III. OBJECTIFS DE LA RECHERCHE III.1 Objectif principal
:
L'étude vise a identifier les liens qui existent
entre l'origine sociale et les performances scolaires.
III.2 Objectifs secondaires :
Les objectifs secondaires de l'etude sont de
:
* Identifier les rapports qui existent entre le statut
matrimonial de la famille d 'appartenance des eleves (polygamie- monogamie)
et les performances scolaires.
* Determiner les liens qu'il peut y avoir entre le
niveau d'instruction des parents et les resultats scolaires de leurs
enfants.
IV. HYPOTHESES DE LA RECHERCHE
IV.1. Hypothese principale :
L 'origine sociale et les conditions socio-economiques d
'existence influencent les performances scolaires des eleves.
IV.2. Hypotheses secondaires
* Il existe un lien entre le statut matrimonial et
les performances scolaires des éléves, de maniere plus
spécifique les éléves issus de familles monogames sont
plus performants que ceux issus des familles polygames.
* Le niveau d'instruction des parents determine les
performances scolaires de leurs enfants. En d 'autres termes, la proportion des
éléves qui réussissent augmente au fur et a mesure que le
niveau de scolarité de leurs parents s'éléve.
V. A PPROCHE CONCE PTUELLE
"L'affettage des concepts est donc la premiere
étape vers la théorie : cela conduit parfois a des discussions de
vocabulaires qui paraissent byzantines au profane qui croit savoir
d'évidence ce dont il parle. C'est une erreur : le byzantinisme au
départ épargne bien des confusions par la suite et toute science
en formation doit ce forger son vocabulaire meme si ce jargon irrite le
néop hyte" Henri MENDRAS (2001). Ce constat établi
par MENDRAS, montre l'importance des vocabulaires et concepts en sociologie.
Car comme l'avait si bien mentionné Emile DURKHEIM
4' la premiere démarc he du sociologue doit etre de
définir les c hoses dont il traite afin que l'on sac he et qu'il sac he
bien de quoi il est question. C'est la premiere et la plus indispensable
condition de toute preuve et de toute vérification ; une théorie,
en effet, ne peut etre contreilée que si l'on sait reconnaitre les faits
dont elle doit rendre compte" (1999 : 34).
Que faut-il alors percevoir a travers les principaux
concepts de cette étude portant sur le theme : Z'Origine sociale et
performances scolaires : analyse de l'influence des facteurs
socio-économiques sur les résultats scolaires. Etude de cas du
lycée Rialé et du College Naaba Zoungrana de Tenkodogo
4' ?
Cette étape de la recherche définie ces
principaux concepts selon des acceptions conventionnelles dans la mesure oil
ils sont validés dans d'autres recherches, par leur dynamisme a rendre
compte d'un tel phénomene.
r2- Identification des concepts
* Socialisation / éducation /
scolarisation
* Origine sociale
* Monogamie / polygamie
* Méritocratie
* Mobilité sociale
* Réussite scolaire
Qr Definition :
* Socialisation, Education et Scolarisation
Selon Madeleine GRAWITZ (2004), la socialisation est
le processus par lequel les individus sont intégrés dans une
société donnée, intériorisent les valeurs, normes,
codes symboliques et font l 'apprentissage de la culture en
général grace a la famille et l 'école, mais aussi par le
langage, l 'environnement, etc. Elle représente un apprentissage et un
ajustement.
Chez Jean-Paul PIRIOU (2004), elle est le processus
par lequel la société par l 'intermédiaire de groupes et d
'institutions (familles, école, etc.) inculque des normes, des valeurs
et des croyances a un individu en combinant des mécanismes d
'apprentissage (d 'habitudes, de savoir- faire) et d 'identification (a un
héros, aux parents). Pour l 'auteur, la socialisation se traduit par le
fait que l 'individu a intériorisé et fait siennes ces normes,
valeurs et croyances.
