C. Methodologie
La mission confiee et la methodologie de travail (mode
projet, reunions, rencontres, travail collectif) ont ete une source
d'informations et de reflexions pour cette recherche. L'elaboration des aires
de mobilite (outils RH au service des agents et des accompagnateurs), decrite
plus haut, a permis la rencontre des services formation, GPEC, des charges de
mobilite et des delegues RH. Lors du deroulement de la mission, des echanges
informels avec les differents acteurs ont eveille des reflexions et suscite des
amenagements de la grille d'entretien et du contenu du questionnaire, supports
de l'etude.
Des entretiens semi-directifs de deux types ont ete
realises aupres de 16 agents du Conseil Regional NPDC. Ces personnes ont ete
identifiees grace a un reseau de relations et choisies pour leur position, pour
leur experience et leur recul sur les conditions d'exercice de leurs activites
professionnelles. Ces personnes ont ete interrogees sur leurs activites, leur
mobilite, l'image qu'elles en ont, mais aussi sur la perception de leur role,
de leur position dans l'institution, sur leurs satisfactions et leurs
frustrations. Une serie de cinq entretiens visait a mieux percevoir les
questions de mobilite du point de vue des agents eux-mêmes. Une serie de
11 entretiens aupres des chefs de services et directeurs axait aussi les
questions sur le role du manager et leur vision de la mobilite.
Un entretien avec Marie Frangoise DUBOIS, chargee de
mobilite a permis d'identifier cinq agents ayant obtenu une mobilite en 2 009,
afin de realiser ces entretiens prealables a la conception d'un questionnaire
plus general. Le choix de ces agents a respecte les proportions respectives
(cadre d'emploi, parite, directions) des employes ayant obtenus une
mobilite.
Le questionnaire a ete elabore a l'aide du logiciel
Interview@ et le logiciel Eureka@ a permis le traitement statistique. Cette
enquête (annexe 7) a ete adressee a 196 agents ayant obtenu une mobilite
en 2 009. 111 personnes ont repondu a l'enquête, via un lien intranet
propose, soit un retour de 56 %. Dans ces reponses, une trentaine de
questionnaires reste en partie inexploitable, en effet ces interviewes n'ont
pas repondu aux questions « caracteristiques >> permettant
d'identifier le sexe, l'age, le type de contrat et le cadre d'emplois.
L'exploitation des donnees « brutes >> est basee sur 111 reponses.
L'analyse croisee des questions et des caracteristiques (sexe, age, cadre
d'emplois etc.) reprend 76 reponses. Le formulaire a ete renseigne par 67% de
femmes et 33% d'hommes. Ce pourcentage est equivalent au pourcentage des
mobilites observees en 2 009 (62% femmes, 38% hommes). Les themes abordes dans
cette investigation portaient sur le vecu de la mobilite, les acteurs de la
mobilite, la formation, les competences mobilisees et la vision de la
mobilite.
En outre, de nombreux echanges informels se sont
ajoutes aux entretiens et questionnaires. Des agents sollicites par
l'enquête ont souhaite depasser le cadre du questionnaire pour attirer
mon attention sur tel point de l'organisation et du contexte de travail ou des
difficultes liees a leur mobilite. Ils ont pris contact par courriel ou par
telephone afin de me faire part de leur ressenti complementaire.
Un entretien avec Marie Pierre LEBEAU-DURY, directrice
adjointe DRH, a permis d'identifier les managers a interviewer en prenant le
soin d'equilibrer entre les differentes directions et de tendre vers la parite
homme/femme. Ainsi 6 directeurs representants l'ensemble des directions a
l'exception des directions des lycees et des transports ont repondu a notre
sollicitation. Cinq chefs de services ont pu être entretenus et exercent
dans les mêmes directions precedemment citees. La grille d'entretien
semi-directif (annexe 8) aborde les themes de l'entretien annuel de progres et
l'evaluation des competences, l'accompagnement et la formation dans le cas des
mobilites, les pratiques de l'accueil et du depart d'un agent en mobilite et
incite l'interviewe a decrire sa propre experience de la mobilite. Les extraits
repris dans les resultats de l'etude sont issus de six entretiens (4 directeurs
et 2 chefs de service). Ils ont ete selectionnes pour la richesse de leurs
contenus ou pour le ton employe.
Non réponse
|
29
|
26,1%
|
DESS, Master
|
21
|
18,9%
|
BT S, DUT
|
19
|
17,1%
|
Maitrise
|
13
|
11,7%
|
Bac
|
12
|
10,8%
|
CAP, BEP
|
9
|
8,1%
|
Licence
|
8
|
7,2%
|
Doctorat
|
0
|
0,0%
|
Total
|
111
|
100,0%
|
Maitrise
CAP, BEP
Bac
BTS, DUT
Licence
Non réponse
DESS, Master
D. Les resultats de
l~,tude
Au sein du Conseil Regional, il existe des mobilites
qui sont le fait des agents et des mobilites qui s'imposent aux agents. La
mobilite est souvent une « affaire personnelle » et le role des
accompagnateurs reste en marge des demarches individuelles. Pourtant la place
du manager reste centrale dans ces processus. Leur vision et leurs attitudes
face a la mobilite influencent les contingences de la mobilite. De plus, la
gestion par la DRH des mobilites, malgre un discours volontariste, peine a
diffuser dans les services et souffre parfois de contradictions. Le concept de
mobilite se heurte aussi pour certains a l'identite professionnelle. Enfin la
promotion et sa gestion sont vectrices d'une vision particuliere de la
mobilite.
Les caracteristiques glob ales des personnes repondant au
questionnaire :
29 personnes n'ont pas renseigne le questionnaire sur
la partie des caracteristiques. Ils ne sont donc pas pris en compte dans le
traitement croise des donnees (caracteristique + autre critere). Les personnes
questionnees sont majoritairement des fonctionnaires territoriaux de categorie
A. ils ont un niveau d'etudes superieur a la licence et sont ages de 4 0 a 49
ans.
Indiquez votre catégorie d'emplois ?
Non réponse
|
29
|
26,1%
|
Catégorie A (ou assimilé)
|
51
|
45,9%
|
Catégorie B (ou assimilé)
|
16
|
14,4%
|
Catégorie C (ou assimilé)
|
15
|
13,5%
|
Total
|
111
|
100,0%
|
Catégorie B (ou assimilé)
Catégorie C (ou assimilé)
Catégorie A (ou assimilé)
Non réponse
Quel type de contrat avez-vous ?
CDD Fonctionnaire détaché
CDI
Fonctionnaire territorial
Non réponse
Non réponse
|
29
|
26,1%
|
Fonctionnaire territorial
|
71
|
64,0%
|
CDI
|
9
|
8,1%
|
Fonctionnaire détaché
|
1
|
0,9%
|
CDD
|
1
|
0,9%
|
Total
|
111
|
100,0%
|
Quel est votre niveau d'études ?
Quel âge avez-vous ?
Non réponse
|
29
|
26,1%
|
De 40 à 49 ans
|
42
|
37,8%
|
De 31 à 39 ans
|
24
|
21,6%
|
Plus de 50 ans
|
8
|
7,2%
|
Moins de 30 ans
|
8
|
7,2%
|
Total
|
111
|
100,0%
|
Moins de 30 ans
Plus de 50 ans
Non réponse
De 31 à 39 ans
De 40 à 49 ans
Caracteristiques de personnes interviewees :
5 entretiens préalables a l'élaboration du
questionnaire « mobilité' » ont été
réalisés. L'exploitation se concentre sur 3 entretiens (M1, M2 et
M3).
11 entretiens auprès de chefs de service et de
directeurs ont été menés.
L'exploitation se concentre sur 6 entretiens : 2 de chefs
de service (C1 et ) et 4 directeurs (D1, D2, D3 et D4).
Le tableau ci-dessous reprend quelques
caractéristiques des personnes interviewées.
