VII. Origine et fondement du Programme Concerté
Maroc
Le Programme Concerté Maroc (PCM), tire son origine du
« temps du Maroc en France » organisé en 1999 et qui a vu
s'animer partout dans le pays des milliers de manifestations qui ont
montré la richesse de la coopération franco-marocaine. A cette
occasion, la nécessité de mettre en place un « partenariat
global » entre les deux pays a été entérinée
par les deux gouvernements et au sein de ce partenariat, l'importance
soulignée de développer et de consolider les coopérations
entre les acteurs de la société civile des deux Etats.
Le cadre général du PCM, rentre dans la
dynamique des PCPA, dans lesquels se trouve une double ambition de construire
une coopération entre des organisations de la société
civile, qu'elles soient au Sud ou au Nord, et un dialogue politique entre ces
organisations et les pouvoirs publics dans la finalité de coproduire des
politiques publiques inclusives.
Le PCPA entend établir un lien entre les initiatives et
décisions mondiales45 et l'accès effectif des
populations les plus pauvres aux services de base fondamentaux, notamment par
le truchement d'une utilisation plus judicieuse de l'aide publique au
développement. C'est l'établissement de ce lien qui renforce les
opportunités de collaboration entre les pouvoirs publics
français, « distributeurs » d'une aide au développement
et les organisations de la société civile française,
actives dans plusieurs régions du monde. Le postulat qui oriente cette
collaboration est que la concertation entre les Etats et les
sociétés civiles est indispensable pour mettre en oeuvre des
politiques efficaces de lutte pour la réduction de la pauvreté et
les inégalités et pour un Etat de droit plus marqué.
Néanmoins il est force de constater que les Etats
développés à travers la coopération internationale,
plus particulièrement l'aide au développement, ont des enjeux
politiques et économiques. En raison de la mondialisation et l'expansion
des marchés étrangers, les pays développés
cherchent de plus en plus à délocaliser leurs productions dans
les pays en voie de développement. Ces derniers
45 Sommet du Millénaire, conférence de
Monterrey, déclaration de Paris, rencontre d'Accra,
etc.
représentent pour les pays développés une
richesse en ressources naturelles abondantes et en ressources humaines
qualifiées. D'autant plus les pays développés connaissent
une pyramide des âges vieillissante, et donc comptent en grande partie
sur l'affluence des jeunes émigrés issus des pays en voie de
développement (exemple du Canada...). Dans une autre optique, certaines
ONG internationales ont plutôt des enjeux religieux dans un souci de
diffusion des valeurs religieuses dans les pays où elles oeuvrent, et ce
sous prétexte des actions caritatives.
En revenant à notre étude, il faut noter que la
recherche d'une meilleure articulation entre les programmes bilatéraux
et les nombreuses initiatives multilatérales a constitué une
préoccupation forte des acteurs institutionnels et non gouvernementaux
intervenant au Maroc dans le cadre des réformes engagées par le
Royaume. C'est l'ensemble de ces préoccupations qui a donné
naissance au projet d'un Programme Concerté multi-acteurs
franco-marocain s'inscrivant dans le cadre d'une nouvelle contractualisation
entre les pouvoirs publics français et les acteurs non gouvernementaux.
Ainsi a été lancé le Programme Concerté Maroc
(PCM), programme qui a réuni en son sein 19 organisations
françaises, 36 organisations marocaines et le ministère des
affaires étrangères français de 2002 à 2005.
1. Intérêts et enjeux de la deuxième
phase du PCM (2006-2010)
Le PCM a choisi la dynamique de la jeunesse, parce que les
jeunes constituent la tranche la plus importante de la population, 50% de la
population à moins de 25 ans. En outre, la jeunesse représente
l'avenir du pays et elle connaît des problèmes spécifiques
compromettant cet avenir, au Maroc, comme dans d'autres pays en voie de
développement. En effet, malgré les récents progrès
de la scolarisation, une forte proportion de jeunes reste encore
analphabète ou privée d'une formation professionnelle
appropriée à des emplois satisfaisants.
Comme nous l'avons déjà précisé
ci-dessus, les jeunes diplômés du supérieur en
chômage sont nombreux et ils s'intègrent peu dans
l'économie. Par ailleurs, le sous emploi et la faible
rémunération touchent les jeunes non formés, dans les
secteurs traditionnels de l'agriculture, du commerce et de l'artisanat.
On comprend, dans ces conditions, les difficultés
qu'éprouvent les jeunes générations à se
préparer aux mutations sociales, économiques, et
professionnelles.
On imagine les problèmes qu'elles rencontrent pour
s'installer dans une vie familiale et à s'insérer dans un cadre
de participation citoyenne. Cet enjeu d'inclusion est pointé dans
différents rapports, réalisés par les autorités
marocaines avec l'appui du PNUD et de la Banque Mondiale, tels que : «
les jeunes, un atout sous estimé », ou, « ensemble,
pour un développement humain » et encore le rapport du
cinquantenaire de l'indépendance « pour un développement
humain élevé ». C'est dire la pertinence du
thème commun aux membres et aux partenaires publics et non
gouvernementaux du PCM.
Cette dynamique accompagne la montée en puissance du
tissu associatif marocain marquée par l'existence de plus de 46 000
associations dont plus de 2 00046 sont des associations de jeunes
pour une population majoritairement composée de jeunes.
Pour aller de l'avant dans sa deuxième phase le PCM a
mis en place un ensemble de mesures stratégiques et techniques : comme
objectif général il s'est fixé l'accompagnement de la
jeunesse marocaine à être actrice d'un développement humain
et solidaire, dans un cadre de concertation entre associations
françaises et marocaines, avec leurs pouvoirs publics dans l'ambition
d'assurer une grande implication des jeunes dans la société
marocaine.
Le PCM a mis en oeuvre des moyens et des outils pour
concrétiser son action, tel que :
- Les projets : leur intérêt réside dans
le principe qu'ils seraient conçus et conduit conjointement par des
partenaires français et marocains. Ils devraient contribuer à
l'atteinte d'un ou plusieurs résultats escomptés par le programme
tout en respectant ses principes et valeurs. Les projets
sélectionnés par une commission élue seront
financés par un Fonds d'Appui à Projets (FAP).
- Les activités régionales : consistent à
renforcer l'élaboration de stratégies d'action collectives
régionales et la création de passerelles avec les dispositifs
existants d'appui à la décentralisation. Ces actions seront
financées par un fonds d'Appui aux Initiatives Régionales
(FAIR).
46 Rapport d'évaluation du PCM, 2006.
- Les activités transversales : sont en pleine
articulation et complémentarité avec les autres types
d'activités et se devront de répondre aux besoins réels et
concrets des acteurs du programme (formation, échange
d'expérience, séminaires, plaidoyer...). Le PCM a mis
également en place quatre pôles thématiques, à
savoir le pôle Insertion professionnelle, Education Animation, Economie
Sociale et Solidaire, Citoyenneté et Accès aux Droits. L'objectif
de ces thématiques est d'approfondir la connaissance mutuelle autour des
projets et des acteurs, et de tirer les bonnes pratiques des expériences
des uns et des autres.
Le PCM dans sa seconde phase, a compté 96 organisations
membres dont 63 organisations marocaines et 33 organisations françaises.
Ceci a permis un début d'appropriation du programme par les associations
marocaines, et un poids de plus en plus soutenu, vu qu'au début les
organisations étrangères assuraient le financement et aussi le
pilotage. Actuellement le rapport de force a changé, puisque les
associations marocaines sont devenues plus nombreuses dans les consortiums des
projets du PCM.
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