D'aprés Raymond BOUDON et al (1996), au sens
fort socialiser c 'est transformer un individu d 'un etre asocial en un etre
social en lui inculquant des modes de penser, de sentir, d 'agir. Pour ces
auteurs, une des conséquences de la socialisation est de rendre stables
des dispositions du comportement ainsi acquises. Cette intériorisation
des normes et valeurs a également pour fonction de rendre siennes les
regles sociales, qui sont par définition extérieures a l
'individu, et d 'augmenter la solidarité entre les membres du groupe.
Cette définition de la socialisation suppose la primauté de la
société sur l 'individu, l 'exercice d 'une contrainte par une
autorité considérée comme légitime et un objectif
défini au niveau social.
A cette vision plus ou moins déterministe, on
peut opposer tout de même une conception plus souple qui prend en
considération la relative autonomie de l 'individu, la capacité
de celui- ci a adapter les dispositions acquises aux situations vécues,
et même a modifier au besoin les normes et valeurs
intériorisées en fonction de certains problémes qu 'il est
appelé a résoudre.
Pour Mohamed CHERKAOUI (1999), c 'est a Durkheim que l
'on peut faire remonter l 'usage du concept de socialisation. Socialiser c 'est
convertir. Idéalement, c 'est transformé un individu d 'un etre
asocial en un etre social en lui inculquant des catégories de
pensée et un systeme d 'idées, de croyances, de traditions, de
valeurs morales, professionnelles ou de classe, dont certaines sont
irréversibles et d 'autres au contraire changent en fonction
de
nouveaux apprentissages et des situations
vécues. Cette définition suppose un avant et un aprés dans
l 'histoire des individus, la primauté du social sur l 'individu a des
communautés idéologiques ou cognitives. Elle n 'exclut cependant
ni la résistance ni même l 'échec du contrôle social
des individus par l 'institution scolaire.
Quant au concept d'éducation,
étymologiquement il vient du latin ex ducere qui signifie tirer hors,
élever. D'aprés Madeleine GRAWITZ (2004), c'est l'action
exercée généralement sur autrui pour augmenter les
possibilités du corps, de l'intelligence, du
caractére.
Dans l'art.2 de la déclaration des droits de
l'homme de 1948, elle désigne l'ensemble des moyens qu'une
société assure a ses membres pour les scolariser,
c'est-à-dire partager, surtout aux jeunes, les valeurs qu'elle
privilégie, sa culture, en même temps que transmettre les
connaissances nécessaires a l'épanouissement de leur
personnalité.
Dans un sens général alors,
l'éducation peut etre perçue comme la mise en oeuvre par les
adultes, éducateurs professionnels, des moyens aptes a favoriser le
développement des facultés proprement humaines de l'enfant :
affectivité, volonté, intelligence...
En ce qui est du concept de scolarisation, pour Emile
GENOUVRIER (2001), c 'est l 'action de scolariser, c'est-à-dire
dans un premier temps doter un pays, une région des
établissements nécessaires a l 'enseignement de toute une
population. Dans un second temps,
c 'est admettre un enfant ou un groupe d 'enfants a
suivre l 'enseignement d 'un établissement scolaire.
D 'un point de vue économique, la scolarisation
est définie comme un investissement avec des dépenses qui n
'engendreront des bénéfices que des années plus tard. C
'est en ce sens que BOMMIER. A et SHAPIRO. D (2001) pensent que la
scolarisation constitue un moyen
d 'augmenter le capital humain de l 'individu. Pour
ces deux auteurs, le concept peut etre défini comme étant l
'ensemble des connaissances et des capacités de l 'individu. Ainsi, en
allant a l 'école, l 'enfant développe des savoirs qui augmentent
sa productivité future et qui seront valorisés sur le
marché du travail.
Par contre, la conception sociologique définit
la scolarisation comme un processus de transmission d 'un savoir écrit
qui influe sur le comportement et la mentalité qui se répercutent
sur la société entiére.
