7.3.3. Analyse des facteurs qui influencent l'allocation de
la main-d'oeuvre salariée
En réalité les ménages jeunes en
début du cycle ont plus besoin de main-d'oeuvre salariée que les
ménages au milieu du cycle, qui à leur tour en ont plus besoin
que les ménages en fin de cycle. On l'attribue au fait qu'en
début du cycle, les ménages disposent de peu d'actifs pour
emblaver une grande superficie en absence de contrainte de terres. En effet,
Tchayanov (1990) stipule qu'au début de leur cycle de vie, les
ménages s'alourdissent de plus en plus de membres incapables de
travailler (inactifs), entraînant une croissance rapide de la proportion
des consommateurs par rapport au nombre d'actifs.
Cependant le tableau n°29 montre que tous les
ménages âgés utilisent la main-d'oeuvre salariée
tandis que 86% des ménages jeunes l'utilisent contre 83,87% des
ménages au milieu du cycle. Cela se justifie par le fait que les
ménages âgés en fin de cycle ont un grand nombre de bouches
à nourrir. 77,77% des ménages âgés sont des gros
producteurs. L'accumulation de
richesse couplée avec ce désir de nourrir plusieurs
bouches, les obligent à recruter plus de main-d'oeuvre que les
ménages jeunes.
Tableau n°29 : Répartition
des populations utilisant la main-d'oeuvre salariée en fonction du cycle
de vie des ménages
Type de main 20 - 44 ans 45 - 64 ans > 64
ans
d'oeuvre Effectif % Effectif % Effectif %
Total
Salariée 43 86% 26 83,87% 9 100% 78
Source : Nos enquêtes de terrain
juillet - septembre 2005
Le sexe du chef de ménage influence négativement
le recours à la main-d'oeuvre salariée. Les hommes utilisent plus
de main-d'oeuvre salariée que les femmes. Ces résultats sont
contraires à ceux à quoi on s'attend. Mais ils se justifient par
le fait que les femmes sont de petits producteurs car ne disposant pas d'assez
de terres à emblaver. La main-d'oeuvre familiale disponible suffit
largement pour assurer les travaux champêtres. Toutefois, elles ont
recours aux ouvriers salariés pour des opérations
spécifiques telles que le traitement phytosanitaire.
En milieu rural, le niveau d'instruction des producteurs est
également à prendre en compte dans la levée des
contraintes liées à la main-d'oeuvre. Plus le paysan est
lettré, plus il rationalise l'utilisation de la main-d'oeuvre. Des
paysans nous ont fait savoir que tant qu'ils ont l'argent, ils recruteront
autant d'ouvriers pour les travaux.
Selon Biaou (1990) et Houngbo (1996), l'un des facteurs qui
déterminent l'utilisation de la main-d'oeuvre salariée est la
disponibilité financière. A Dridji le pouvoir financier (revenu
annuel) du ménage exprime le degré d'utilisation de la
main-d'oeuvre salariée. C'est ainsi que les gros producteurs seront les
plus disposés à recruter les ouvriers (cf. 6.1.3.).
A ces facteurs socio-économiques, s'ajoutent la
superficie à emblaver et le lieu de résidence du ménage.
Plus la superficie à emblaver est grande, plus la quantité de
maind'oeuvre salariée utilisée est élevée. Ceci est
le fait du niveau très faible d'actifs agricoles dans les ménages
en général. Les populations de Tèzounkpa
utilisent plus d'ouvriers que ceux d'Asségon qui en utilisent plus que
ceux de Kindogon. Le tableau n° 30 montre qu'il y a plus de gros
producteurs à Tèzounkpa qu'il y en a à Asségon et
Kindogon. Aussi, Les relations qui
lient les ouvriers aux paysans influencent positivement leur
utilisation. Nous avions vu que plus de la moitié des ouvriers
salariés arrivent de la commune d'origine des habitants de
Tèzounkpa. Viennent ensuite celle des habitants de Asségon et
enfin de Kindogon. Les paysans privilégient donc les relations de
fraternité dans la mobilisation de la main-d'oeuvre familiale.
Tableau n°30 : Répartition
des catégories de producteurs suivant les hameaux.
Catégories de producteur
|
Petit producteur Effectif %
|
Moyen producteur Effectif %
|
Gros producteur Effectif %
|
Total
|
Tèzounkpa
|
9
|
10%
|
13
|
14,44%
|
8
|
8,90%
|
30
|
Asségon
|
21
|
23,33%
|
16
|
17,78%
|
5
|
5,56%
|
42
|
Kindogon
|
13
|
14,44%
|
4
|
4,44%
|
1
|
1,11%
|
18
|
Total
|
43
|
47,77%
|
33
|
36,66%
|
14
|
15,57%
|
90
|
Source : Nos enquêtes de terrain
juillet - septembre 2005
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