N° entretien
|
Sexe H/F
|
Age
|
Catégorie A, B, C.
|
Emploi
|
M3
|
F
|
39
|
A
|
Chef de service
|
M1
|
F
|
56
|
C
|
Agent administratif
|
M2
|
F
|
45
|
B
|
Secrétaire
|
C1
|
F
|
47
|
A
|
Chef de service
|
|
F
|
5 0
|
A
|
Chef de service
|
D1
|
H
|
54
|
A
|
Directeur
|
D2
|
H
|
36
|
A
|
Directeur
|
D3
|
H
|
57
|
A
|
Directeur
|
D4
|
H
|
49
|
A
|
Directeur
|
Grace a l'exploitation des entretiens et l'analyse du
questionnaire, nous avons dégagé une catégorisation des
mobilités.
Typologie de mobilites
Des mobilites choisies ou subies.
difficiles.
15 a 2 0 % des personnes questionnées ont
vécu difficilement leur mobilité. Ce taux est a rapprocher des 9%
qui ont réalisé leur mobilité suite a un problème
dans le service, des 7% exprimant un ennui dans le poste et des 6 % par
nécessité de partir. Ce vécu est sensiblement le
même selon le sexe, toutefois l'élément déclencheur
de mobilité, que nous posons comme un élément difficile
diffère selon les catégories d'emplois. En effet, le
problème dans le service est estimé par 8% de la catégorie
A, 12% de la catégorie B et 26% de la catégorie C comme
l'élément déclencheur de leur mobilité. De
même, l'ennui dans le poste est énoncé par 6% des
catégories A et B mais représente 2 0% pour la catégorie
C. Il est a noter également que les femmes
ennui dans le poste (6,3%)
nécessité de partir (6,3%)
envie de promotion (6,3%)
problème dans le service (12,5%)
poste vacant interessant, opportunité (18,8%)
salariees de categorie C estiment que leur mobilite est
due pour 37 % a un probleme dans le service, pour 25 % a un ennui dans le poste
et pour 12 % a une necessite de partir.
Comment avez-vous vécu cette
mobilité?
Comment avez-vous vécu cette mobilité?
|
Nb
|
% obs.
|
Non réponse
|
7
|
6,3%
|
Mauvais
|
14
|
12,6%
|
Moyen
|
7
|
6,3%
|
Bon
|
26
|
23,4%
|
Excellent
|
57
|
51,4%
|
Total
|
111
|
100,0%
|
Non réponse
Excellent
Mauvais
Moyen
Bon
0 20 40 60 80 100
7
7
14
26
57
Le top 5 des éléments déclencheur chez
la catégorie A
ennui dans le poste (5,9%)
problème dans le service (7,8%)
promotion sous condition de mobilité (21,6%)
nécessité de partir (9,8%)
poste vacant interessant, opportunité (17,6%)
Le top 5 des éléments déclencheur chez
la catégorie B
Le top 5 des éléments déclencheur chez
la catégorie C
obligation en vue de titularisation (13,3%)
nécessité de partir (13,3%)
envie de promotion (6,7%)
ennui dans le poste (20,0%)
problème dans le service (26,7%)
Lors des entretiens préalables au questionnaire,
des agents ont fait part de ce ressenti négatif au moment de leur
décision ou de leur obligation de quitter leur ancien poste.
La galère d'un contractuel : l'entretien a
révélé une perception différente de la
mobilité (M1). Une contractuelle de catégorie C, récemment
titularisée de la fonction publique, faisait part de sa
difficulté a trouver un poste fixe. Après une longue
période de contrats successifs, cette expérience de la
mobilité était vécue comme une galère. Cette
personne souhaitait un poste fixe pour enfin être reconnue dans un
emploi. La mobilité est ici ressentie comme une certaine forme de
précarité. « Quand on est toujours en mobilité, ce
n'est pas facile, ici c'est un vrai poste », nous dit-elle. Relatant son
parcours, elle formule des aspects positifs sur son apprentissage et le
développement de nouvelles compétences. Néanmoins, a ce
jour, elle hésite a franchir le pas d'une nouvelle mobilité,
source de remise en cause.
Lors des entretiens au-dela d'un ressenti
négatif, des situations plus conflictuelles ont été
décrites par les agents ou les managers. Bien qu'ils ne constituent pas
la majorité des cas de mobilité, ni la totalité des
problèmes en lien avec le service, l'étude ne pourrait faire
l'impasse sur un vécu difficile pour ces personnes. Ces agents voient
alors la mobilité comme un deuxième déchirement :
après avoir réglé le problème relationnel, elles
doivent aussi se reconstruire une identité professionnelle dans leur
nouveau poste.
Cas d'une personne en difficulté
relationnelle(M2): une personne a du quitter son poste suite au
harcèlement d'un supérieur hiérarchique. Elle
caractérise sa mobilité comme une nécessité pour
son propre équilibre, au point de renoncer a son ancien emploi. Son
arrêt temporaire en maladie s'est révélé le seul
accélérateur de la procédure de mobilité. Elle a
vécu difficilement cette période d'attente mais reste consciente
du peu de postes disponibles au vu de sa qualification pointue. Elle occupe
actuellement un poste dans le même domaine d'activités mais
l'emploi nécessite de mobiliser de nouvelles compétences. Elle
reste amère suite a cette mobilité. Elle signale pourtant,
l'importance du collectif de travail actuel qui l'aide dans sa prise de
fonction.
Le système de recrutement sur un poste est
prévu par la DRH de manière systématique par un
enchainement de procédés : le poste est affiché, via
l'intranet, les agents peuvent postuler avec leur CV1 et leur lettre
de motivation, un jury est ensuite organisé pour examiner les
candidatures avec la direction et/ou le service recruteur. Ces jurys sont
pergus par des personnes en mobilité, voire par certains chefs de
service
1 CV : Curriculum
Vitae.
comme des passages obligés et
nécessaires. Néanmoins, les agents en mobilité,
recalés, vivent cette expérience avec amertume. Ils regrettent,
ou de ne pas avoir eu une meilleure connaissance du poste visé, ou de
passer l'entretien alors que le poste était quasiment
réservé a une personne ou de ne pas avoir pu échanger a
l'issue de l'entretien sur leur prestation et les raisons de leur refus pour le
poste. Les agents rencontrés, ayant subi plusieurs entretiens avec
échec avant leur fonction actuelle, ressentent cette expérience
comme un procédé formateur, mais déstabilisant. Ils n'ont,
par ailleurs, pas trouvé d'espace d'expression de cette
expérience, a l'exception de quelques agents suivis par un chargé
de mobilité.
Des mobilités d'opportunité plus que de
projets,
33% des personnes questionnées stipulent que
l'élément déclencheur de leur mobilité est
l'opportunité d'un poste vacant. Seulement 1 0% des personnes avaient un
projet de mobilité de plus d'un an (3%) ou de plus de 2 ans (7%). Il
convient d'ajouter a ce chiffre les 1 0 % des personnes qui notent la promotion
sous condition de mobilité comme l'élément
déclencheur. Les personnes, qualifiant leur mobilité comme une
opportunité, sont majoritairement des cadres A (80%). A l'inverse, les
personnels de la catégorie C n'identifient pas cet élément
déclencheur parmi leur raison de mobilité. Elles qualifient enfin
les points forts d'une mobilité réussie a 73% par la motivation
personnelle et a 4 0% par la connaissance de l'emploi et l'expérience
individuelle accumulée parmi les raisons de cette réussite. Par
ailleurs ces personnes représentent la part la plus importante des
agents ayant occupé plus de 4 emplois hors ou dans le Conseil
Régional.
pas prévue, une opportunité.
moins de 1 an
plus de 2 ans
moins de 6 mois
récent moins de 3 mois
plus d'1 an
Total
40
14
10
6
4
3
111
36,0%
12,6%
9,0%
5,4%
3,6%
2,7%
69,4%
5. Depuis quand aviez-vous un projet, une envie de
mobilité ?