Chez Etienne GERARD (1999), la scolarisation
s 'apparente a des combinaisons entre un ensemble de regles sociales et des
attentes en matiere d 'éducation, entre un ordre scolaire et des
capacités d 'ajustement de cet ordre et enfin entre des attentes et
besoins (celui de promotion sociale ou intégration, celui d 'acquisition
des savoirs) des contraintes (économiques, sociales) et des
capacités de satisfaction de ces besoins. En ce sens, la scolarisation
est le produit de représentations, d 'aspirations et du rapport entre
celles- ci et les possibilités de les satisfaire. Ainsi, la mise a l
'école et le choix du parcours scolaire sont toujours
opérés de maniere particuliere, c'est-à-dire qu 'ils ont
une certaine rationalité même si tous les facteurs ne sont pas
toujours pris consciemment en compte par les individus.
Pour les fins de la présente étude, nous
entendons par socialisation tout processus par lequel chaque individu
intériorise les divers éléments de la culture environnante
c'est-à-dire les valeurs, les normes, les codes symboliques, les regles
de conduite, les savoirs cognitives et intellectuels par l
'intermédiaire des groupes ou institutions que sont la famille et l
'école. Quant au concept d'éducation de part sa dimension
culturelle, sociale, politique et économique, renvoie ici, aux
institutions scolaires mais également aux différentes instances
éducatives et aux divers lieux de formations. De cette définition
de l 'éducation, retenons que lorsque nous parlons d 'éducation,
il s 'agit du savoir transmis a l 'école. Ainsi, nous convenons avec la
conception Deweyenne que l 'éducation et la scolarisation sont une seule
et même chose puisque le travail porte sur l 'éducation scolaire.
La scolarisation dans cette étude est donc le fait d 'envoyer un enfant
a l 'école en vue de lui inculquer des savoirs et savoir- faire qui
constituent des éléments nécessaires dans la vie de tout
homme, et le fait de suivre de pres son éducation scolaire.
* Origine sociale :
Etymologiquement, le concept origine vient des mots
latin Z 'origo '' et Z ' inis '' qui signifient ancêtres ou milieu humain
auquel remonte la généalogie d 'un individu, d 'un groupe. Le
concept renvoie donc a l 'ascendance, a l 'extraction, a la parenté, a
la souche. Quant au terme social, lui provient du latin socialis et est relatif
a un groupe d 'individus, d 'hommes.
Chez Madeleine GRAWITZ (2004), le social est
ce qui concerne les hommes en société. Pour l 'auteur, il n 'y a
pas d 'homme sans société ni de société sans homme.
C 'est l 'avis de William Lapierre qui affirme que les éléments
du systeme social sont des interactions entre
les personnes ou les groupes. Dans ce sens, le social
pour lui comprend la sociogénétique, l 'écologie, l
'économique, le culturel et le politique.
Quant a CHAUCHARD (1963), le social n 'est
autre chose qu 'un certain comportement de l 'individu dans ces rapports avec
autrui et spécialement ses semblables. Le social dépasse d
'ailleurs le domaine psychologique pour prendre en compte plusieurs dimensions
que Benoit GAUTHIER regroupe en trois dimensions : la dimension culturelle,
économique et relationnelle.
Selon CLANET. C (1989) alors, l 'origine
sociale peut etre considérée comme le milieu social d 'oil est
issu un individu, c 'est sa provenance sociale c'est-à-dire son
appartenance a un groupe social oil il participe de ses caractéristiques
socio- culturelles, économiques et relationnelles...
Dans cette étude, nous retenons que l 'origine
sociale désigne le milieu social oil est issu un individu
c'est-à-dire son appartenance a un groupe de personnes
apparentées vivant sous le même toit et partageant les mêmes
caractéristiques sociales, culturelles, économiques,
relationnelles...
* Monogamie et polygamie :
Pour Jean- Francois DORTIER (2004), la
monogamie peut etre définie comme un systeme dans lequel l'homme ne peut
etre simultanément l'époux de plus d'une femme et la femme
l'épouse de plus d'un homme. Elle s'oppose a la polygynie et a la
polyandrie les deux formes de polygamie. Cependant, l 'auteur souligne
inversement l'existence dans les sociétés monogames, des formes
cachées de polygamie : " Les nobles, les princes et les rois
entretiennent des courtisanes, les bourgeois des mattresses, les dames des
amants, relations qui sans etre officielles sont souvent connues de
tous".
