C/ La dualite de la synergie
Ce vocable designe comme nous l'avons vu precedemment, le
supplement de valeur consecutif a un regroupement d'unites
de production et qui ne peut etre obtenu que par la realisation
effective du regroupement.
La dualite de la synergie ici est etudiee a partir des flux de
tresorerie de l'entreprise qui se subdivisent en flux economiques et en flux
financiers. Ces differents flux interessent au premier chef les dealmakers et
sont a l'origine des fusions d'entreprises. Les flux economiques sont relatifs
au cycle d'exploitation et concernent les investissements de l'entreprise. Les
flux financiers se rapportent aux transactions entre l'entreprise avec ses
bailleurs de fonds, actionnaires
et creanciers.
Un solde des flux economiques negatifs s'explique par le fait que
l'entreprise realise des investissements non rentables puisque les bailleurs de
fonds mettent a la disposition de l'entreprise plus d'argent n'en retirent. Par
contre un solde positif traduit la situation dans laquelle l'entreprise peut
s'autogerer et assure la remuneration de tous les apporteurs de fonds.
Nous distinguerons tout au long de ce memoire des synergies
financieres, c'est-A-dire les consequences d'une modification
de la politique de financement sur le montant et le risque des
flux disponibles pour les actionnaires. Les synergies economiques quant a
elles, resultent des effets de fusions de societes sur
la rentabilite et le risque des investissements.
Nous ne pouvons affiner cette analyse sans faire reference a un
modele general d'etude de la synergie developpe par Igor ANSOFF (6).
(6) Voir Igor ANSOFF dans "Strategie du developpement de
l'entreprise" ed.H&T 1968, pages 62 a 64.
Paragraphe 2 : Modelisation du concept de synergie
A/ Hypotheses et formulation
Dans le souci d'une explication plus claire de la synergie, nous
utiliserons des notations mathematiques.
Nous savons que chaque produit commercialise represente un
chiffre de ventes annuel de o< unites monetaires qui est sa contribution aux
resultats de l'entreprise. I1 convient par consequent de diminuer ces montants
des frais d'exploitation (matieres premieres, main d'oeuvre, drais generaux,
frais administratifs, depreciation) de $ unites monetaires. En
outre
on a investi X unites monetaires pour mettre au point le produit,
l'outil de production et le reseau de distribution. Il s'agit
des investissements en Rot,. D, immobilisations et
approvisionnements, publicite-promotion (coots de production + coots de
vente).
En combinant les trois variables (o< , , ) du triplet, nous
obtenons le taux annuel du rapport 0 , sur le produit P, sous la
forme
o _ - /3
A
Pour le produit P1 nous aurons :
e,- - oC
1 A4
Cette equation traduit la part du gain realise par rapport a
l'investissement consenti sur un produit donne et pour une periode donnee. On
peut ecrire des formules similaires pour tous les n produits de l'entreprise :
P1, P2, P3 "', P.
En admettant le principe d'additivite des variables, on peut
ecrire que les montants totaux obtenus par agregation au niveau de la firme
sont respectivement 0(7.(chiffre d'affaires de la firme), p
(frais d'exploitation), XT (investissements
de la firme).
-r = + + +
= + 1 3 2, + +
F3ry
= + + + Ary
Le rapport de l'investissement pour la firme est
Cette formulation n'est admise que si les variables oiC , /3
et )\ sont independantes afin qu'on puisse les totaliser
par de simples additions. L'hypothese qui vient d'etre mentionnee
peut etre verifiee dans une entreprise possedant des titres independants les
uns des autres ou dans une holding ayant des activites associees de fagon
conglomerale. Dans ces conditions, l'agregation elementaire permet d'avoir
immediatement les profits.
En supposant que la "holding" est represent-6e par la
lettre H, la "taille" permet aux grandes entreprises d'exploiter a
de moindres frais que de petites entreprises faisant a elles
toutes le meme montant de chiffre d'affaires, et de realiser des
investissements moins couteux que la somme des leurs. En d' autres termes, pour
0(H = 0<7. on aura :
Comme nous l'avons deja signale, l'indice H correspond a la
holding et l'indice T aux entreprises totalisant un chiffre d'affaires egal a
celui de la holding.
but vise est d'accroitre la complementarite des activites
entre elles, puisque dans une holding c'est-a-dire un
conglomerat, les activites n'obeissent a aucune logique industrielle
et commerciale ; seul prime l'objectif de rentabilite. Dans ces
conditions, l'effet combine recherché peut jouer dans le
mauvais sens et avoir des consequences perverses. Cette critique
peut se resumer au caractere restrictif et contraignant de ce modele au regard
des hypotheses retenues.
La deuxieme limite vient du fait que le modele synergetique de
ANSOFF est lie au determinisme de la grande dimension et du cost de production.
On fait l'impasse sur les autres avantages et aspects de la strategie a tel
point qu'on se demande si cette obsession pour la minimisation des coots risque
ou ne constitue pas un danger pour le groupe issu de la fusion.
Avec la rationalisation du travail et progres technique, la
valeur ajoutee est aujourd'hui devenue trop faible dans les entreprises
industrielles. Lorsqu'une firme se focalise sur la recherche de la synergie
("economies d'echelle" et "economies d'envergure"), elle passe a cote de
l'essentiel car le probleme majeur est de plus en plus, celui de la gestion des
stocks.
En effet les stocks engendrent des coots qui ne sont identifies
nulle part dans les etats comptables et financiers de l'entreprise. Le coot des
stocks est par consequent ignore et l'entreprise passe completement a cote de
son optimisation, d'oD l'interet accru de la logistique. On fait donc
intervenir pour combler cette lacune, la fonction economique car elle integre
les coots bilantiels, les coots d'opportunite et des coots
de possession des stocks ; ceci permet d'avoir une structure des
coots plus proche de la realite economique.
Par ailleurs, touter les logiques basees sur la recherche des
synergies sont dans une certaine mesure des logiques fausses. En effet, dans la
grande entreprise, on a la grande production qui fait que les stocks sont
difficiles a gerer. De plus, cette production de masse est destinee a
satisfaire une demande de marche et non une demande de client.
Apres une tentative de definition et de modelisation du concept
de synergie, nous allons nous interesser a son ambivalence, c'est-a-dire
l'externalite et l'internalite de son origine.
|