CHAPITRE I : Une conceptualisation du management de
l'innovation
I. PARTIE I - L'innovation comme source de valeur pour
l'entreprise
I Un concept
polysémique
L'innovation est un thème récurrent dans les
discours managériaux et fait l'objet d'une attention accrue de la part
des théoriciens de l'entreprise qui la considèrent empiriquement
comme un facteur déterminant de la réussite d'une entreprise sur
son marché.
Pourtant, si le terme est populaire, son usage reste confus
car trop souvent utilisé sans grande précision. Il est donc
inévitablement porteur d'ambigüités et le flou conceptuel
régnant autour de sa définition empêche l'émergence
d'un véritable savoir scientifique et managérial autour de
l'innovation (Deltour, 2000).
Il s'agit donc ici de mettre tout d'abord en avant les
approches traditionnelles du concept pour en délimiter les contours.
Nous décrirons par la suite la multiplicité des formes qu'elle
peut revêtir et les nouvelles représentations qui se construisent
peu à peu autour de ces interprétations.
A- La sémantique de l'innovation
Selon l'OCDE2(*), une innovation est « la mise au point
d'un produit ou d'un service plus performant, pour fournir une nouveauté
ou une amélioration au consommateur » (Manuel d'Oslo,
2005).
D'aspect tangible ou immatériel, l'innovation est donc
ici décrite comme un produit ou un service caractérisé par
sa dimension novatrice.
Mulgan et Albruy (2003) approfondissent cette notion en
intégrant l'idée d'une création ou d'une invention qui ne
serait pas seulement inédite, mais aussi et surtout source substantielle
de valeur pour le consommateur comme pour l'entreprise.
Pour Joseph Schumpeter (1912), économiste
hétérodoxe3(*), l'innovation se distingue de l'invention dans la
mesure où cette dernière ne recouvre que des aspects liés
au progrès technique tandis que l'innovation est acceptée et
validée par le marché. Elle est donc en quelque sorte un pari
économique sur l'avenir. Et c'est l'entrepreneur qui prend le risque de
la nouveauté en faisant le lien entre la connaissance
technico-scientifique d'un côté et les utilisateurs/clients de
l'autre. Cela signifie qu'une découverte technique non exploitée
ou qu'une idée non matérialisée par un produit ou un
service ne peut pas être considérée comme une innovation.
Les sciences de gestion sous l'effigie de Van de Ven (1986)
adoptent une approche élargie de l'innovation en la définissant
comme « le développement et la réalisation
d'idées nouvelles par des individus qui, dans le temps, s'engagent avec
d'autres dans un contexte institutionnel donné ».
Ainsi, le sens général fédérateur
que nous pourrions dégager de ces différentes conceptualisations
serait le suivant : l'innovation est une création, dont
l'application industrielle qui en découle trouve des
débouchés commerciaux répondant à des besoins
existants ou créant de nouveaux besoins. C'est donc une invention
introduite avec succès sur un marché.
* 2 Organisation de
Coopération et de Développement Économiques est une
organisation internationale d'études économiques comptant 34
états membres.
* 3Schumpeter donne l'exemple
d'une pensée libre et originale. C'est la raison pour laquelle on le
qualifie d'économiste hétérodoxe car il ne peut être
classé ni dans le courant libéral, ni dans le courant
keynésien, ni dans le courant marxiste (Source :
www.ac-grenoble.fr).
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