Paragraphe 3 : Mise en evidence de synergies
financieres
s'agit dans ce paragraphe d'aborder la question de l'existence
des synergies purement financieres. Des auteurs
comme KIM et Mc CONNELL (1977) se sont inspires de l'hypothese
selon laquelle les fusions d'entreprises reduisent le risque d'illiquidite.
L'etude concerne 39 fusions conglomerales et la premiere
conclusion est que les porteurs d'obligations ne subissent aucune perte pendant
que les firmes fusionnantes exploitent l'occasion pour augmenter le levier
financier. Dans_cette optique, le
risque de faillite se trouve reduit. Sur la base d'un echantillon
de 28 firmes acquereuses, impliquees dans les fusions conglomerales, la seconde
conclusion stipule que des porteurs d'obligations realisent un gain autour de
la date d'annonce de l'operation. Les actionnaires de ces memes firmes
n'enregistrent aucune perte tandis que ceux des firmes controlees realisent
un gain. Ces
resultats prouvent l'existence de synergies specifiquement
financieres suivant l'idee selon laquelle les fusions conglomerales sont de
prime abord moins porteuses de synergies economiques que les autres types de
regroupement.
Somme toute, la presence d'une synergie globale positive dans les
operations de fusion conglomerale traduit bel et bien l'existence de synergies
purement financieres.
Cependant l'hegemonie dans ce genre de rapprochement, de la
synergie financiere sur la synergie economique, reste largement discutee.
Section 2 : L'impact patrimonial des autres categories de
fusion
Les differentes methodes retenues ont certifie la pertinence de
la technique des rendements anormaux lorsqu'il s'agit d'apprecier l'incidence
des operations de fusion sur le patrimoine des actionnaires des firmes
concern-6es. Les etudes se
font a partir du modele d'equilibre des actifs financiers
(MEDAF) afin de determiner les gains retires de l'alliance
(excess returns). Nous centrerons notre analyse sur les donnees mensuelles et
quotidiennes.
Paragraphe 1 : Les resultats des recherches basees
sur des donnees mensuelles
Elles portent sur des operations de fusion. La date de reference
autour de laquelle sont calcules les rendements anormaux est celle a laquelle
le regroupement est effectivement realisee.
Cette imprecision ne permet pas de mieux apprehender avec
exactitude l'arrivee de la nouvelle information sur le marche. Par ailleurs la
meconnaissance de la date de premiere annonce prohibe toute analyse detaillee
des effets d'annonce car entraine l'option pour une periodicite mensuelle (au
detriment d'une periodicite journaliere).
Cependant le temps qui s'ecoule juste avant la date de
realisation de la fusion, permet d'avoir une estimation moyenne de la date
d'annonce (autrepreuve de l'imprecision). C'est dans cet ordre d'idtes que les
auteurs comme BROWN et WARNER (1980) ont pu conclure que les prises de controle
commencent a produire leurs effets sur les valeurs boursieres des entreprises,
six
a sept mois avant la date de realisation.
C'est pour cette raison que ce delai a ete retenu pour resumer
dans un tableau les resultats interessants. On constate une difference entre
les groupes d'actionnaires constituant
le regroupement.
Le tableau montre que les actionnaires des societes acquereuses
ne semblent pas profiter de l'operation car les rendements anormaux cumules
sont positifs, mais en aucun cas jamais tres loin de 2 %. Par contre, pour les
actionnaires des societes acquises, la performance est tres positive et
significative puisque la moyenne se situe autour de 13,4 %.
Ces resultats amenent a conclure que les acquereurs surpayent
leurs acquisitions et qu'il existe des synergies anticipees ainsi que le
confirme l'etude de HALPERN (1973) avec le gain de 10,8 % obtenu par les deux
categories confondues.
Les synergies sont inegalement reparties a cause de
l'existence d'un marche fortement concurrentiel en ce qui concerne les societes
acquereuses et moins concurrentiel pour celles contrOlees.
La raison cruciale est que les firmes acquises recelent des
potentialites qui attirent les investisseurs.
Certains auteurs dans leurs analyses sur les motivations des
fusions, pensent que les futures acquereurs enregistrent pendant la periode
precedant la date de realisation, des resultats positifs a cause d'un
management performant favorable a une operation de croissance externe. Aux
antipodes, les entreprises acquises degagent des resultats desastreux dus a une
mauvaise gestion.
La technique des "rendements anormaux" permet de constater que
pendant la periode anterieure a la fusion effective, les differentes
entreprises subissent des pertes comparables.
Le tableau suivant resume les effets patrimoniaux des fusions
ainsi que les differentes performances.
Auteur(s) de
l'etude et
armee
|
Constitution de Periode
l'echantillon d'etude
(1)
|
Entreprises acquereuses (2)
|
|
Entreprises acquises
(2)
|
HALPERN
|
U.S.A. 1950-1965 (- 7,0)
|
ensemble des entreprises
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(1973)
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+ 10,8
|
%
|
(150)
|
MANDELKER
|
U.S.A. 1951-1962 (- 7,- 1)
|
+ 1,6%(241)
|
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+ 14,3%(252)*
|
(1974)
|
|
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|
ELLERT
|
U.S.A. 1950-1970 (- 7, 0)
|
+ 3 % (771)
|
|
+ 14,6%(311)*
|
(1976)
|
|
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|
|
FRANKS
and ALII (1977)
|
R.U. 1955-1972 (- 5, 0)
|
+ 3,9% (70)
|
|
+ 21,9%(70)*
|
LANGETIEG
|
U.S.A. 1950-1969 (- 6,- 1)
|
- 2,2%(149)
|
|
+ 10,9%(149)*
|
(1978)
|
|
|
|
|
NAVATTE
|
FRANCE 1962-1974 (- 7, 0)
|
+ 0,3 % (99)
|
|
+ 6,1%(74)*
|
(1978)
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|
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|
|
GAGNON and ALII
|
BELGIQUE 1960-1972 (- 7,0)
|
+ 3,0% (49)
|
|
+ 13 %(67)*
|
(1982)
|
|
|
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BLAETTCHEN
|
R.F.A. 1970-1976 (- 7,0)
|
- 1,4% (23)
|
|
+ 5,0%(39)
|
Rendement
moyen pondere (3)
|
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+ 2,0% (1402)
|
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+ 13,4% (957)
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Effets patrimoniaux des fusions et resultats (voir
tableau) Source : Bruno HUSSON, "La prise de controle d'entreprises", PUF, page
60.
(1) Periode exprimee en mois, sur laquelle sont cumules les
rendements anormaux mensuels, le chiffre 0 correspond au mois de realisation de
l'operation.
(2) Rendements anormaux moyens cumules ; l'asterisque (*)
indique que le resultat est significativement loin de zero au seuil de 5 % ; le
chiffre entre parentheses signale la taille de rechantillon.
(3) La ponderation est effectuee en fonction de la taille des
echantillons.
N.B. : l'etude de NAVATTE (1978) sur la FRANCE utilise les
releves des tours bimensuels.
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