Une opportunité après un projet ! En 2
007, une attachée territoriale souhaite évoluer vers un nouveau
poste(M3). Après une restructuration de son service, elle ne se retrouve
plus dans les missions confiées et envisage de devenir
déléguée RH. Elle réalise alors un bilan de
compétences qui la conforte dans ce parcours professionnel. Au cours de
l'année 2 008, elle reste en veille sur les postes vacants mais aucun
poste de délégué RH ne se libère et aucun autre
poste ne lui est proposé. A cette période, la cellule
mobilité n'existait pas encore. Elle regrette de ne pas avoir
été suivie par le délégué RH de sa
direction. En 2 009, elle postule au poste de consultant interne et
l'obtient.
Ces personnes peuvent se caractériser par une
capacité a identifier des compétences transversales mobilisables
dans d'autres emplois. Elles se sont renseignées sur leur nouveau poste
en contactant la direction, connaissent souvent des collègues qui
peuvent les éclairer sur le poste et l'activité réelle de
la
direction ou du service. Elles ont par ailleurs
déjà pris des risques en changeant d'emplois et ont une certaine
« habitude » de la mobilité.
Des mobilités verticales promotionnelles plus
qu'horizontales
1 0% des interviewés signale la promotion sous
condition de mobilité comme l'élément déclencheur
de leur mobilité. L'ensemble des interviewés ont, grace a leur
mobilité, augmenté leur niveau de responsabilité. Au
Conseil Régional les niveaux de responsabilité sont au nombre de
7. Plus le niveau est élevé, plus l'encadrement et les
responsabilités sont importants et la rémunération suit en
conséquence. En règle générale, un personnel de
catégorie C peut occuper un poste de responsabilité de niveau 1 a
3 ; un personnel de catégorie B les niveaux 2 a 4 et les personnels de
catégorie A les niveaux de 4 a 7. En 2 009, la majorité des
personnels ayant obtenu une mobilité sont passés d'un niveau 2 a
3 et d'un niveau 4 a 5. Parmi les personnes, ayant pris contact avec un
chargé de mobilité 14% identifient la promotion sous condition de
mobilité comme l'élément déclencheur.
Les questions liées a la promotion sont souvent
apparues, lors des entretiens avec les managers. La promotion est
gérée par la CAP1. Les règles administratives
prévoient qu'une promotion de cadre d'emploi ou de niveau de
responsabilité implique une mobilité a minima de poste au sein du
même service. Même s'il existe d'autres types de mobilité,
la promotion sous condition de mobilité rythme la mobilité
globale. De nombreux acteurs pointent les limites de cette gestion pour les
individus et l'organisation elle-même. Ils insistent sur
l'automaticité de ce système de mobilité contrainte pour
promotion. Ils voient des règles plus souples oil les conditions de
mobilité pourraient être plus fortes, pour les personnels peu
mobiles (10 ans sur le même poste) que pour les personnels
déjà mobiles.
La vision d'un directeur (D1): « il faut
s'appuyer sur les potentialités des gens a exercer une fonction et pas
seulement sur l'ancienneté. Tiens il/elle a 54 ans, c'est le temps de la
promotion. De plus il y a des effets pervers, les gens affichent qu'ils veulent
bouger juste pour avoir la promotion. En fait la moitié ne souhaite pas
réellement bouger. Aujourd'hui la mobilité n'est
gérée que par la CAP, c'est une aberration, il faudrait d'autres
règles et pas une course a la CAP. En prenant un exemple, des
ingénieurs qui ont 32 ans, vont tous vouloir devenir ingénieur en
chef donc directeur adjoint, dans quelques années on risque d'avoir un
organigramme inversé. En plus si vous avez un service dont les 2/3
bougent pour une promotion en CAP, on désorganise les choses aussi.
»
Bien que le pourcentage exprimé soit
relativement faible, la mobilité et la promotion sont intimement
liées dans la « culture » du Conseil Régional. De
nombreux entretiens avec les personnes ayant obtenu une mobilité
relèvent des liens forts entre l'emploi et le statut.
Les limites de l a mobilité dans les services a
forte identité professionnelle.
Des personnes exergant des métiers
spécifiques voient la mobilité comme une perte de
reconnaissance.
Un directeur au sujet de son domaine d'activites(D2).
« On a des metiers qui demeurent tres specifiques. Pour recruter un chef
de service, il y a une etroite implication entre la capacite de manager des
gens et le champ des competences en matière juridique. Demain, je doute
qu'un chef de service de la DAE2 puisse devenir chef de service de
la DAJC3, en tout cas pas sur l'instant. Et donc se pose la question
de la formation de quelqu'un qui veut changer de metier. C'est un challenge car
ceux qui sont ici, sont des gens qui aiment faire du droit. C'est un discours
de metier que je rencontre aussi avec les techniciens des ports ou des
transports. »
Plusieurs agents rencontres, lors des entretiens
definissent leur parcours professionnel dans un domaine d'activites. L'identite
forte de tel ou tel famille professionnelle enferme parfois les agents dans
cette specificite et ils ont alors des difficultes a imaginer que les
competences acquises dans leur domaine pourraient etre mobilisees dans un autre
emploi.
Un architecte, interviewe, se definit avec son
diplome, son niveau d'etudes et son statut au sein de la collectivite
(ingenieur chef). La formation initiale et la specificite de l'emploi au
Conseil Regional (seule la direction des lycees emploie des architectes)
construisent une forte identite professionnelle. En evoquant la mobilite, cet
architecte n'envisage pas de faire un autre metier. La seule mobilite possible
a ses yeux serait une mobilite avec le meme metier dans une autre collectivite.
La mobilite interne vers un autre metier est pergue comme une perte de
reconnaissance, un echec ou une reorientation faute de maitriser des
competences attendues.
Certaines missions sont en relation avec les usagers.
Les personnes exergant ces metiers, au cceur du service public, conseillent et
guident les interlocuteurs du Conseil Regional en s'appuyant sur leur
expertise.
Un chef de service de la DAE, nous explique (C1) :
« L'action economique est un domaine d'animation et d'expertise. Il existe
des specialites : analyse de comptes, gestion financiare, aides directes aux
entreprises. Actuellement, 2 0% de l'activite des charges de missions est de
repondre aux entreprises en difficulte, tenter de trouver des solutions avec
elles. Alors changer d'emplois quand on est reconnu dans ce conseil en action
economique, ce n['est pas facile. »
Pour les personnes impregnees fortement par leur
domaine d'activites, la mobilite prendra la forme d'une evolution
professionnelle. Elle se concentrera sur l'augmentation de la technicite ou de
prise de responsabilite dans leurs champs d'intervention.
Apres avoir identifie quelques caracteristiques des
mobilites internes, la partie suivante s'attachera a decrire la place des
acteurs dans ces mobilites.
1 CAP Commission
Administrative Paritaire
2 DAE : Direction de l'Action
Economique
3 DAJC : Direction des
Affaires juridiques et Contentieuses
Place des acteurs dans l'accempagnement
Les charges de mobilite oeu sollicitis mais leur
action est reconnue.
19% des personnes interviewes ont fait appel aux
charges de mobilite. Elles ont bien vecu leur mobilite (65% d'excellent et 2 0
% de bon vecu). 66% des personnes ayant sollicite un charge de mobilite sont
des personnels de categorie A. "routes categories d'emplois confondues, les
agents en contact avec un charge de mobilite, identifient un probleme de
service (24%) puis dans les memes proportions (14%) une promotion sous
condition de mobilite ou une obligation en vue de titularisation comme
l'element declencheur de leur mobilite. Ces personnels ont globalement apprecie
l'aide du charge de mobilite (76% d'excellent). Elles estiment aussi avoir regu
un accueil de leur manager (85% de bon et excellent accueil).
Avez vous fait appel au chargé de mobilité
?
oui
|
21
|
18,9%
|
non
|
71
|
64,0%
|
Total
|
111
|
82,9%
|
Comment trouvez-vous l'aide du chargé de
mobilité ?
Comment trouvez-vous l'aide du chargé de mobilité
?
