique semble plutôt
bonne en absolu, puisque 80 % des burundais vivent à moins de 5 km d'une
structure de soins. Mais les quatre hôpitaux spécialisés
sont situés dans la capitale, et 80 % des médecins et plus de 50
% des infirmiers sont installés en milieu urbain. Au-delà d'une
mauvaise répartition au détriment des populations rurales, les
structures et le personnel de soins sont en sous-effectif. Ainsi, en 2008, le
pays comptait 1 hôpital/197 860 habitants, 1 centre de santé/14
216 habitants, l médecin/34 744 habitants, 1 infirmier/3500 habitants,
et 1 pharmacien/110 000 habitants [Ministère de la Santé,
2008]16. Beaucoup de médecins ont été
formés à l'étranger pendant la période de conflit,
et 21% ne sont jamais rentrés au Burundi. De plus, les structures
sanitaires se trouvent face à un manque de matériel, autant que
de personnel de maintenance. Le Programme National de Développement
Sanitaire 2006-2010 prévoyait une réforme du système de
soins, mais les données manquent encore pour mesurer vraiment, et son
effectivité, et ses effets.
L'importance du système statistique dans le processus
d'amélioration du système de soins semble avoir saisie. Il
n'empêche que la statistique au Burundi reste fortement
déficitaire. La première génération
d'ingénieurs statisticiens depuis le conflit vient d'entrer sur le
marché de l'emploi, et l'on peut s'attendre à une
évolution positive de la statistique burundaise, notamment en
matière de santé. Les données sanitaires devront
être tenue à jour au niveau des structures de soins, et
centralisées. Il reste que la fonction statistique de l'état
civil est encore largement sous-exploitée. Mais il est évident
qu'une bonne exploitation de celle-ci rend nécessaire, au
préalable, une amélioration de la complétude de
l'état civil (60 % des naissances sont déclarées en 2005).
Des opérations d'information et de sensibilisation doivent donc
être mises en place à cet effet. En adhérant à la
Charte africaine de la statistique, le Burundi a reconnu que des statistiques
fiables et régulières étaient un facteur essentiel du
développement. C'est le cas particulièrement en matière de
santé. Notamment, pour des actions efficaces parce que correctement
ciblées, les statistiques produites en matière de santé
devront permettre de mettre en évidence, le cas échéant,
les disparités (genre, âge, niveau de revenu, inter et
intra-régionales, rural/urbain).
16 Les normes de l'OMS prescrivent : 1 hôpital/ 100 000
habitants, 1 Centre de Santé/10 000 habitants, 1 médecin/10 000
habitants, 1 infirmier/3000 habitants, 1 pharmacien/15 000.
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