CHAPITRE III : L'incidence patrimoniale des fusions
d'entreprises : effectivite ou non-effectivite de la synergie
Le present chapitre traite exclusivement de l'impact des fusions
d'entreprises sur le patrimoine des actionnaires des societes impliquees. On
fait totalement l'impasse sur les indicateurs comptables dont on a fait cas
dans le chapitre precedent.
L'etude se limitera juste aux operations ayant reussi car la
realisation de synergies implique necessairement la fusion effective de deux ou
plusieurs entreprises.
Nous aborderons tour a tour les conglomerats dont l'etude
fournit indirectement la mesure de l'effectivite des synergies de nature
financiere. Ensuite les manoeuvres de fusion ; puis une section entiere sera
consacree a l'etude du marche francais.
Section 1 : Les fusions conglomerales
L'etude sur les conglomerats peut se ramener au tryptique
diversification-strategie defensive-synergie financiere.
Paragraphe 1 : La diversification des conglomerats
La theorie des marches efficients montre que la
diversifi- cation ne permet pas de justifier la constitution des
conglomerats.
Pour cette raison, it est necessaire de mesurer le degre de
diversification apporte par les conglomerats par rapport aux vecteurs de
diversification que sont les F.C.P. (Fonds Communs de Placement) et les SICAV
(Societes d'Investissement a Capital variable). La premiere etude de ce genre
est celle de SMITH et
SCHREINER en 1969. Les deux auteurs determinent en 1967 la
position respective de dix-neuf conglomerats et de huit fonds communs de
placement dans l'espace de MARKOWITZ base sur le couple rentabilite
esperee-risque total. Pour chaque conglomerat ou fonds commun de placement, ces
deux parametres sont estimes
8 partir d'une serie chronologique d'indices sectoriels. La
conclusion de l'etude est la domination de la frontiere d'efficience composee a
l'aide des fonds communs de placement. Les conglomerats ont par consequent un
potentiel de diversification inferieur
a celui offert par les fonds.
Une autre etude realisee par WESTON et SMITH (1972) portant sur
un echantillon de 48 conglomerats et 50 fonds communs de placement aboutit a la
meme conclusion. Les conglomerats offrent a l'investisseur un placement
relativement inefficient pour
la simple raison qu'ils laissent subsister une part de risque
specifique. Par ailleurs les conglomerats sort des outils inefficaces de
diversification.
Paragraphe 2 : Les resultats des fusions de type
conglomeral
Apres l'analyse du niveau de la diversification des conglomerats,
le probleme est maintenant d'evaluer l'efficacite economique de ces
regroupements. Une des motivations des fusions de type conglomeral est la
recherche de la synergie financiere
a partir d'une strategie defensive.
De nombreuses etudes aboutissent a des conclusions differentes.
En effet, certaines affirment un echec de la strategie conglomerale par
opposition aux portefeuilles ; d'autres par contre pensent
que les conglomerats ont en moyenne une performance deux fois
meilleure que celle des fonds communs de placement et quill
est donc mieux de detenir ce genre d'actif dans un portefeuille
parfaitement diversifie (WESTON, SMITH ET SCHRIEVES EN 1972). Cette
conclusion est compatible avec l'existence de synergies financieres et peut se
justifier par la competence des dirigeants des conglomerats et leur aptitude
mieux que les gestionnaires
de fonds ; a pouvoir exploiter des situations d'inefficience sur
le marche a l'aide des alliances.
Les resultats des regroupements de type conglomeral ont donc ete
mitiges.
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