Excellent 16
0 20 40 60 80 100
Mauvais 1 Moyen 1 Bon 3
|
Nb
|
% obs.
|
Mauvais
|
1
|
4,8%
|
Moyen
|
1
|
4,8%
|
Bon
|
3
|
14,3%
|
Excellent
|
16
|
76,2%
|
Total
|
21
|
100,0%
|
Le contact avec le charge de mobilite est aussi source
d'autres contacts pour les personnes en mobilite. Un chef de service,
interroge, a apprecie notamment, d'avoir pu suivre avec la psychologue du
travail, des tests et discussions pour son aptitude au management. Des chefs de
service ont ete sollicites par des agents qui cherchaient des informations sur
un poste, suite a leur entretien avec un charge de mobilite.
Les delegues RH, les eublies du systeme.
En preambule, nous devons constater un biais dans
l'elaboration du questionnaire. Les questions relatives aux acteurs de la
mobilite, n'interrogeaient pas la place des delegues RH. S'il est difficile de
quantifier le ressenti quanta leur role, nous pouvons constater que l'ensemble
des entretiens ne mentionnent que tres rarement les delegues RH dans les
processus de mobilite. Ils sont cites dans les processus de recrutement, qui
peuvent certes etre des mobilites internes, neanmoins ils ne sont pas cites
comme des agents accompagnateurs de la mobilite. A l'inverse, les charges de
mobilite sont identifies par les managers dans le processus.
Les managers face au depart et a l'arrivee dans le
poste.
Le depart.
Les personnes, repondant au questionnaire ont
caracterise le role du manager de leur ancien service comme « mauvais ou
moyen» a 36%. Cette proportion passe a 49%, pour les personnes ayant eu un
contact avec le charge de mobilite. Selon le sexe ou la categorie d'emplois,
ces proportions restent sensiblement identiques.
Quelle place a occupé votre manager (responsable
de secteur ou chef de service) dans votre mobilité?
Quelle place a occupé votre manager (responsable de
secteur ou chef de service) dans votre mobilité?
|
Nb
|
% obs.
|
Non réponse
|
20
|
18,0%
|
Mauvais
|
31
|
27,9%
|
Moyen
|
7
|
6,3%
|
Bon
|
28
|
25,2%
|
Excellent
|
25
|
22,5%
|
Total
|
111
|
100,0%
|
0 20 40 60 80 100
Non réponse 20
Excellent
Mauvais
Moyen 7 Bon
25
28
31
Pour les personnes ayant fait appel au charge de
mobilite.
Quelle place a occupé votre manager (responsable
de secteur ou chef de service) dans votre mobilité?
Quelle place a occupé votre manager (responsable de
secteur ou chef de service) dans votre mobilité?
0 20 40 60 80 100
Mauvais 8
Moyen 2 Bon 7 Excellent 4
|
Nb
|
% obs.
|
Mauvais
|
8
|
38,1%
|
Moyen
|
2
|
9,5%
|
Bon
|
7
|
33,3%
|
Excellent
|
4
|
19,0%
|
Total
|
21
|
100,0%
|
La posture des managers interroges est significative
face a un agent exprimant un souhait de mobilite. Meme les managers les plus
convaincus par le besoin de mobilite developpent des strategies pour garder
l'agent dans le service. En effet, les managers vont tenter de diversifier le
travail, la mission ou l'organisation du service afin de concilier le souhait
d'evolution de l'agent et les besoins du service. Une solution est toujours
cherchee a l'interne du service avant d'envisager un depart. Pour l'agent,
cette reconfiguration de poste peut etre l'occasion d'evoluer
professionnellement, de developper de nouvelles competences, sans pour autant
changer completement d'environnement de travail. Cette mobilite fonctionnelle
(evolution du poste) peut parfois etre une etape prealable a une mobilite
horizontale dans un autre service. Nombre de managers expriment l'idee «
on ne peut pas empecher quelqu'un de partir » mais tenteront souvent de
proposer d'abord a l'agent des modifications de poste. Ces comportements sont
en partie induits par une volonte d'efficacite du service, une crainte de
perdre des competences, l'incertitude d'une nouvelle validation du poste par la
DRH et l'inconnue liee au futur recrutement.
Un directeur face au depart de son assistante de
direction (D4) « Nous avons fait un bout de route ensemble, elle voulait
voir comment se passe une commission thematique, elle va partir. C'etait ecrit
que cela finirait comme cela. C'est quelque chose qui couve d'EAP en EAP, mais
rien n'est anticipe. J'ai essaye de diversifier ses activites mais ce n'est pas
suffisant. J'ai voulu faire evoluer son poste mais ca coince avec la DRH.
Maintenant, elle part et je vais attendre combien de mois avant un remplacement
? Il faudra encore justifier de l'utilite du poste, publier la vacance de
poste, recruter, faire valider par au moins 4 a 5 personnes. Meme en Union
sovietique ce n'etait pas aussi long. Bon je caricature ! Il faudrait
fluidifier, j'attends vraiment un accompagnement dans la fonction RH.
»
L'arrivee
74 % des personnes questionnees estiment que l'accueil
de leur nouveau manager a ete excellent (55%) ou bon (19%). Aucune ne considere
avoir ete mal accueillie. Cependant 14% des personnes n'ont pas ete
accompagnees formellement lors de leur prise poste, par leur collegue ou leur
manager. 65% ont eu un processus d'accompagnement a la prise de poste (14% par
leur collegue, 2 0% par le manager, 15% par les deux).
Lors de cette première année dans le poste,
l'accueil de votre nouveau manager a été?
Lors de cette première année dans le poste,
l'accueil de votre nouveau manager a été?
Total
111
77,5%
15
21
22
16
12
13,5%
18,9%
19,8%
14,4%
10,8%
0 20 40 60 80 100
24
Non réponse
5
21
Bon
61
Excellent
|
Nb
|
% obs.
|
Non réponse
|
24
|
21,6%
|
Mauvais
|
0
|
0,0%
|
Moyen
|
5
|
4,5%
|
Bon
|
21
|
18,9%
|
Excellent
|
61
|
55,0%
|
Total
|
111
|
100,0%
|
Mauvais 0 Moyen
Lors de la prise poste, avez vous été
'formellement' accompagné ?
oui par un(e) collègue
oui par le manager
oui par les deux
pas du tout
ne souhaite pas répondre
La pratique du tutorat n'est pas repandue dans les
services. Lors des entretiens, tres peu de managers le mettaient effectivement
en place. Une chef de service (), elle-meme formatrice interne, s'investit dans
l'accueil d'une personne en mobilite ou d'un nouvel arrivant dans le service.
Quotidiennement, a la prise de poste, elle fait le point avec l'agent sur les
activites realisees et sur la planification. Elle s'efforce d'être tres
presente pour ces personnes car « au debut, on a besoin de securite
». Par ailleurs, elle propose aux nouveaux arrivants dans son service un
tutorat avec un autre collegue. La personne g$re un certain nombre de dossiers
en binQme avec un autre agent. Au fil du temps la personne g$re seule la
totalite des dossiers et sollicite son collegue si le besoin s'en fait sentir.
Ce tutorat a permis pour les necessites du service, de rediger au fur et a
mesure des annees, un memento de contrile administratif.
Un agent récemment arrivé sur son
nouveau poste, apres une période d'attente de mobilité assez
longue (M1) : « Mon chef de service est un homme formidable, il m'a
présenté a toute la direction a mon arrivée. En arrivant,
j'ai demandé tout ce qui avait un rapport avec le service. J'ai fait des
recherches et on a monté ensemble les dossiers. Bien se,r, j'avais une
appréhension, est ce que je suis apte a faire ce travail ? Mais on
discute beaucoup avec mon chef de service et on traite les problèmes
tout de suite. Il ne faut pas attendre 6 mois pour dire ce qui ne va pas. C'est
en faisant des remarques que vous essayez de vous améliorer.
»
A l'inverse, la posture de l'ancien manager, dans la
mobilité peut etre parfois tendue. Le manager peut exercer une pression
sur ces collegues et sur l'agent sur le point de partir.
