4.1.3. Végétation et faune
La végétation originelle qui caractérise
Dridji est une savane arborée, exubérante par endroit et
clairsemée. Les essences prédominantes sont Parkia biglobosa
(axwatin), Prosopsis africana (kakètin), Bligia
sapinda (lissètin), Daniella oliveri (zatin),
Vitellaria paradoxa (wougo), Vitex doniania (fontin),
Pterocarpus erinaceus (kozo), Afzelia africana (kpakpatin) et
Ficus capensis (votin). Cependant, des espèces sont en voie de
disparition en raison de leurs surexploitations à des fins
économiques, bois d'oeuvre et surtout la carbonisation et/ou la collecte
de bois de chauffe pour la vente. Seules certaines essences (plantes
médicinales) à utilité limitée ou
d'intérêt pour les villageois subsistent à ce
désastre. Il s'agit par exemple de Adansonia digitata
(zouzountin) et de Maytenius sénégalensis (djado).
Hormis cette végétation naturelle, on y retrouve des plantations
d'Anacardium occidentalis (cajoutin), de Eleais guinensis
(détin), de Azadiracta indica (kininitin), de
Tectona grandis (tèkitin).
Cette végétation présente encore plus
d'intérêt pour les populations dans la mesure où elles y
pratiquent la chasse. La faune sauvage est constituée de rongeurs tels
que Tryonomys swinderianus (ho), Tarcrillus gracilis
(adouin), Avicanthis niloticus (gbédja), Cricetomys
gambianus (atchou), Xerus erythropus (agbé). On y trouve
également le Lepus crawshayi (azui), le singe (zin), quelques
reptiles tels que la vipère (djakpata), le varan (vè) et le
python (dangbé); et notamment des oiseaux représentés par
le francolin (asso), le hibou (woutoutou), la tourterelle
(wélé).
La présence d'entomofaune et de pédofaune y est
très remarquée. Notons également qu'en dehors de la faune
sauvage, on retrouve la faune domestique à travers l'élevage
traditionnel de bovins, de caprins, d'ovins, de porcins et de volailles.
4.2. Cadre humain
4.2.1. Historique
L'histoire du village se réfère à celle
de la création du hameau Dridji centre. Toutefois, chaque hameau a son
histoire qui lui est propre. Nous présenterons ici l'historique des
trois hameaux étudiés car elle nous permettra d'identifier les
villages d'origine des habitants. Ces villages d'origine jouent un rôle
très important dans le recrutement des ouvriers salariés.
+ Asségon
Sous le règne du roi Glèlè vers 1870
vivait un homme reconnu voleur par la communauté. Tellement
réputé, sa tête fut mise à prix et il décida
de quitter Zoungbo dans l'actuelle commune de Bohicon pour se réfugier
dans une zone loin des regards inquisiteurs. Cette décision fut
considérée par ses compagnons de vol comme une trahison. Ils
étaient alors prêts pour le livrer où qu'il soit. Faisant
fi de leurs propos, il quitta un matin accompagné de sa mère. Il
s'installa à un endroit désert et prit le nom de Assé qui
veut dire chat.
Une fois à cet endroit Assé fait la remarque que
les terres sont fertiles. Il fait venir après la première
récolte deux de ses meilleurs amis, l'un de Avogbanan et l'autre de
Gnidjazoun (commune de Bohicon). Assé, Baloulo et Houéha avaient
chacun sa cour. Cependant, c'était sans compter avec la
détermination des anciens compagnons de Assé. Ne pouvant pas le
livrer, ils pillaient plutôt ses champs. Les trois amis
consultèrent alors le fâ3 sur la conduite à
tenir. L'oracle révéla qu'au lieu de vivre
séparément chacun dans sa cour, ils doivent plutôt rester
dans la même concession. Baloulo et Houéha regagnèrent la
cour de Assé. Cet endroit prit le nom de Asségon qui veut dire
chez Assé.
Assé mourut 5 ans plus tard. N'ayant pas de
descendants, aujourd'hui seuls les descendants de Baloulo et de Houéha
résident à Asségon. Le chef hameau actuel est le petit
fils de Baloulo.
+ Kindogon
Au moment des guerres tribales vers 1890, le roi
Béhanzin allait faire ses rites d'avant les assauts à un
emplacement situé dans l'actuel hameau de Kindogon. A cet endroit se
trouve un serpent fétiche. Le serpent était gardé par un
membre de la suite du roi, le nommé Kadjakoudjo originaire de
Fonkpamè (commune de Djidja). Chaque fois que le roi devrait aller sur
un champ de bataille, il se rendait chez le serpent et prononçait comme
dernières formules incantatoires la phrase ci-après: ?n'gni
don houn ka kpodo go kpo bi ni sè hlo? qui veut dire « si je
vais là bas que tout ce qui bouge et tout ce qui ne bouge pas me suivent
sans riposter ». De cette phrase est issu le premier nom Kassèhlo
donné à cette vaste étendue de terres.
Vers les années 60, une partie de Kassèhlo
devint Kindogon. En effet, un des descendants de Kadjakoudjo du nom de Kindo
était un redoutable soldat de l'armée coloniale. Sa bravoure
l'emmena en Europe pour participer à la guerre d'Algérie en 1955
au côté des Français. A son retour il devient le seul qui
savait lire et écrire dans le village. Seul lettré du milieu les
gens devraient se rendre chez Kindo (Kindogon) pour la confection de certains
documents sous l'administration coloniale. Le hameau lui doit alors son nom. Le
chef hameau actuel est le frère de Kindo.
+ Tèzounkpa
Il y a 200 ans, le hameau de Tèzounkpa a
été crée par un chasseur du nom de Dègan venu de
Tindji4 (commune de Za-kpota). En effet, lors de ses chasses aux
gibiers il a découvert un endroit qui apparaît comme une niche de
biche. Toutes les fois qu'il se rendait à la chasse à ce lieu, il
ne ramenait que de la biche. C'est ainsi que pour désigner l'endroit il
parlait de « Tèzoun » qui veut dire la brousse de la biche.
Aussi, fait-il la remarque que les grains qu'il amenait pour se nourrir
germaient une fois tombés. Il décida quelques années
plus
3 Oracle que les anciens consultent pour
prédire le sort.
4 En réalité le nom tindji a disparu de
l'administration depuis 1978, et est devenu Adawémè. Cependant
nous l'avons gardé pour être en conformité avec les
populations.
tard de s'installer proche (Tèzounkpa) de cette zone pour
cultiver la terre. Le chef hameau actuel est le petit fils du père
fondateur.
|