Les moteurs de la croissance de l'économie burkinabe et sa vulnerabilité aux chocs extérieurs( Télécharger le fichier original )par K. Issaka YAMEOGO Ecole National d'Administration et de Magistrature (ENAM) - Conseiller des affaires économiques 2009 |
Paragraphe 3 : La dépendance vis-à-vis des financements extérieursLa dépendance aux financements extérieurs contribuerait à affaiblir les capacités des pays bénéficiaires. En effet, on constate qu'une grande partie de l'assistance technique est liée. Une bonne partie des ressources financières liées à cette assistance technique a un impact moindre à long terme sur la croissance et le développement des économies bénéficiaires. L'Aide Publique au Développement (APD) crée un certain nombre de contraintes aux pays bénéficiaires. Les problèmes sont à signaler à cinq (5) niveaux27(*) : Ø le manque de coordination entre donateurs et les différences dans leurs modes d'interventions respectives ; Ø l'inadéquation, voire le manque de prévisibilité des ressources financières d'aide ; Ø les formalités et conditionnalités excessives qui aggravent les problèmes de prévisibilité ; Ø le manque de continuité (`'Stop and go'') dans les financements qui rend difficile la mise en oeuvre des reformes ; Ø l'insuffisance dans l'appropriation des reformes par l'Etat qui oblige à considérer et à prioriser seulement celles qui satisfont au mieux les différents Partenaires Techniques et Financiers (PTF). Notons cependant, que le système d'appui budgétaire qui est entré en vigueur depuis les années 2000 permet de juguler certaines de ces insuffisances. L'évolution de la situation de la dette publique du Burkina Faso peut être qualifiée de soutenable surtout après l'éligibilité du pays à l'initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) en septembre 1997 et à la réalisation du point d'achèvement en avril 2002. Cette situation a provoqué une réduction de l'encours totale de la dette entre 2000 et 2008 en passant de 985,5 milliards à 832,3 milliards de FCFA. L'encours de la dette en pourcentage du PIB est passé de 57,3% en 2000 à 23,4% en 2008. La réduction de la dette dans le cadre de l'initiative PPTE a été compensée en partie par de nouveau emprunts contractés, principalement auprès des bailleurs de fonds multilatéraux (AID, FMI, BOAD, BADEA) et des bailleurs de fonds hors club de Paris (fonds koweïtien, saoudien et taïwanais)28(*). Le service de la dette a représenté sur la période d'étude, environ 13,3% des recettes hors dons. Graphique n°11 : Evolution de la dette publique du Burkina Faso (2000-2008) Source : Construit par l'auteur à partir des données du tableau 19 en annexe 1 Le fardeau de la dette très lourd, engendre un niveau d'incertitude très élevé, surtout dans un contexte où les décisions des bailleurs de fonds quant aux financements sont prises à court terme. Le climat d'incertitude que crée cette situation peut éloigner les investisseurs. Les effets conjugués de la dette et de l'aide créent une grande dépendance du Burkina Faso. Ils altèrent la capacité du pays à élaborer des politiques de développement au profit des populations sans tenir compte des avis, souvent de la volonté des bailleurs de fonds. Des volontés qui peuvent parfois aller à l'encontre de la satisfaction des besoins urgents des populations bénéficiaires. A titre d'exemple, on peut énumérer l'interdiction de subventionner l'agriculture et le démantèlement sous pression extérieur des structures de stabilisation et de garanti des prix aux producteurs. Dans le même temps, les pays riches subventionnent leurs productions et déstabilisent le marché. Le cas du coton est édifiant à cet effet. * 27 Etude sur le financement du développement, CAPES, 2007. * 28 Rapport sur l'économie 2002 : Commerce extérieur, croissance économique et lutte contre la pauvreté-(MEF) |
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