Quant a la polygamie, selon Jean Paul PIRIOU
(2004) elle est une union impliquant plus de deux conjoints. On parle de
polyandrie lorsque c'est la femme qui épouse plusieurs hommes et de
polygynie lorsque c'est l'homme qui épouse plusieurs femmes.
Chez Jean-Francois DORTIER (2004), la
polygynie est la possibilité pour un homme d'épouser plusieurs
femmes. La polyandrie désigne une situation ou une épouse peut
pendre plusieurs maris. Elle est constatée dans quelques
sociétés seulement : chez les Nayar en Inde,
les Toda des Iles Marquises, les Indiens Guayati du
Paraguay ainsi que dans certaines régions du Tibet et du Népal en
revanche la polygamie est trés répandue dans le monde entier. Les
trois quart (3/4) des neuf cents (900) sociétés
humaines recensées par George MURDOCK sont polygames.
Il faut noter que la polygamie est une forme familiale
trts répandue et enracinée dans la tradition africaine. Elle
reste d'actualité tant en milieu rural qu'en milieu urbain. La polygamie
y est mentionnée dans le code de la famille burkinabe comme alternative
possible nécessitant toutefois l 9avis favorable des femmes
concernées. Selon Paré Afsata KABORE (1998), dans le
domaine de l 9éducation, les efforts en vue de l
9amélioration du rendement de l 9école
doivent intégrer de plus en plus des réflexions sur la question
même des rapports entre l 9école et la structure
familiale (monogamie -- polygamie). Pour l 9auteur, les rapports
sociaux inégaux entre hommes et femmes dans le contexte culturel
africain en général et en particulier burkinabé, sont
particuliérement reflétés dans l 9institution
familiale polygame et s 9inscrivent dans la même ligne que la
vision sociale qui insiste plus sur la scolarisation du garcon que de la fille.
C 9est pourquoi KABORE pense que, de part leur niveau
économique, leur taille, leur culture, souvent différents, la
polygamie et la monogamie pourraient avoir des liens sur les performances
scolaires qu 9il convient d 9étudier.
Pour cette étude, nous désignons par
polygamie sa dimension polygénique c9est-à-dire le
fait pour un homme d 9être uni simultanément a
plusieurs femmes. Par monogamie, nous entendons le fait pour un homme d
9être uni uniquement a une seule femme. Il est bien entendu
que la nature de l 9union (légale, religieuse ou concubinage)
ne sera pas prise en compte.
* Méritocratie :
Selon Madeleine GRAWITZ (2004), la méritocratie
désigne tout systeme dans lequel les postes élevés sont
occupés par des individus en fonction de leurs compétences
(mérites) définies par les standards sociaux de l
9époque et les exigences de la situation.
Pour Gilles FERREOL et al (1995), la
méritocratie désigne la situation dans laquelle ni la naissance
ni les relations ne doivent conditionner la réussite sociale. C
9est l 9application du principe : a chacun selon ses
dons, son talent et ses compétences. Au départ,
égalité des chances (assurée en partie, par la
démocratisation de l 9enseignement). Problématique de
la
circulation des élites, de nombreuses
discutions (héritage culturel, effet de lignée, reproduction des
inégalités).
Quant a Raymond BOUDON et al (1996), ce terme
désigne généralement une hiérarchie des postes et
des places qui résulte de l 'application du principe : a chacun selon
ses dons et ses mérites. D 'usage peu fréquent, il comporte des
équivoques, en particulier parce que son sens est plus large que celui
qu 'il évoque. S 'il suggere une répartition des postes en
fonction des efforts, du travail, de la bonne volonté de chacun, il
désigne en fait un état social oil la hiérarchie des
positions se calque sur celle des qualités individuelles (dons et
mérites confondus) ou plus simplement, un état social oil regne l
'égalité des chances. La méritocratie est
inégalitaire mais cette inégalité est l 'aboutissement d
'une compétition égale : des résultats inégaux mais
des chances égales au départ. Autrement dit, ni la naissance, ni
les relations, ni la chance ne conditionnent la réussite sociale ; seuls
jouent les dons et mérites, tel qu 'ils sont reconnus et mesurés.