Une arrivée, pas facilitée par l'ancien
manager. Il peut parfois exister une concurrence entre les chefs de service
quand une personne quitte un service et en rejoint un autre. Un chef de
service(C1) nous faisait part d'un échange avec un autre chef de service
: « Mme X, tu l'auras dans 3 mois ou 6 mois quand elle aura terminé
sa mission. Sinon c'est le bazar dans le service. Et ce n'est pas
négociable ! » La personne est alors arrivée a bout de
souffle dans son nouveau poste. Le chef de service accueillant a de,
gérer cette situation et regrette l'absence d' «arrangements entre
services » lors des mobilités.
En résumé, les départs des agents
en mobilité semblent plus difficiles que leur arrivée. Le
positionnement des managers dans ce processus est central, ainsi il convient,
maintenant, de regarder plus distinctement les types de management dans cette
démarche de mobilité.
Les types de management face a l a
mobilité
La typologie suivante s'appuie, uniquement, sur les
entretiens menés aupres des chefs de service et des directeurs. Avant de
s'attarder sur ces caractéristiques de management, les entretiens ont
révélé des points communs pour l'ensemble des managers
vis-a-vis de l'EAP et de l'évaluation des compétences de leurs
collaborateurs.
Les managers n'attendent pas l'EAP pour mesurer la
performance ou pointer les compétences de leurs collaborateurs. Nombreux
sont ceux qui, l'expriment lors de réunion hebdomadaire. Certains font
un point individuel quasi quotidien (chef de service de petite taille). En
parallèle de ces temps de management au fil de l'eau, ils
apprécient de fixer un moment d'échange avec l'agent. Les
managers rencontrés pratiquent tous l'entretien annuel de progres et le
caractérisent comme un moment formel, un outil dans la palette du
manager. Ils y consacrent en moyenne une a deux heures par agent et suivent un
canevas quasi identique qui s'appuie sur le guide fourni par la DRH. Cet
entretien permet de revenir sur la performance en lien avec les objectifs de
l'année précédente, de fixer des objectifs
généraux déclinant ceux du service ou de la direction, de
négocier des formations, des évolutions de poste, des
réorganisations de service ; enfin c'est aussi l'occasion
d'échanger sur l'évolution professionnelle de l'agent. Cet
entretien dure d'ailleurs un peu plus longtemps dans le cas d'un départ
en retraite ou d'un souhait de mobilité. Les souhaits de mobilité
des agents ne s'expriment qu'en partie lors de ces entretiens, l'agent peut, en
effet, saisir une opportunité et l'annoncer ensuite a son
évaluateur. Cette réaction résulte d'un jeu d'acteur. Les
managers tendent a « garder leur agent » et des qu'ils ont
connaissance du souhait de mobilité d'un agent, ils sollicitent parfois,
un peu moins l'agent concerné qui peut se sentir alors, moins
impliqué, dans l'attente d'un nouveau poste.
L'EAP est vécu comme une relation
bilatérale et source de négociation par les managers. Certains
n'hésitent pas a dénommer l'EAP comme une transaction entre deux
individus et évaluer les compétences en vue d'un traitement
généralisé leur pose question. L'introduction du logiciel
Fcederis et son usage suscite de nombreuses interrogations. Les managers
pointent la difficulté avérée (lors de
l'expérimentation) ou a venir (quand l'évaluation des
compétences sera généralisée) de standardiser des
processus et de traiter des données personnelles. Ils pointent aussi
qu'évaluer des compétences requises pour un emploi ne permet pas
de mesurer les potentiels des individus. Dans la problématique de la
mobilité, évaluer ces potentiels serait pourtant une source
d'information pour l'agent et l'organisation. La DRH a cette volonté , a
ce stade les managers ne sont pas sensibilisés ou incités par la
DRH.
Extraits : (D3) : « L'entretien est tres
lié a la relation humaine, la relation professionnelle. On évoque
aussi l'organisation du travail et des relations au sein du service. Il y a
deux cents évaluateurs donc deux cents facons d'évaluer. Comment
assure-t-on un traitement égalitaire des données personnelles ?
» (D4) : «La démarche d'évaluation est
intéressante mais je suis tres réservé sur
l'évaluation des savoir-être. L'EAP est le fait d'une transaction
entre deux individus. Je me méfie de l'usine a gaz Fcederis
machin. On ne peut faire un traitement global d'une négociation
entre deux individus : leur histoire, leur relation. Mettre tout dans une
machine et faire des tris. Je trouve cela tres dangereux dans l'usage et en
plus le traitement est faux. Quelqu'un d'autre, dans une autre histoire aurait
réalisé l'entretien avec ma collaboratrice d'une autre maniere ;
cela ne serait pas homogene. Les attitudes, les comportements seraient
différents dans une autre situation. Ce n'est pas prendre en compte les
fondamentaux de la psychologie au travail. Avec Fcederis, c'est le pilotage par
l'outil, bientôt on va faire des recrutements sans jurys de recrutement !
Je veux un blond qui parle anglais, j'appuie sur le bouton et hop ! Il faut
vraiment parler collectivement des usages ! »
(D2) : « A la région, comme dans toutes
DRH modernes, le logiciel GPEC c'est comme le Graal, mais les bases de
données, c'est un vrai souci éthique et pour la CNIL!.
Notre travail devrait plutôt s'axer sur les emplois de demain, les
nouvelles fiches emplois et vraiment faire de la gestion prévisionnelle.
»
Chaque manager peut incarner un ou plusieurs styles de
management. L'étude a permis de dégager au moins trois styles a
prendre en compte pour la compréhension des processus de
mobilité.
Un style conservateur
Des managers, principalement au sein de directions
fonctionnelles, finances ou juridique, constatent peu de rotation d'agents dans
leur service. Ils posent l'expertise de leur domaine ou la stabilité de
regles de contrôle comme des freins a la mobilité. Eux-mêmes
sont peu mobiles et ont suivi leur carrière dans ce domaine
d'activité. Les domaines d'activité comme le droit, les
transports ou le bâtiment sont fortement imprégnés par ce
discours de métier qui forge aussi une identité professionnelle
forte. Ces directions ont une tendance a rechercher des compétences
pointues dans leur domaine d'activités. A premiere vue, ces managers
identifient peu de compétences transversales mobilisables dans d'autres
emplois. Ce style fait écho a la vision de la mobilité et a
l'identité professionnelle développée dans le chapitre
précédent.
1 CNIL : Commission Nationale
de l'Informatique et des Libertés.
Un directeur (D2) : « Moi, j'ai des experts, pour
les actes d'acquisition/cession, la région ne fait pas appel a des
notaires, elle rédige ces actes. Cela nécessite d'avoir ces
compétences a l'interne. Et d'être toujours au fait de la
législation...pour la mobilité, si un juriste est amené
ailleurs, souvent c'est pour être juriste. Sinon il y va pour faire autre
chose et c'est son souhait mais ca, je ne vais pas l'encourager. C'est vrai
pour ma direction mais c'est accentué par la verticalité de notre
organigramme. Il existe un individualisme au sein de chaque direction qui est
fort. Même si tout le monde veut faire du transversal. »
Un style volontaire m ais
désarmé
De nombreux managers éprouvent des
difficultés a évaluer les compétences. La frontière
entre l'évaluation de la performance et des compétences est
souvent floue. Ils estiment souvent qu'ils n'évaluent pas toutes les
compétences de leur collaborateur et s'attardent plus sur les
compétences en lien avec les objectifs fixés. Ils s'accordent a
penser que cette évaluation n'est qu'une photographie et laisse peu de
place a l'évaluation des potentiels. Ils regrettent, par ailleurs de ne
pas avoir une visibilité sur les taux de mobilité des directions,
sur ce que souhaite l'institution et sur leurs marges de manceuvre.
