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La jeunesse marocaine: de la participation à  l'implication dans le développement humain et social

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par Hicham ABDEDINE
Faculté de Sciences Economiques Souissi Rabat - Master 2 Finance et Management des Organisations Economiques et Sociales et Développement Humain 2011
  

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Section 2 : Analyse des Projets de Développement du PCM 2

Les Projets de développement du Programmes Concerté Maroc, ont été conçus dans un cadre local et régional, suivant différents champs d'action, répondant à des besoins spécifiques des populations de plusieurs régions du pays, et en rassemblant acteurs de la société civile et pouvoirs publics, pour une cause commune qui est la réhabilitation de la situation des jeunes marocains. En ce qui suit, nous allons analyser quelques projets dont le choix a été établi à l'avance. Les projets qui vont faire l'objet de cette analyse sont :

- Le Projet Cré'Acteurs du Moyen Atlas, (Fiche en Annexe 4) ;

- Le Projet Jeunesse Territoire et Citoyenneté (JTC), (Fiche en Annexe 5) ;

- Le Programme Concerté Provincial (PCP) de Jerada, (Fiche en Annexe 6) ; L'analyse portera sur l'impact des projets sur les jeunes ciblés, notons de plus que cette analyse se focalisera sur plusieurs critères. En premier, l'action sur la jeunesse par une approche concertée, ensuite sur l'implication des jeunes ciblés par les projet, de façon à déterminer dans quelle mesure les jeunes ont été bénéficiaires, et dans quelle mesure ces mêmes jeunes ont été impliqués en tant qu'acteurs dans le développement de leur localité, et enfin sur l'impact du cofinancement des projets.

I. Agir sur la jeunesse par une approche concertée

Dans le cadre des interventions des ONG dans les pays du Sud, l'aide au développement était perçue par les associations nationales ou locales comme étant concurrentielle, ou en d'autres termes, prédominantes, puisque le rôle des ONG du Nord était limité aux donations financières. Dans le cas du Maroc, les associations réclamaient donc un réel partenariat avec un réel partage des responsabilités. L'avènement de la notion du Programme Concerté Pluri Acteurs (PCPA) a donné un autre sens au paysage associatif avec plus de rééquilibrage. Le Programme Concerté Maroc dans sa forme pluri-actrice défend le rééquilibrage Nord-Sud. Cela réside dans le passage en premier lieu d'un PCM fondé sur la coopération entre une association française et marocaine, avec une prédominance des associations du Nord dans le pilotage et la prise de décision, à un PCM fondé sur le pluri acteurs. En d'autres termes, la nécessité de travailler en consortiums, ce dernier exige un réel partage des actions, et une mise en commun des expériences, d'où la mise en place

de la charte des valeurs, qui incite les signataires ou partenaires de projets, à s'engager dans le respect des valeurs en vigueur à savoir (la coresponsabilité, réciprocité, démocratie, transparence, parité, exemplarité et autonomie). En second lieu, l'instance de prise de décision du PCM est un comité de pilotage transnational, qui réunit à la fois des associations françaises, et marocaines, des pouvoirs publics français et marocains, ainsi que les représentants des jeunes, et le plus important dans cette instance c'est que les parties prenantes travaillent en concertation, et ont des voix égales et participent ensemble à l'élaboration des stratégies par consensus.

D'autre part, force est de constater l'ébauche d'appropriation du terrain par les associations marocaines membres du PCM, à tous les niveaux. Au comité de pilotage, les 2/3 des représentations sont marocaines, et le 1/3 concerne la représentation française. Sur les projets FAP, les associations marocaines bénéficiaires commencent à prendre place, les 2/3 sont des associations marocaines, et le 1/3 est composé par des associations françaises. Egalement, les visites croisées se sont faites dans les deux sens, non seulement les associations marocaines ont bénéficié de leur visites au Nord, mais aussi celles du Nord sont venues pour voir et tirer profit des évolutions associatives marocaines.