De quelle maniere opérer cette sélection sociale ? Selon la
version la plus courante de la méritocratie, ce sont l 'école et
l 'université qui assurent cette fonction ; la hiérarchie sociale
se confond alors avec celle des diplômes. Selon donc la conception
boudieusienne, une méritocratie parfaite est une utopie mais les
sociétés sont plus ou moins méritocratiques.
Par contre, Fernand SANOU (1986), a une autre
conception de la méritocratie. Il met en exergue la mainmise des
intellectuels africains en général et burkinabe en particulier
sur l 'histoire post- coloniale de leur pays. C 'est donc dire que ces produits
et producteurs de l 'éducation scolaire façonnent et orientent
cette institution en fonction de leurs intérests et dans le but de
pérenniser leur légitimité sociale. Ensuite, l 'auteur
souligne donc que ce n 'est pas le mérite, l 'aptitude intellectuelle
des éleves qui détermine leurs chances d'acces aux
différents niveaux du systeme éducation, mais plutôt leur
origine sociale, la fortune et / ou le pouvoir social de leurs
ascendants.
Sans vouloir engager dans cette partie de la recherche
un débat controversé pour savoir si nos sociétés
sont méritocratiques ou pas, dans la présente étude nous
entendons par méritocratie tout systeme dans lequel le mérite et
la compétence déterminent la hiérarchie. Dans le domaine
donc de l 'éducation le concept désigne donc la situation dans
laquelle la position sociale ou l 'origine sociale ne conditionne pas la
réussite scolaire des éleves mais plutôt leurs
mérites et compétences.
* Mobilité sociale :
Selon Madeleine GRAWITZ (2004), la mobilité
sociale désigne simplement tout déplacement d 'un individu, d 'un
objet, d 'une valeur sociale ou d 'un groupe d 'une position sociale a une
autre.
Pour Raymond BOUDON et al (1996), la mobilité
sociale désigne le mouvement des individus entre les catégories
ou classes sociales. Il existe deux types de mobilité. La
mobilité intra- générationnelle qui est le passage des
individus d 'une catégorie a l 'autre durant la mesme
génération. On compare dans ce cas la classe a laquelle
appartient l 'individu enfin de carriere, par exemple, a la classe a laquelle
il appartenait en début de carriere. La mobilité
intergénérationnelle est quant a elle, la circulation d 'un
individu du groupe social auquel appartient sa famille (pere et mere) a un
autre groupe : nous comparons la classe sociale a laquelle appartient l
'individu a la classe a laquelle appartient sa famille.
A la suite de BOUDON, Jean Paul PIRIOU (2004)
définie la mobilité sociale comme la circulation des individus
entre les positions sociales. Il dénombre également deux types de
mobilité sociale : la mobilité intra-
générationnelle appelée mobilité professionnelle et
la mobilité intergénérationnelle appelée
mobilité sociale et correspondant aux changements de position sociale d
'une génération a l 'autre. Cependant il distingue la
mobilité verticale entre des positions considérées comme
de niveaux différents (mobilité ascendante et descendante) et la
mobilité horizontale entre des positions différentes mais
socialement équivalentes.