Un directeur témoigne sur sa pratique (D4):
« Moi au départ je suis plutôt un expert sur les
études, sur une thématique, au départ je ne suis pas un
manager. Alors, je me débrouille pour évaluer les potentiels,
pour recruter. Lors des EAP, j'aimerais bien conseiller les collaborateurs sur
d'autres métiers, les aider a évoluer mais je n'ai pas la
formation, je n'ai pas les outils. Comment mieux anticiper les mobilités
? J'aimerais bien savoir comment mes collègues procèdent. C'est
évident que la mobilité est un élément de
management parmi d'autres. »
Un style progressiste
Des managers, interviewés ont une vision
dynamique de la mobilité et souhaite l'intégrer comme un acte de
management. Même s'ils considèrent manquer d'outils et de soutien
RH, ils expérimentent a leur niveau des processus de mobilité.
Ils estiment que l'évolution des missions, participe aussi a
l'évolution professionnelle et peut être une étape
préalable a une mobilité fonctionnelle de plus grande envergure.
Ils ont aussi des idées sur les processus de
mobilité.
Un chef de service (C1) nous fait part d'un entretien
avec un collaborateur lors d'un EAP : « Je profite des EAP pour demander
systématiquement les perspectives de la personne a 3 ans. A cette
occasion, je détecte les personnes qui ont fait le tour de leur mission.
Je le sens quand la personne est arrivée au bout de la
thématique. Récemment, je disais a Mr X, je te sais a l'aise avec
les partenaires, tu maitrises la thématique mais je sens que tu
ronronnes. On en a parlé et on a vu ce que l'on pouvait mettre en place
ensemble. Moi je n'ai pas envie de voir partir les gens dans des conditions
épouvantables. Je lui ai d'abord proposé une évolution de
poste a l'interne et ensuite nous avons regardé les possibilités
dans la direction. »
Des managers posent la mobilité comme
incontournable, l'intègre dans leur management et souhaitent voir se
développer cette pratique dans toute l'institution afin de fluidifier
les parcours professionnels et éviter de se retrouver les seuls a
l'actionner.
Un directeur (D3), partisan de la mobilité,
voit la mobilité bornée dans le temps. Il est d'accord avec la
règle actuelle de rester au minimum deux ans dans un poste avant de
demander une mobilité. Cela évite, nous ditil le papillonnage et
permet une évaluation annuelle. Toutefois, il souhaite que les personnes
au bout de dix ans environ dans un poste soient incitées a bouger. Il ne
souhaite pas une obligation mais des processus facilités pour ces
personnes afin de développer leurs compétences, éviter les
usures ou l'ennui. Par ailleurs, il imagine que l'institution pourrait faire
témoigner les personnes ayant bougé. Elles pourraient ainsi
décrire leurs nouvelles compétences, réseaux et inciter
d'autres a les imiter. Il lui parait normal d'avoir 1/6 a 1/5 de son effectif
qui change chaque année. Il pointe l'avantage du renouveau, de se
reposer des questions et de faire évoluer le reste de l'équipe.
L'inconvénient pour lui est le temps passé a recruter vu la
lourdeur des procédures RH.
Avec cette même volonté, certains souhaitent
aller plus loin dans l'incitation a la mobilité.
Un autre directeur (D1), avec une vision
entrepreneuriale, pense que la mobilité est indispensable et voudrait
l'imposer. Ainsi il nous fait part de sa vision : « Plus on monte dans la
hiérarchie, plus on devrait bouger, un directeur général
au bout de trois ans a cinq doit permuter avec un autre ; un directeur au bout
de sept ans, un chargé de mission c'est dix ans maximum. Une certaine
léthargie s'est installée dans la maison depuis une dizaine
d'années. Ce n'est pas que les personnes ne sont pas bonnes mais
forcement si seul le capitaine reste et l'équipe change... Au bout de
dix ans les méthodes de travail ne bougent plus. Il y a des habitudes,
les gens s'installent dans un type de relations. Le changement permet de
remettre a plat les méthodes de travail. *
Il existe des expériences de mobilité
oil les services de départ et d'arrivée pour la personne, ont
discuté et programmé la mobilité. Ces négociations
sont discutées entre directeurs ou chefs de services avec la personne
concernée. Ces processus « échappent * au standard DRH. Ces
expériences sont vécues positivement par les
interlocuteurs.
Un chef de service() relate l'expérience du
dernier recrutement d'une personne en mobilité. « Apres le
recrutement, j'ai rencontré la directrice de la direction d'origine.
Nous avons convenu ensemble du délai de passation de poste.
La directrice a diminué l'activité de sa
collaboratrice pour lui permettre de venir dans mon service. Une journée
par semaine, la nouvelle est venue et a pu se faire expliquer le boulot par la
personne qui quittait son poste. Le tuilage s'est fait en douceur. En plus,
j'ai permis a cette collaboratrice de suivre nos formations collectives avant
son arrivée effective. Bien sir en accord avec sa directrice. Entre gens
de bonne intelligence ca devrait se passer simplement mais ce n'est pas
toujours comme cela ! *
Certains, n'ayant pas expérimenté de
processus particulier de mobilité, imaginent des modalités
s'appuyant sur le volontariat et la souplesse des services. D'autres
l'imaginent avec autant de souplesse mais piloté par le service
formation.
Un directeur (D1), fervent defenseur de la mobilite
imagine un accompagnement : « C'est un peu complique mais idealement, il
faudrait pouvoir faire de stages d'observation. Des gens s'imaginent d'autres
metiers comme attractif. Cela fait longtemps qu'ils exercent, ils ont envie de
faire autre chose, c'est bien, ils sont motives. L'action serait de pouvoir
travailler avec quelqu'un qui fait ce metier, une journee ou deux. On idealise
un peu dans ce cas la. Il faudrait que ce soit leger, mais on pourrait imaginer
des stages d'observation. Cela parait plus interessant que des stages
theoriques dans un organisme. Cela pourrait faire partie du plan de formation
mais cela serait une formation differente. »
En resume de cette partie sur les styles de
management, il convient de retenir que les managers pensent peu la mobilite
comme un outil de management. Ils la gerent au fil de l'eau et au mieux
favorisent dans leur direction des flux d'agents. Certains la subissent et la
voient comme une trahison de l'agent ou une perte de competences. Certains ne
sont pas opposes a lgidee mais ont des difficultes a concevoir la mobilite en
dehors de leur domaine d'activites. D'autres, adherent a une forme de mobilite
mais pointent l'absence d'outils, de conseils d'accompagnement ou de strategies
RH a ce sujet.
Neanmoins, certains, minoritaires dans les
interviewes, ont une vision positive de la mobilite, l'incitent par des
pratiques interservices et ont des propositions pour la developper. En
complement de l'accompagnement des managers dans la mobilite, la formation des
agents peut aider dans le passage d'un emploi a un autre. La partie suivante
revient sur les pratiques et la vision de la formation interne.
Les actions de formation associées
D'une maniere generale, l'investissement formation se
heurte, dans la fonction publique au systeme de qualification. Dans le cas de
mobilite promotionnelle avec changement de cadre d'emploi, ou fonctionnelle
avec changement de metier, la formation delivree n'exemptera pas l'obtention
d'une qualification (concours, diplomes, etc.). Cependant les actions de
formation, de tutorat, de coaching sont des reponses, actuellement peu
repandues mais qui facilitent la mobilite. Le plan de formation souffre de
souplesse au dire des acteurs. Par ailleurs, il reste peu pense pour la
mobilite et les parcours professionnels.
Les formations pré al ables
Avez-vous suivi une/des actions de formation AVANT
votre mobilité (en lien avec votre nouvel emploi) ?
pas prévue
|
73
|
65,8%
|
prévue non réalisée
|
4
|
3,6%
|
prévue et réalisée
|
9
|
8,1%
|
Total
|
111
|
77,5%
|
63% des personnes interrogees n'ont pas suivi et
n'avaient pas prevu de formation en lien avec leur nouvel emploi. D'ailleurs,
la totalite des personnes ayant identifie l'opportunite comme l'element
declencheur de leur mobilite n'ont pas suivi de formation
prealable.