Cette logique a été projetée sur les projets du programme. Pour servir la jeunesse marocaine, les porteurs des projets ont entamé la même philosophie. Ils se sont constitués en consortium rassemblant les associations marocaines et les associations françaises. Tel est le cas du projet Cré'Acteurs qui a réuni en son sein 4 associations marocaines (l'association Yannor de Khénifra, l'association Ait Bourzouine d'El Hajeb, l'association Tazouta de Séfrou et l'association Ain Bechar de Taza), et seulement 2 associations françaises à savoir ESF et CEFIR. La majorité a été donnée aux associations marocaines parce qu'elles sont des associations locales qui connaissent les spécificités de leurs territoires, le tissu institutionnel local, et plus particulièrement les projets et les aspirations des jeunes de la région. En outre, l'implication des ONG françaises, est due à l'apport du savoir faire, du fait que le projet opte pour le tourisme rural, et que les deux ONG travaillaient déjà sur la même dynamique avec les acteurs locaux du Moyen Atlas. De même pour le projet JTC, il a été conçu de façon concertée entre le CCFD, le CNLRQ et le Carrefour Associatif avec cinq de ses associations membres.

Le PCP de Jerada s'est lancé dans une optique provinciale, vu que c'est la décomposition du territoire la plus pertinente pour nouer une concertation efficace, en raison du rapprochement des acteurs locaux et associatifs, ce qui facilite leur rassemblement autour de la question des jeunes. Le PCP, contrairement aux deux autres projets a réuni seulement des acteurs marocains (associations, conseil provincial, communes, délégation de l'éducation nationale, l'entraide nationale ...).

Les réunions des consortiums ont constitué un réel échange d'expérience et de mutualisation des efforts. Il faut noter que la démarche de concertation était présente dans toutes les étapes de la construction des projets et leur mise en oeuvre. Ceci a permis aux jeunes associatifs et aux jeunes ciblés par les projets, d'acquérir un esprit de concertation, dans la mesure où ils ont commencé à chercher des partenaires pour leurs projets d'avenir, et également élaborer des plans d'action concertés pour chercher des opportunités de financement complémentaire.

De même les ateliers de réflexion et les visites entre membres des consortiums ont permis aux jeunes de faire connaissance avec d'autres jeunes du territoire national, pour partager et transmettre les bonnes pratiques. Dans une autre optique, les visites croisées Nord-Sud, et Sud-Nord qui ont été réalisées dans le cadre des projets, ont constitué pour les jeunes une opportunité d'échanger et d'apprendre des expériences de leurs homologues français. Tel que l'exemple du projet Cré'Acteurs dans le quel une visite a été effectuée entre les jeunes de l'association Ait Bourzouine et les jeunes de l'ONG Belge (Landes de Gascogne).

Dans ce qui va suivre, nous allons voir quel a été l'impact des projets sur l'implication des jeunes en tant qu'acteurs dans le développement de leur entourage.

II. Impliquer les jeunes dans le processus du développement humain

L'objectif spécifique du PCM a été non pas de faire des jeunes une population bénéficiaire d'actions ponctuelles, mais de vrais acteurs impliqués dans le développement de leur localité. De ce fait, il a instauré la même démarche au sein de ses projets.

La notion de jeunes acteurs et développeurs consiste en la construction de leurs capacités et compétences pour prendre part dans le développement local. Il est donc important de s'engager dans l'action collective au sein du territoire, contribuer à la gestion durable du partenariat et participer à la construction de la démocratie locale. Dans le tableau ci-après nous allons donner un aperçu sur les jeunes bénéficiaires des trois projets objet de ce mémoire.

Nombre de jeunes bénéficiaires

Projet
Cré'Acteurs

131 jeunes51

164 jeunes52

PCP Jerada

80 jeunes53

Projet JTC

On se basant sur la dynamique des quatre projets on remarque qu'ils ont un résultat attendu commun, qui est celui de l'implication des jeunes dans les actions des projets et faire d'eux des acteurs autonomes. Ceci a été concrétisé sur deux volets, par le renforcement des capacités et par l'accompagnement et la mise à disposition des jeunes d'outils et de méthodologies de travail.

Sur le projet Cré'Acteurs, il était question de focaliser l'action sur les leviers qui caractérisent la région et qui peuvent donner un champ porteur en matière d'emploi aux jeunes. On peut citer des exemples tel que le tourisme rural, l'Apiculture, la Cuniculture... D'après les entretiens effectués avec les membres du projet, il est certain que les jeunes ont constitué la partie majeure des bénéficiaires. En outre, la dynamique instaurée par le PCM dans ses projets a fait que les jeunes après avoir

51 Entretien avec S. Boulomor, président de l'association Aitbourzouine, El hajeb.

52 Entretien avec M.Hamzaoui, Référent jeune du PCM et membre de l'association Gafait, Jerada.

53 Entretien avec A. Amziane, Trésorier du Carrefour Associatif, Rabat.

suivi des formations diverses devaient pendre l'initiative et s'impliquer dans leurs propres projets d'avenir. On peut évoquer l'exemple de la coopérative Ourthou d'Apiculture créée par 7 jeunes de l'association Yannor54. Il faut préciser que ce sont ces mêmes jeunes qui ont suivi une formation en Apiculture. De même une autre coopérative a été créée par 10 jeunes femmes de l'association Tazouta, ces dernières avaient suivi une formation au métier de tissage.

