Les moteurs de la croissance de l'économie burkinabe et sa vulnerabilité aux chocs extérieurs( Télécharger le fichier original )par K. Issaka YAMEOGO Ecole National d'Administration et de Magistrature (ENAM) - Conseiller des affaires économiques 2009 |
Paragraphe 2 : Le poids des subventions des pays développés sur le commerce extérieurLe commerce extérieur du Burkina Faso fait face à de nombreuses contraintes notamment, les subventions des pays développés à leurs producteurs. Les subventions cotonnières ont le plus retenu notre attention compte tenu du fait que cette spéculation constitue le principal produit exporté par le pays (plus de 60% des recettes d'exportations). Selon le Fonds Monétaire International (FMI), les pays industrialisés ont dépensé plus de 300 milliards de dollars US en 2001 en subventions agricoles, soit six fois le montant total des aides publiques aux pays en développement. Ces subventions ont des effets négatifs sur la croissance en général et peuvent être vues sous plusieurs aspects : la fluctuation à la baisse du prix du coton, la réduction de la production cotonnière, la baisse des exportations nationales et des effets négatifs sur bien d'autres secteurs tels que la santé, l'éducation, etc. Les subventions du coton aux Etats-Unis et en Europe affectent le cours mondial et de façons indirectes le prix au producteur au Burkina Faso. Les différentes formes de soutien ont favorisé la surproduction qui à son tour a provoqué une baisse du prix au niveau mondial. Le prix au producteur du coton a connu une baisse de 30,9% passant de 210 FCFA le Kg en 2004 à 145 FCFA le Kg en 2007. La baisse de la production cotonnière est aussi une conséquence des subventions. Cette situation s'explique par l'abandon de la culture du coton. Face à la mévente, les producteurs produiront peu, car ils ne perçoivent plus cette spéculation comme une source potentielle de revenu susceptible de subvenir à leurs besoins. De ce fait, le taux de croissance de la production sera réduit. Les exportations nationales vont également baisser suite à la chute du prix et de la baisse de la production. Les pertes estimées pour les exportations de coton sont de l'ordre de 53,3 milliards de FCFA pour la campagne 2006-2007 et de 52,7 milliards pour la campagne 2007-2008 (IAP octobre 2008). Cette situation affecte négativement la capacité du pays à se procurer des devises pour faire face aux importations et au service de la dette extérieure. Les subventions ont également des effets indirects sur d'autres secteurs tels que la santé et l'éducation. Sally BADEN26(*) a montré que les dépenses en santé au Burkina Faso comptent pour 28% des dépenses familiales pour les ménages de producteurs de coton, et l'éducation pour 8%. Cependant, entre 2005 et 2007, le revenu net des producteurs de coton connaissait une chute, passant de 154 583 FCFA à 143 123 FCFA (IAP-Mars 2008). Ainsi, la baisse des revenus des producteurs de coton influe indirectement sur les dépenses de santé et d'éducation. Ces deux secteurs sont pourtant primordiaux pour la croissance et partant du développement. Au total, les subventions des pays développés touchent plusieurs secteurs par effet d'entraînement. La croissance économique se trouve par conséquent affectée au Burkina Faso où la plupart des exportations sont constituées de produits primaires comme le coton. * 26 Chercheur et conseillère sur le coton à OXFAM-International, http:// www.oxfam.org/fr/ |
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