CONCLUSION
Durement touché par la guerre, le système de
soin du Burundi doit non seulement se relever, mais continuer de lutter contre
les anciens fléaux, et affronter les nouveaux, avec peu de moyens
internes : aujourd'hui, sur 10 euros dépensés dans le secteur de
la santé, 9 sont fournis par l'aide extérieure. Par ailleurs, la
pression foncière augmente, et si la population demeure à 90%
rurale, l'urbanisation commence à croître. L'opération de
rapatriement des réfugiés de guerre, impulsée par le HCR,
a débuté en 2002. On estime que 470 000 ressortissants sont
depuis rentrés au pays [UNHCR Burundi, 2009]. Beaucoup de
rapatriés se sont retrouvés « sans terre ». Des
opérations de « villagisation » ont donc été
mises en place17. Aux nombreux « sans-terre » s'ajoutent
les populations déplacées, regroupées dans des camps,
ainsi que des réfugiés de la République
Démocratique du Congo. Les conditions de vie des réfugiés
et déplacés favorisent les maladies infectieuses et parasitaires.
De même, il faut éviter à tout prix une urbanisation sous
forme de bidonvilles, où se concentrent les populations les plus pauvres
dans des conditions d'hygiène et de promiscuité favorables au
développement des maladies.
La structure par âge de la population devrait constituer
un atout pour le développement économique. Mais dans ce pays
où 90% de la population est employée dans le secteur agricole, la
forte croissance démographique associée et un secteur moderne peu
développé ont favorisé sous-emploi et chômage
[BARAMPANZE et NKURUNZIZA, 1994]. Dans ce contexte socio-économique
défavorable, les OMD en matière de santé maternelle et
infantojuvénile seront difficilement atteints pour 2015. De même
concernant la pandémie du VIH/SIDA. La malnutrition demeure un
problème majeur, et favorise le développement des maladies. Mais
des progrès sont visibles et encourageants, et la maîtrise des
maladies comme le paludisme et la tuberculose est en bonne voie, si toutefois
le budget consacré à la santé continue d'augmenter, tout
comme l'accès à l'eau potable (72%), et l'assainissement (46%)
[Unicef, 2010]. En matière d'éducation, l'OMD sera
réalisé, car en 2009, le taux net de scolarisation est de 75 %,
sans disparité de genre, et c'est un avantage en matière de
santé.
L'accent doit être mis sur l'amélioration du
système statistique, et la généralisation d'un
système de sécurité sociale. Enfin, une politique de
santé mentale, en gestation depuis plusieurs années, doit voir le
jour au plus vite. Le contexte post-conflit la rend impérative.
17 Avec un succès mitigé, car le « village
», tel qu'on peut le trouver ailleurs en Afrique, n'existe pas au Burundi.
Traditionnellement, la population est répartie sur les « mille et
une collines » du pays en « Rugo », habitat entouré du
champ familial, éloignés les uns des autres. Un rugo comprend en
général plusieurs ménages, de la même famille.
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