Dans le cadre du PCP de Jerada, il est question d'intégrer les attentes et besoins des jeunes de la région dans les Plans de Développement Communaux (PDC) et chercher à impliquer les jeunes dans la prise de décision au niveau de la gestion des affaires locales. Ce constat est tiré de la situation difficile liée à la marginalisation et au manque d'opportunité d'emploi. Une partie importante des jeunes travaillent dans des conditions lamentables dans des « Cendriers »55 en vue d'avoir un petit revenu journalier. Il faut signaler que plusieurs jeunes lycéens ont subit la mort dans ces mines.

Le PCP de Jerada se veut un regain de confiance chez les jeunes en les sensibilisant sur le rôle qu'ils peuvent jouer dans la gestion des affaires locales. D'un coté par la participation aux listes électorales et de voter sur les personnes qui vont les représenter dans les instances législatives, et d'un autre par la présentation de ces jeunes aux élections en vue de devenir des acteurs locaux et représenter leurs communes. L'implication des jeunes réside dans la constitution des conseils de jeunes issus de trois communes de la province de Jerada. Ces jeunes ont pu créer une charte de la participation à la gestion des affaires locales (Annexe 4).

Les conseils de jeunes de Jerada ont constitué une force de conviction vis-à-vis des pouvoirs publics, des élus locaux et des associations. Grâce à l'implication et la volonté des jeunes, les présidents de 6 communes, la municipalité de Jerada à coté de 10 associations et 110 jeunes ont signé la dite charte56. Ceci montre que les pouvoirs publics sont convaincus du rôle et de la place des jeunes dans l'élaboration participative des PDC.

54 Entretien avec M. Bobot, président de l'association Yannor, Khénifra.

55 Des puits d'extraction du charbon qui ont été abandonné par la société d'exploitation.

56 Entretien avec M.Hamzaoui, Référent jeune du PCM et membre de l'association Gafait, Jerada.

Au niveau du projet JTC, l'échelle prise en compte est le quartier. L'objectif était d'ancrer les valeurs de citoyenneté dans l'esprit des jeunes et faire d'eux des acteurs à part entière dans les activités visées par le projet. Comme le cas du PCP de Jerada, les jeunes du projet JTC ce sont constitué en 4 conseils de jeunes (le conseil de Rabat Yaacoub el Mansour, le conseil de Khemisset, le conseil de Khénifra et le conseil de la commune de Tendrara). Ces 4 conseils ont été composé de 20 jeunes chacun représentant leurs confrères des 4 provinces.

Les jeunes du JTC ont suivi des formations dans plusieurs domaines à savoir la sensibilisation à la préservation de l'environnement, les effets de la drogue, l'animation culturelle et sportive. Les 80 jeunes du projet ont acquis les outils nécessaires en vue d'être eux même des acteurs dans leurs quartiers et procéder à la sensibilisation de la population des quartiers à travers des ateliers de formation et des soirées culturelles. Les résultats sont appréciables, on peut citer comme exemple les jeunes du conseil de Khénifra qui ont crée un club de jeunes lycéens pour la sensibilisation contres les effets dangereux de la drogue. De même pour les jeunes du conseil de la commune Yaacoub el Mansour de Rabat qui ont réaménagé 4 jardins au niveau de 4 quartiers. Il faut signaler que les jeunes de ce conseil ont mobilisé près 80057 personnes entre jeunes et adultes.

Il est force de constater que l'impact et la philosophie du PCM a été d'une grande portée sur les jeunes. Ces derniers ont appris à s'organiser en conseils et à approcher les pouvoirs publics en vue de réfléchir ensemble sur les préoccupations des jeunes. De même ils ont acquis des outils et des méthodes pour pouvoir créer leurs propres projets.

Nous allons voir ci-après la question du cofinancement et son impact sur les projets et les jeunes.

57 Entretien avec M.Azim, Responsable Administratif et Financier du Carrefour Associatif.

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"L'imagination est plus importante que le savoir"   Albert Einstein