La formation d'une assistante de direction en souhait
de mobilité vu par son directeur (D1). « Mon assistante veut
changer d'emploi, j'inscris, dans son entretien, ses souhaits de formation au
management. Mais on lui répond (service formation) qu'elle ne peut pas
prétendre a ces formations car elles ne sont pas ciblées pour les
assistantes de direction. Le système corrélatif a l'envie de
bouger est hermétiquement clos par la fagon de gérer le plan de
formation. Ce n'est pas la peine de demander aux gens s'ils ont envie de bouger
et répondre que l'on ne peut pas les aider par la formation. C'est
aberrant, c'est maintenant qu'il faudrait la former. Elle a envie de bouger, si
on l'accompagne, elle va bouger plus vite, si elle se prépare, elle sera
d'autant plus performante pour passer les entretiens de recrutement. Si la
formation est juste là pour constater des carences, c'est de la
formation rattrapage pas de la formation au progrès. »
Dans les 3 mois qui ont suivi votre prise de poste
avez-vous une/des actions de formation ?
non pas prévue
|
26
|
51,0%
|
prévue non réalisée
|
8
|
15,7%
|
prévue et réalisée
|
13
|
25,5%
|
oui sans prévision
|
4
|
7,8%
|
Total
|
51
|
100,0%
|
Dans les 3 mois qui ont suivi votre prise de poste
avez-vous suivi une/des actions de formation ?
non pas prévue
|
7
|
46,7%
|
prévue non réalisée
|
1
|
6,7%
|
prévue et réalisée
|
6
|
40,0%
|
oui sans prévision
|
1
|
6,7%
|
Total
|
15
|
100,0%
|
L'aide au moment du recrutement est
apprécié par des personnes ayant obtenu une mobilité.
Elles signalent, qu'avec l'aide du chargé de formation, elles ont pu
avoir accès a du coaching ou des contacts avec le psychologue du travail
(pour les managers) ou une formation spécifique. Selon ces personnes,
les formations ont permis une prise de confiance pour leur
recrutement.
Une secrétaire (M1) raconte son recrutement :
« J'avais demandé ma mobilité et la chargée de
formation m'a proposé de suivre un module de bureautique. J'ai suivi les
formations pendant plusieurs semaines et quand au moment du recrutement j'ai
passé les tests de secrétariat sur l'ordinateur, je me sentais
plus a l'aise. En plus c'était tout frais dans ma mémoire.
»
Les formations a la prise de poste
Dans les trois mois qui ont suivi leur prise de poste,
48 % des interrogés n'ont pas eu de formation (38 % pas prévue, 1
0% pas réalisée). Selon la catégorie d'emplois, il est a
noter que 66% de la catégorie A ne suit pas de formation a la prise de
poste et 52 % de la catégorie C.
Dans les 3 mois qui ont suivi votre prise de poste
avez-vous suivi une/des actions de formation ?
non pas prévue
|
42
|
37,8%
|
prévue non réalisée
|
11
|
9,9%
|
prévue et réalisée
|
26
|
23,4%
|
oui sans prévision
|
8
|
7,2%
|
Total
|
111
|
78,4%
|
Catégorie A : Catégorie C :
Le corollaire de la mobilité est de repenser
des modalités de formation. Si dans un service, une partie du personnel
est régulièrement mobile, il convient de systématiser un
accompagnement dans la prise en main d'outils spécifiques, logiciel par
exemple.
Un directeur (D1) nous fait part d'une proposition a
ce sujet : « Si dans un service, il y a 2 0% de turnover, 2 0% des gens ne
savent pas se servir du logiciel quand ils arrivent. Tous les ans, il faudrait
former a Astre® (logiciel) et la DSI (direction service informatique) doit
être formatée pour organiser la formation, le suivi. Plus on
utilise un outil, plus on a besoin d'être coaché. Il faut plus de
coaching que de formation. Faire des stages a 1 0 dans une salle, cela ne sert
pas a grand-chose. Il faut du coaching individualisé. Donc il faut une
armée de cadre C a la DSI qui savent utiliser parfaitement le logiciel
et peuvent accompagner les utilisateurs. ca oblige a penser un SAV permanent
quand on souhaite impulser de la mobilité. »
La formation des managers
Les managers rencontrés n'ont pas ou pas
récemment suivi de formation au management. Ils considèrent
souvent les formations proposées comme trop théoriques, en
décalage avec leurs préoccupations. Ils attendent plus un
échange de pratiques qu'une formation standard.
E. Elements de conclusion
Un eclairage sur les p arcours professionnels
L'étude de l'ANACT1 : « la
mobilité et les parcours professionnels » de Sylvie CARTOUX et
Florence LOISIL, revient sur les parcours professionnels dans la fonction
publique. Elles nous apportent quelques éléments qui
complètent, notre étude sur les typologies des mobilités.
Ainsi elles précisent qu'il existe trois types d'orientations
particulièrement structurants :
Le spécialiste, qui choisit de s'orienter dans un
domaine d'activité particulier, Le manager, qui pense son parcours
autour des responsabilités d'encadrement
Le généraliste, qui souhaite avant tout
changer régulièrement de domaine d'activités.
Certains parcours se définissent bien par une
seule de ces trois figures, d'autres impliquent le passage de l'un a l'autre,
marquant des changements plus ou moins radicaux d'orientation. Les auteures
résument dans le schéma ci-dessous, ces parcours et nous
suggèrent : « l'anticipation peut se révéler
déterminante, même si tout n'est pas maitrisable. Les parcours
professionnels gagneraient en fluidité et en intérêt dans
la durée, si les salariés pouvaient bénéficier
d'une meilleure visibilité et
1 ANACT : Agence Nationale
pour l'Amélioration des Conditions de Travail.
d'un suivi d e carriere personnalise et regulier. * . La
pertinence des aires de mobilite est renforcee par ce constat. Le
schema1 ci apres nous fixe les grandes tendances de parcours
types.
Le specialiste manager.
Le specialiste par excellence
anager aliste
Saisir une opportunité
L'etude conforte l'hypothese que l'opportunite est le
moteur principal des parcours professionnels. Ces opportunites representent des
aleas exploites au mieux par l'agent. Ces opportunites sont limitees par un
ensemble de facteurs : la gestion RH du recrutement, de la formation, des
promotions et des conditions de mobilite. En effet, le recrutement peut opter
pour des can didats a l'interne ou a l'externe. Les actions de formation aidant
le passage d'un emploi a un autre peuvent etre ciblees pour quelques emplois et
parcours-types. Les mecanismes de promotion sous condition de mobilite
induisent des mouvements et des reorganisations dans les services.
Les opportunites de changement prennent le pas sur les
projets mOrement reflechis. Ainsi, il est envisageable de tracer des tendances
de parcours, sans oublier que les agents ne peuvent pas etre enfermes dans un
projet lineai re. Il semble donc preferable de penser des programmes de
formation et d'accompagnement de la mobilite et laisser chaque agent, piocher
dans ces possibles.
Se préparer a bouger
Actuellement, lors de l'EAP, la mobilite n'est pas
abordee sereinement par les agents et les managers. Bien que le mouvement soit
enclenche, les managers gagneront a instaurer un climat de
1
D'apre's le schema tire de l'etude de l'ANACT : « la
mobilite et les parcours professionnels * de Sylvie CAR LOISIL, page
42.
confiance afin de permettre aux salaries d'exprimer
leur souhait de mobilite ou d'evolution de leur mission. En effet, l'adaptation
au poste, la reconfiguration ou l'elargissement de mission sont des elements
qui augmentent les competences individuelles et collectives. En valorisant ces
competences transversales et les passerelles entre emplois, les agents et les
managers pourront envisager des mobilites contractualisees, profitables pour
l'institution et les salaries.
Toutefois, la mobilite est une prise de risque pour
l'agent principalement mais aussi pour le manager en partie. En effet celui-ci
devra gerer un nouveau recrutement suite au depart de l'agent en mobilite.
L'accompagnement des managers est developpe plus loin dans cette conclusion
intermediaire. L'accompagnement de l'agent par les charges de mobilite ou par
le soutien de l'institution reste donc crucial, aux differentes etapes de la
mobilite :
Informer des opportunites : les vacances de poste sont
publiees, un complement d'information aupres des directions participe au choix
de mobilite.