Chez Jean-Francois DORTIER (2004), la
définition sociologique de la mobilité sociale est
inséparable des instruments statistiques qui permettent de l
'étudier. Pour l 'auteur alors, les études statistiques s
'appuient depuis Karl Pearson (1857-1936) sur l 'exploitation des (( tables
de mobilité h, groupant les individus d 'une population selon leur
profession en début et en fin de carriere : c 'est la mobilité
professionnelle. La mobilité sociale proprement dite compare la
profession du pere et celle du fils. Pour DORTIER, le resve américain
est celui de l 'ascension sociale. L 'idéal du Z 'self made man '' n
'est pas qu 'un mythe mobilisateur c 'est aussi une réalité dont
la société américaine peut offrir de nombreux exemples. En
cela, la société démocratique s 'oppose aux
sociétés a ordres ou castes, dans lesquelles l'acces a telle
position sociale est strictement déterminé par le rang de
naissance.
Pour Pierre BOURDIEU (1978), le concept d
'habitus rend compte de la reproduction sociale qui s 'effectue a travers la
transmission des différents types de capitaux économique, social,
culturel et symbolique. Ce concept chez BOURDIEU met l 'accent sur la
liberté relative des individus dans l 'espace social favorable a une
mobilité sociale. La lecture bourdieusienne de la mobilité
sociale renvoie donc a la structure de la classe et a la hiérarchie des
positions a travers leurs transformations. Pour l 'auteur, la vie sociale peut
;tre considérée comme un champ, un espace de lutte entre les
différents agents occupant les diverses positions. Les luttes ont pour
enjeu l 'approbation d 'un capital spécifique au champ. A titre
illustratif, Pierre BOURDIEU présente le petit bourgeois (en ascension)
comme "un proMtaire qui se fait petit pour devenir bourgeois" : d
'origine populaire, il investit beaucoup dans l 'école et pousse sa
progéniture a la plus forte réussite possible.
Quant a Suzie SUTH (1997), la mobilité
sociale est un phénoméne temporel masqué par la succession
et la transformation de l 'activité des générations. Pour
elle, le mouvement ascendant sur l 'échelle sociale procéde de
deux voire trois générations utilisant dans certains cas des
intermédiaires qui permettent aux générations
ultérieures de pousser plus loin leur scolarité. Pour l 'auteur,
plus la mobilité dans une société se développe,
plus la conscience des inégalités croft ; les
phénoménes de changement social deviennent plus massifs et par
conséquent plus visibles socialement. Aujourd 'hui, en évoquant l
'éducation et les débouchés offerts dans leur pays, les
jeunes africains ont le sentiment de voir croitre sous leurs yeux, les
processus de différenciation sociale, de hiérarchisation sociale,
d 'exclusion et de marginalisation.
Tout au long de cette recherche, nous entendons par
mobilité sociale, la mobilité intergénérationnelle
qui est l 'ensemble des changements qui se produisent d 'une
génération a la génération suivante. C 'est donc
celle qui compare la classe sociale, le niveau économique, le niveau d
'instruction, etc. des parents a ceux de leurs enfants.
* Réussite scolaire :
Selon PASQUIER. D (1992), il y a plusieurs
maniéres de relativiser la notion de réussite. Pour lui
néanmoins, on peut considérer qu 'il y a réussite par
rapport aux mesures purement scolaires de passage de classes et d 'examens. C
'est donc une définition uniquement centrée sur les aspects
évaluatifs et leurs corolaires d 'avance ou de retard.
Quant a ASSOGBA. A (1984), la réussite
scolaire indiquée en général, par les notes,
représente le principal critére de passage des
éléves d 'un niveau a l 'autre ou d 'une filiére a l
'autre du systeme d 'enseignement. Bien réussir par exemple a l
'école, c 'est avoir de bonnes notes scolaires.
Dans le cadre de l 'étude présente et
pour des besoins méthodologiques liés a une approche surtout
quantitative, nous attribuons au concept de réussite scolaire son
acceptation courante de performance liée au rendement scolaire. Nous
entendons ici par performance le travail dans le sens d 'une production
intellectuel. Cette performance est donc perçue dans le sens de la
qualité du travail fourni et cela est mesurable par le rang
c'est-à-dire le classement effectué en fonction de la moyenne.
Mais aussi par la prise en compte du succés qui est percevable a travers
les redoublements.
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