Etre accompagne lors des jurys de recrutement : des
contacts, des formations ou des echanges avec le charge de mobilite facilitent
la phase de recrutement.
Rendre plus lisible les emplois, les metiers : les aires
de mobilite et les decouvertes des metiers seront des outils a
developper.
L'absence de formation prealable a la mobilite marque
le manque d'anticipation des agents et de la DRH. Le peu de lisibilite sur les
possibles, la meconnaissance des emplois, des specificites de certains domaines
d'activite ne facilitent pas la culture de la mobilite.
Accueillir et former a l a prise de poste
L'accueil est bien vecu et reste une source de
reussite dans la prise de poste. Quand un tutorat est propose, les agents le
pergoivent comme un developpement de competences et source d'integration. La
pertinence des formations se devoile a cette etape du processus de mobilite.
Au-dela de cet aspect positif, les relations entre services et directions
restent a fluidifier lors des departs et arrivees d'agents. Des pistes liees au
contrat de mobilite entre services pourraient ameliorer aussi cette
fluidite.
Accompagner les accompagn ateurs !
L'etude fait ressortir pour les managers, le peu de
formations, de discussions autour des notions et des pratiques d'evaluation, de
reperage de potentiels et de developpement de la mobilite. L'institution
devrait poursuivre la professionnalisation des managers en adaptant ces
propositions aux demandes des managers. Les managers, questionnes, malgre leurs
critiques sont volontaires et souhaitent echanger sur leurs pratiques de
management. Il existe plusieurs styles de management. Au sein du Conseil
Regional, les managers ont suivis des parcours-types differents.
L'accompagnement prenant en compte ces differentes caracteristiques facilitera
l'implication des managers
Offrir une vision p artagée de l a
stratégie des mobilités internes.
La DRH est invitée a clarifier sa
stratégie, a l'aide d'un management participatif, a associer les
managers a la définition des priorités du recrutement interne et
des métiers en tension. Il peut exister plusieurs types de parcours
professionnels, ceux qui privilégient le domaine d'activité,
l'expertise, le management, etc. Un échange autour de ces
réalités, ainsi qu'autour des processus de mobilité et
leur développement affinera la stratégie et garantira une
implication plus large des managers et des agents.
Il n'existe pas, actuellement, de lisibilité
sur les parcours et les possibles entre les emplois. L'élaboration des
aires de mobilité apportera un élément de
visibilité. La demande des managers sur les métiers en tension et
la veille sur les réorganisations est récurrente, le
développement de la partie « prévision * de la cellule GPEC
permettrait d'offrir cette lisibilité aux équipes de
directions.
Le schéma ci-dessous résume les
éléments du processus de mobilité 1
Les pratiques de management : suivi de
salariés, valoriser
les compétences,
potentiels, relation
interservices, relation avec RH ...
Détail du projet
Accompagnement
Les outils RH : aires de
mobilité, référentiels, formations,
entretiens, parcours professionnels ...
Evaluation
Repérage du salarié
Processus de mobilité
Organisation du
travail : facteurs de souplesse, tutorat,
accessibilité/sélectivité des postes, ragles de
mobilité...
1
D'apres le schéma tiré de l'étude de
l'ANACT : « la mobilité et les parcours professionnels * de Sylvie
CARTOUX et Florence LOISIL, page 5 0.
La dernière partie de ce mémoire
développera les préconisations faites a la DRH du Conseil
Régional afin de prendre en compte les différents aspects de
cette étude, les recommandations issues de la mission « aires de
mobilité » et le contexte actuel de la DRH et de ses
services.
5e p artie Les preconisations.
La demarche du groupe « aires de mobilite
>> a permis d'identifier des conditions de reussite pour les processus de
mobilite. Une de ces conditions est le portage strategique de la DRH sur ce
theme, la definition des enjeux collectifs et l'association des differents
acteurs. Au depart, centre sur la construction des aires de mobilite, les
pratiquants au groupe projet, ont elargi la reflexion et la demarche proposee a
incitee a prendre en compte d'autres elements que la comparaison entre emplois.
La conduite de projet a aussi impulse un echange sur les representations au
sein de la DRH de la mobilite interne, a contribue a degager une culture
commune sur cette thematique. De plus, le contexte politique a mis la mobilite
interne et la gestion des competences au centre des prochaines preoccupations.
Le recueil de donnees des entretiens et questionnaires ainsi que l'analyse des
processus de mobilite et d'accompagnement par differents acteurs conforte des
orientations prises par la DRH et identifie les marges de progres a
realiser.
Le parti pris de ces preconisations est de rester au
niveau des principes sans entrer vraiment dans le detail des actions a
realiser. Ce choix s'appuie sur deux aspects :
· Le contexte decisionnel du CRNPDC est fortement
impregne par une serie de validations avant une reel mis en ceuvre.
· Les principes de cogestion, avec les acteurs
(DRH, managers et agents) sont a garantir dans la mise ceuvre de ces
preconisations.
A partir d'une proposition sur la strategie, les
preconisations sur differents elements des processus de mobilite sont
developpees.
1 Vers une strategie « mobilite » pour l a
DRH
Au sein du Conseil Regional, il existe un
SDRH1. Il est la traduction operationnelle des orientations
politiques et des options retenues par la Direction generale des services. Ce
SDRH a ete etabli lors du precedent mandat electif des conseillers regionaux.
En 2 01 0, suite aux elections, de nouvelles orientations le feront evoluer. Il
parait opportun, dans le cadre de cette revision du schema, d'integrer de
maniere plus significative, la mobilite interne. Le SRDH actuel prevoit
dejà trois axes de progres : la gestion des emplois et des competences,
le management et enfin la qualite des prestations ressources humaines. La
preoccupation actuelle de favoriser la mobilite est un sujet transversal aux
trois axes definis. Il conviendrait de ne pas traiter la mobilite comme un
sujet a part mais de l'integrer a toutes les reflexions, demarches, et
propositions. Comme precedemment evoque l'enjeu de la mobilite est important
pour le Conseil Regional. La mobilite interne est une variable d'action de la
gestion des ressources humaines car elle contribue a fideliser ses agents et a
reguler la
1 SDRH : Schema Directeur des
Ressources Humaines.
pyramide des ages de la population selon les emplois.
Dans sa dimension « carriere », c'est aussi un outil de gestion des
motivations.
En s'appuyant sur le schema de la page precedente
decrivant les processus de mobilite, la DRH pourrait poursuivre sa reflexion
avec les acteurs autour de trois themes : les outils RH, les pratiques de
management et l'organisation du travail. Grace a une approche systemique, un
management participatif et une gestion en mode projet, la DRH poursuivra son
chemin vers la modernisation de la fonction publique. En effet, la
FPT1 est moins marquee que la FPE2 par le management
directif, neanmoins le passage vers un management plus participatif reste un
enjeu pour le Conseil Regional. Cette ambition offrira une meilleure expression
des agents et garantira une relation « gagnant-gagnant » entre agents
et Institution. En s'appropriant cette demarche au sein mesme de la DRH, dans
la conduite de projet, dans l'association des differents acteurs(agents,
managers, syndicats), la DRH diffusera et s'enrichira de cette
pratique.
Est en question, en arriere plan de cette conception
modelisee de la mobilite, la construction d'une representation globale partagee
avec tous les acteurs. En s'inscrivant dans la duree et en articulant les
dimensions formation et accompagnement, la mobilite interne sera au service de
la construction de parcours professionnels, singuliers mais en accord avec
l'interest de la collectivite. La gestion previsionnelle et l'anticipation
permettront d'ailleurs de sortir d'une gestion au fil de l'eau et de garantir
une gestion durable de l'employabilite et des competences.
Certaines propositions sur les themes du processus de
mobilite se veulent novatrices tout en tenant compte du contexte et des
contraintes de l'institution. D'autres confortent des positions dejà
prises dans le cadre du SDRH ou du plan de formation.
2 Les outils RH pour une meilleure lisibilite des emplois
et des p arcours professionnels.
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